La vitalité de la carrière solo de Jimi Jamison est inversement proportionnelle à celle de son groupe Survivor. Alors que ce dernier a le plus grand mal à accoucher d'un successeur au médiocre Reach, Jamison enchaîne les disques solos, soit avec Bobby Kimball, soit tout seul. Enfin « tout seul » est ici surtout une expression car ce Never Too Late est largement le fruit d'un travail de composition avec l'excellent guitariste/chanteur Erik Mårtensson (Eclipse, WET et autres), un habitué des productions de Frontiers. De facto, malgré la voix toujours aussi personnelle et classieuse de Jamison (une voix qui devient d'ailleurs légèrement plus éraillée avec le temps ce qui lui sied bien), la musique est très calibrée. L'AOR proposée ressemble fortement à ce que put enregistrer Survivor du temps de sa splendeur, dans les années 80, à l'époque des brillants Eye Of The Tiger ou Vital Signs. Tout est très soigné, très bien enregistré, et sans grosse faiblesse. C'est dire que les afficionados du groupe pourront totalement adhérer aux onze élégantes compositions de Jamison/Mårtensson. 

On remarquer tout particulièrement quelques brulôts de haute tenue : « Never Too Late » et son refrain mélodieux, l'énorme « I Can't Turn Back » qui aurait fait chavirer la bande FM à une autre époque, le catchy « Not Tonight » et son refrain énorme, et le plutôt hard rock « Street Survivor ». Le reste des morceaux n'est pas mauvais, loin de là, mais moins mémorable. Ces chansons tiennent surtout grâce à la voix très poignante de Jamison (comment ne pas frisonner sur « The Great Unknown » et surtout sur la ballade « The Air I Breathe » ?). Personnellement, je l'apprécie particulièrement, bien que je conçoive que son lyrisme puisse agacer. 

Ce Never Too Late est au final très représentatif qu'une bonne partie de la production de Frontiers : professionnalisme, qualité d'exécution, savoir-faire à la composition sont ses points forts. Il s'agit d'apporter à l'amateur de rock mélodique ce qu'il attend. En rien de le froisser. On peut déplorer cette frilosité, mais à soixante ans passés, il serait incongru que Jamison s'oriente vers le metalcore ou vers le drone metal. N'est-ce pas ? 

Baptiste (7/10)

 

Frontiers / 2012

Tracklist (49:49) : 01. Everybody's Got A Broken Heart 02. The Great Unknown 03. Never Too Late 04. I Can't Turn Back 05. Street Survivor 06. The Air I Breathe 07. Not Tonight 08. Calling The Game 09. Bullet In The Gun 10. Heaven Call Your Name 11. Walk On (Wildest Dreams)