Archive for juillet, 2012

Enabler – All Hail The Void

À une époque où le revival Thrash bat son plein et où le Deathcore fait office de nouveau défouloir pour jeunes en manque de sensations fortes, quelques groupes semblent s’être décidés à mener leur barque vers d’autres horizons, histoire de ne pas pêcher dans les mêmes eaux que des concurrents aux dents longues. Leur nom ? Trap Them, Unkind, Black Breath, et maintenant Enabler, dont le petit dernier, All Hail The Void, m’est tombé un peu par hasard dans les oreilles. Comme quoi, le hasard fait bien les choses…

The world is fucked and this is the soundtrack to it's demise. Voilà le credo d’Enabler, combo qui aligne les sorties comme un boxeur aligne les coups : vicieusement, rapidement et fort. Au total, ils auront ainsi aligné 7 sorties en à peine deux ans, et le niveau atteint en un laps de temps aussi court est bluffant. Ce nouvel album, mixture hautement énergique de hardcore, de punk, de crust et de metal (on sent les différentes influences des membres issus notamment de Shai Hulud, Trap Them ou Today Is The Day), renvoie la plupart des groupes de Deathcore dans les jupes de leur mère en matière de férocité et de puissance sonore. Grattes vrombissantes, production plus roots, Enabler ne vise pas à nous en mettre plein la vue, mais bien à nous coller des droites… et on en redemande ! Étant la septième sortie du groupe en 24 mois, All Hail The Void pourrait contenir quelques signes indiquant que le groupe arrive petit à petit à bout de souffle, mais il n’en est rien. Au contraire, il marque un coup d’accélérateur dans la carrière du combo qui intègre ainsi l’écurie Southern Lord Records (qui a décidément le nez creux).

Vous avez aimé les dernières sorties de Trap Them, d’Unkind ou de Black Breath ? Vous adorerez All Hail The Void, un must have de cette année 2012 !

Mister Patate [8.5/10]

Bandcamp officiel

Southern Lord Records – 2012
Tracklist 1. F.A.T.H. 2. The Heathens 3. Speechless 4. Fuck Today 5. False Profit 6. All Hail the Void 7. True Love 8. They Live, We Sleep 9. No Deliverance 10. Save Yourself 11. Trust 12. Funeral Dirge

 

Whitechapel – Whitechapel

Whitechapel fait partie de ces rares groupes de Deathcore qui parviennent tout juste à me laisser une impression positive, et ce grâce à sa capacité à pondre des morceaux d’une efficacité imparable sans tomber dans l’excès de breakdowns ou la caricature du genre (qui a dit Suicide Silence ?). Dès lors, à l’annonce de leur nouvel album (le quatrième en cinq ans, Whitechapel étant également très productif), j’étais assez curieux. Pas au point de me jeter sur l’album comme un possédé et de n’écouter que ces 10 pistes pendant des semaines, mais suffisamment pour me décider à le chroniquer.

La curiosité est un vilain défaut.

Sur cet album éponyme, Whitechapel a voulu quelque peu évoluer, reniant en partie ses racines Deathcore. En soi, il s’agit d’une initiative louable, certainement au vu du nombre de formations inintéressantes qui s’obstinent à sortir la même merde insipide sur chaque album (qui a dit Suicide Silence ?). Toutefois, cette évolution est parfois mal digérée, comme on peut le constater sur le titre « I, Dementia ». Ça ne vous rappelle rien ? Eh oui, du Meshuggah pur jus, à peine mâchouillé et restitué tel quel. S’inspirer de groupes évoluant dans d’autres sphères est une bonne idée, mais encore faut-il se limiter à l’inspiration et non se vautrer dans le copier-coller basique ! Pour le reste, Whitechapel s’est en effet affranchi de son Deathcore basique, semant ici et là un breakdown bien senti (la fin de « Section 8 » pourrait servir de cas d’école du breakdown Deathcore standard et réussi), mais de manière plus disparate.

