Généralement, les reformations des vieux groupes connaissent un début en fanfare pour s'essouffler rapidement. Ce modèle s'applique bien à Judas Priest (que dire de Nostradamus après un très correct Angel Of Retribution ?), Deep Purple (souvenez-vous de l'excellent début que fut Perfect Strangers puis des errances ultérieures) ou… Asia. Pour le Asia reformé autour du line up originel et donc délesté de l'excellent John Payne, la période de grâce (relative) a duré le temps de deux albums : Phoenix et surtout Omega. Le récent XXX dont j'ai déjà dit ici tout le mal qu'il faut en penser, si on est un amateur un tant soit peu objectif et pas un fan complaisant, marque sans doute le tournant vers un stade d'inspiration réduite au minimum. Cette situtation d'inspiration réduite au minimum vital va en général avec l'accumulation de live, histoire de remplir des tirroirs caisses à peu de frais et de faire plaisir à quelques fans toujours insatisfaits de ne pas voir telle ou telle chanson interprétée sur un des sept ou huit live d'une discographie bien fournie.  

J'exagère à peine car la discographie live d'Asia est franchement pléthorique, sans par ailleurs que l'on remarque vraiment un live sortant du lot et qui soit mémorable. Après le live de la reformation – Fantasia – Live In Tokyo – et celui de la  de la tournée de Phoenix – Spirit Of The Night , voici donc celui de la tournée soutenant Omega. Ayant assisté au concert parisien, j'avais déjà une idée derrière la tête ce que à quoi pourrait ressembler ce Resonance. Et bien je suis globalement dans le vrai. Même si le concert donnant lieu à Resonance fut enregistré à Bâle, en Suisse, les remarques faites au concert parisien s'appliquent ici aussi. 

Tout d'abord la setlist est bonne car, courageusement, elle intègre un certain nombre de nouveaux morceaux, par ailleurs bien choisis. La présence de nombreux titres d'Alpha ravira de nombreux nostalgiques alors qu'Asia a tendance à trop se réfugier en live derrière son colossal premier album. John Wetton est globalement en forme et, servi par un très bon son, il fait une bonne prestation, eût égard notamment aux années et à un mode de vie à une époque pas bien sain. Carl Palmer tient bien la route de son côté et son solo sur « The Heat Goes On » n'est même pas ennuyeux. Les deux maillons faibles sont Downes et Howe. Downes fait encore une fois le minimum : pas de solo, des sons souvent assez kitschs et une attaque bien mollassone aux claviers. Steve Howe semble complètement endormi avec un tout petit son et une gestion des rythmiques bien pépère. 

Pour suivre ces deux grand-pères, on remarquera que le groupe joue souvent à deux à l'heure : « The Heat Goes On » ou « Go » sont à la lisière du léthargique. Heureusement que les passages acoustiques passent mieux la rampe : « Don't Cry » ou « The Smile Has Left Your Eyes » emportent la conviction, mais surtout du fait de la performance de Wetton. C'est cependant assez inquiétant. J'en vois dejà au fond qui, devant cette sérieuse mais très poussive prestation des papys du rock/pop prog', s'apprêtent à crier : « à l'hospice, à l'hospice ! ». Ils n'auront pas totalement tort.

Baptiste (6/10)

 

Site officiel

Frontiers / 2012

Tracklist CD 1: 1. I Believe 2.Only Time Will Tell 3. Holy War 4. Never Again 5. Through My Veins 6. Don’t Cry 7. All’s A Chord 8. The Valley Of Rocks 9. The Smile Has Left Your Eyes 10. Open Your Eyes

CD 2 : 1. Finger On The Trigger 2.Time Again 3. An Extraordinary Life 4. End Of The World 5. The Heat Goes On 6. Go 7. Sole Survivor 8. Heat Of The Moment