Archive for juillet, 2012

Oomph! – Des Wahnsinns Fette beute

Oomph! ce trio précurseur d'un genre, « Neue Deutsche Härte », qui a inspiré Rammstein, et dont le compteur affiche bientôt 25 années de carrière, sort un 11ème album qui marque une rupture plus franche que par le passé avec le metal. C'est un nouvel horizon vers lequel le trio nous a quitté. Mais cette tentation ne date pas d'hier, le groupe à parfois frôlé la guimauve sans vraiment s'y vautrer.
Cette fois, c'est chose faite, et Oomph! ne fait pas les choses à moitié. Les nostalgiques du temps ou le groupe teuton mettait au premier plan les guitares saturées seront frustrés, seul le titre qui ouvre l'album Unzerstöbar possède une tonalité rock qui rappelle vaguement le bon vieux temps.
Le reste de l'album bascule dans une autre dimension qui fera fuir tout amateur de metal. En revanche Oomph! s'adresse aux amateurs d'électro, de pop, avec une prédilection pour la tendance qui fait remuer le postérieur sur une piste de danse. Malheureusement durant l'heure qui s'écoule on subit l'anecdotique ("Kosmonaut", "Unendlich"), les titres s'enchainent et sont aussitôt oubliés. Oomph! a fait le choix de proposer une imposante  quantité de titres dont certains auraient pu être mis de côté ou retravaillés. Il n'en demeure pas moins que le groupe n'a pas tout jeté aux oubliettes, l'humour est toujours bien présent dans les textes des compos (Bonobo pour n'en citer qu'une). On retiendra également que le trio s'est encore cassé les dents au délicat exercice de la reprise. C'est "Small Town Boy" (Bronski Beat) qui se retrouve trituré à la sauce teutonne pour les textes, et en mode techno binaire avec de gros sabots pour ce qui sert de contexte musical. Le genre qu'on n'apprécie qu'après trois grammes d'alcool dans le sang, en dessous c'est assez désagréable. D'ailleurs pour les fêtards alcoolisés qui apprécient les chorales, il y a bien un titre qui peut convenir. Dans une optique traditionnelle, le chant de marin de Seemansrose permet de se détendre, c'est Oomph! qui fournit l'accordéon… Le groupe vise un public plus large, c'est entendu, et ce n'est pas nouveau. Le groupe offre un produit fourre tout au son léché, avec un Dero qui ne démérite pas au chant. Mais on ne peut que déplorer la mise en rencart de la guitare qui ressort épisodiquement ("Unzerstorbar", "Futter Mich").  D'un strict point de vue metallique, c'est une bouillie auditive. Pour les plus ouverts, y a de quoi remuer le derrière en cadence en ayant le sourire. Pour le moins léger. Très léger.
 
Hamster (03/10)
 
 
Colombia – Sony Music / 2012
 
Tracklist (une heure) :
1. Unzerstöbar 2. Zwei schritte vor 3. Such mich find mich 4. Bis der spiegel zerbricht 5. Die Geister die ich rief 6. Bonobo 7. Deine Eltern 8. Kleinstadtboy 9. Regen 10. Kosmonaut 11. Komm zurück
12. Aus meiner haut 13. Seemannsrose 14. Unendlich 15. Fütter mich 16. Der Tod ist ein Herzschlag entfernt

Ihsahn – Eremita

J’en ai longtemps voulu à Ihsahn. Oh, rien de personnel, bien entendu, mon mécontentement à son égard n’était pas dû à une dispute futile, loin de là. Ce ressentiment puise ses racines dans la fin d’Emperor, un groupe au sommet de sa gloire et qui, tout au long de sa carrière, aligna les albums magistraux. Curse You, Ihsahn, tu as tué Emperor, et les rares apparitions en live du groupe depuis lors sont toujours restées inaccessibles pour moi. Ne pas avoir vu Emperor en live est, pour moi, encore plus douloureux que de n’avoir pas eu la chance d’assister à un concert de Pantera. En effet, depuis la disparition de Dimebag, il est impossible de ressusciter Pantera. Emperor, par contre… Mais je m’égare, car aujourd’hui, il est question d’Ihsahn – le groupe – qui nous propose son  quatrième album en 6 ans.

Pendant longtemps, je suis resté persuadé que le Black Metal était le meilleur terrain d’expression d’Ihsahn, tant chacun de ses albums m’avait subjugué. Cependant, force est de constater qu’Eremita vient remettre de l’ordre dans mes pensées. Sans pour autant renier tout à fait ses racines (« Something Out There » et son entrée en matière très Black Sympho), Ihsahn a su, au fil des années et des sorties, développer ses idées et les transposer en musique sans se soucier des étiquettes, des genres, des modes. Certains qualifient la musique d’Ihsahn de Metal Progressif Extrême, et c’est peut-être le meilleur qualificatif : complexe, alambiquée, passionnante, l’œuvre d’Ihsahn dévoile ses nombreuses facettes au fil des morceaux. Tantôt lourde et oppressante, tantôt subitement violente, tantôt posée et rêveuse, l’ambiance dégagée par Eremita fluctue, évolue pour mieux captiver son auditeur. De la lassitude, de l’ennui ? Certainement pas, à aucun moment ! Du début à la fin, Ihsahn vous emmène dans son univers, et lorsque le voyage se termine avec les dernières notes de « Departure », on se sent un peu perdu, comme si l’on revenait subitement les pieds sur terre, encore tout désorienté par un rêve qui se serait fini par un réveil en sursaut.