Cela peut sembler paradoxal, certainement au vu de mes commentaires sur d’autres groupes dont je fustige l’immobilisme, mais je regrette quelque peu cette évolution de Whitechapel. Il s’agissait là d’une des rares formations de qualité d’un genre déjà décrié, et au vu de cette évolution, je pense que l’on peut dire sans crainte que le Deathcore vient de perdre beaucoup de son intérêt.

C’est pas grave, vieux, en Deathcore de qualité, il reste toujours Suicide Silence… me diront les aficionados du genre. Si vous me cherchez, je suis déjà en train de rendre tripes et boyaux dans les toilettes les plus proches.

Mister Patate (05/10)

 

www.facebook.com/whitechapelmetal

www.whitechapelband.com

myspace.com/whitechapel

 

Metal Blade Records / 2012
Tracklist 1. Make It Bleed  2. Hate Creation  3. (Cult)uralist 4. I, Dementia 5. Section 8 6. Faces 7. Dead Silence 8. The Night Remains 9. Devoid 10. Possibilities of an Impossible Existence

 

Il y a des nostalgiques de Guns N' Roses, Cinderella et de L.A. Guns qui s'impatientent d'entendre enfin un bon album de Hard Rock'n' Roll et non un énième live réchauffé (les dernières productions de Cinderalla) ou un album qui n'a sur le fond rien à voir avec l'identité du groupe (Chinese Democracy d'Axel Rose et son big band à la crédibilité quasiment nulle). J'en fait partie. C'est dire que j'ai pu me réjouire de découvrir ce (pas si) jeune groupe irlandais, Million Dollar Reload, dont Frontiers vient de faire paraître le deuxième album, A Sinner's Saint. Si le premier album du combo était passé relativement inaperçu, la faute à un label un peu défaillant, espérons que la musique du groupe obtienne enfin le succès qu'elle mérite. 

Car il faut reconnaître que, malgré la faible notorité du groupe, la musique qu'il envoie dans les esgourdes surprend par sa maîtrise et sa fougue. Les « Fight The System », « Bullets In The Sky » ou « Can't Tie Me Down » voire « Smoke 'N Mirrors » dévalent à toute vitesse, avec un son tout ce qui faut de sale et d'agressif pour persuader qu'ici on ne rigole pas. Le début de l'album a été notamment particulièrement soigné, en concentrant une poignée de titres irrésistibles. Toutefois, la fin de ce A Sinner's Saint regorge aussi d'excellentes compos tels « Wicked » ou « Headrush ». La ballade de service – « Broken » – se paie même le luxe d'être réussie ; elle a par ailleurs le mérite d'être isolée au milieu d'un hard rock 'n' roll fortement teinté de sleaze rock. Manifestement les cinq années d'attente pour réaliser cet album n'ont pas été uniquement passées en beuveries et en cuites : le travail de composition est manifeste.

Million Dollar Reload enquille les riffs teigneux et lance ses refrains fédérateurs non comme des papys en pré-retraite, mais comme un groupe de jeunes morts-de-faim. Cette hargne, que retransmet très bien le chant gouailleur du leader Phil Conalane, se combine toutefois à un professionnalisme bien réel : production impeccable, mise en place irréprochable sont ici aussi de mise. Il n'y a bien qu'une faille dans la cuirasse ici : l'absence totale de volonté novatrice. Malgré son relatif jeune âge, le groupe ne prétend en rien inventer l'eau chaude. Et il a sans doute raison si c'est le prix pour accoucher d'une disque de la qualité de ce A Sinner's Saint

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

Frontiers / 2012

Tracklist (47:12) : 1. Fight the System (3:19) 2. Bullets in the Sky (4:40) 3. Blow Me Away (3:53) 4. Can’t Tie Me Down (3:39) 5. Broken (5:55) 6. I Am the Rapture (4:52) 7. Wicked (4:12) 8. Smoke ‘N Mirrors (4:27) 9. Headrush (3:28) 10. Pretty People (4:45) 11. It Ain’t Over (3:49) 12. Protest (Bonus Track) (3:06) 13. Down To The Wire (Bonus Track) (2:45)