Eremita me réconcilie, en quelque sorte, avec Ihsahn. Même s’il ne s’agit plus d’Emperor, même s’il évolue désormais dans un autre univers, ce génie musical nous livre ici un album en tous points réussi. Indispensable.

[9/10] Mister Patate

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Myspace officiel

Candlelight Records – 2012
Tracklist 1. Arrival 2. The Paranoid 3. Introspection 4. The Eagle and the Snake 5. Catharsis 6. Something Out There 7. Grief 8. The Grave 9. Departure

 

Le premier essai solo de Kane Roberts (1987) n'avait pas obtenu un bien grand succès, malgré les attentes envers les compositions personnelles du guitariste et collaborateur d'Alice Cooper. Quatre ans plus tard, en 1991, Kane Roberts décidait de retenter sa chance avec un second disque intitulé Saints & Sinners que Yesterrock propose à la réédition, avec un nouveau mastering et quatre titres inédits. Mon compère Oshyrya n'avait pas été convaincu par la première tentative du sieur Roberts qu'il jugeait médiocre voire risible dans une chronique particulièrement saignante. Il est vrai que le look clownesque du chanteur-guitariste et la piètre qualité du single, « Rock Doll » au video clip particulièrement pathétique, ne constituaient pas des arguments très convaincants pour percer à travers les charts.

Quatre ans plus tard, Kane Roberts avait changé d'optique sensiblement. Exit ainsi les biscotos démesurés au profit d'une d'une photo mettant en valeur la gueule d'amour de Kane. Le changement était musical aussi puisque le heavy rock un peu lourdaud du premier album avait été remplacé par un Hard FM beaucoup plus commercial, à la fois car le style semblait à l'époque plus vendeur mais aussi car la musique de ce Saints & Sinners s'avère bien supérieure à ce proposait quatre ans plus tôt Roberts. À vrai dire, si l'on apprécie le hard rock mélodique teinté d'AOR, on ne peut pas ne pas accrocher à ce disque très réussi et très homogène. Du vicieux « Twisted » sur lequel plane l'ombre du Alice Cooper de l'époque de Trash au single très catchy « Does Anybody Really Fall In Love Anymore ? » en passant par le lyrique « Rebel Heart »,  jusqu'au très accessible « It's Only Over For You », je ne vois bien aucun déchet à l'horizon. Une note doit être faite tout particulièrement sur les chœurs présents sur les refrains : ils sont proprement impeccables, donnant lieu à quelques refrains que n'aurait pas renié un Bon Jovi des bons jours (« Fighter » ou « You Always Want It » dont le riff principal est aussi à signaler). Ces chœurs font un bien fou au disque, ne serait-ce que parce que la voix de Kane Roberts, très correcte, n'est néanmoins pas exceptionnelle. Ses parties guitares et ses solos sont bien plus réussis : pour l'époque, Roberts se logeait bien dans le haut du panier. Je recommande tout particulièrement l'écoute du solo de « Fighter » aux délicieux coups de vibrato et au souffle mélodique indéniable. 

La mariée serait presque trop belle… En effet, à s'attarder sur les crédits, on constate que plus que l'œuvre de Roberts, ce Saints & Sinners apparaît bien plus comme un disque de commande. Roberts n'a co-écrit que quelques titres, Diane Warren et surtout Desmond Child se taillant la part du lion. Ce dernier est d'ailleurs le producteur du disque et, tout comme à la composition, on ne peut nier qu'il ait fait un très bon travail. C'est sans doute lui qui a amené dans sa besace le second single « Does Anybody Really Fall In Love Anymore ? », sur lequel il avait commencé à travailler avec Bon Jovi (une version démo du groupe de New Jersey existe par ailleurs) et qu'il avait déjà proposé à Cher, pour son album Heart Of Stone (1989). Encore une fois, on ne peut remettre en cause le savoir-faire de Desmond Child dans le genre : ni Trash d'Alice Cooper, ni une bonne partie de Slippery When Wet de Bon Jovi n'auraient existé sans lui. Mais sa présence, sa patte si spécifique créent ici un sentiment de déjà entendu et, au final, d'inauthenticité. C'est dommage car, objectivement, dans le genre, ce Saints & Sinnners est une vraie réussite. C'est en quelque sorte, un témoignage du savoir-faire professionnel qui se manifestait dans les meilleures productions de hard mélodique avant que la vague grunge, puis néo-métal ne balaie tout cela. Kane Roberts disparut alors de la scène musicale avant de réapparaître en 1997 avec un nouveau disque Under A Wild Sky. Entre temps, l'homme s'était dirigé vers le monde des jeux vidéos, sans doute déçu de l'accueil moyen fait à ce disque qui concentrait tous ses espoirs. 

Baptiste [7,5/10]

 

PS : la version limitée de Yesterrock comprend quatre titres bonus. Ces derniers, notamment « House Burning Down » ou le plus rock que hard « Dirty Blonde », sont de bonne qualité, même s'ils ne profitent pas de la qualité sonore de l'album officiel. Ils méritent globalement le détour, se révélant toutefois un cran en dessous des dix autres moreaux de Saints & Sinners.  

Site officiel

Yesterrock – GerMusica / 2012

Trackiist (59:30) : 1. Wild Nights 2. Twisted 3. Does Anybody Really Fall In Love Anymore? 4. Dance Little Sister 5. Rebel Heart 6. You Always Want It 7. Fighter 8. I’m Not Lookin’ For An Angel 9. Too Far Gone 10. It’s Only Over For You.

Bonus Tracks : 1. House Burning Down 2. Waiting For You 3. Dirty Blonde 4. White Trash