Au lendemain du Mass Deathtruction 2013, une discussion s'est invitée dans les impressions post-festival : "depuis quand ne peut-on plus slammer dans un festival de Death Metal ?" (1). Ho mon Dieu, ma pauvre Lucette, c'est bien une question qui nous turlupine, pas vrai ? Une pratique honteuse, cette interdiction, une infraction à notre liberté individuelle, celle de monter sur la gueule des premiers rangs pour se rapprocher un instant de nos idoles ! 

Quels connards, ces slammeurs.

Déjà, il faut se mettre dans sa tête, au slammeur. Le gars se fait porter vers la scène. Il y va même pas à pied, il a besoin de porteurs. Au début, il se fait soulever par ses potes. C'est cool, l'amitié, porte-moi, je te porterai, mais rapidement, les potes balancent le slammeur vers les premiers rangs. Qui eux, n'avaient rien demandé et veulent simplement profiter du concert dans de bonnes conditions. Et là, bam, ils se prennent un poilu moyen sur le râble, et il a rarement un gabarit de grive. Avec du pot, tu prends ses fesses dans la nuque. Si t'as moins de chance, c'est le coude, voire même le pied. Et ce connard porte rarement du léger : metalleux oblige, il porte le genre de bottines orthopédiques que portaient les malades de la polio. Dans la nuque, ça fait pas du bien, je parle d'expérience.

Et ce con arrive encore à se plaindre quand il se vautre. C'est normal que tu sois tombé : c'est la gravité. Et plus t'es lourd, plus tu risques de te viander. Et il cherche un fautif à sa chute, par dessus le marché : le public qui ne l'a pas porté (il est pas là pour te porter, non plus), la sécu qui ne l'a pas réceptionné et/ou a essayé de le repousser (beh ouais, ils ont que ça à foutre, réceptionner des lourdauds comme toi)… 

Le slammeur est un égoïste de première, prêt à marcher sur la tête des autres. Il se laisse porter vers la scène, sourire béat aux lèvres et bras écartés. Si j'étais sound tech, je couperais la musique et je foutrais "I Believe I Can Fly" de R Kelly à pleins tubes dès que j'en vois un. Ils comprendraient peut-être, à force, qu'ils nous cassent les couilles et qu'ils sont tout aussi dangereux, voire plus dangereux (tant pour eux que pour leur entourage) que ceux qui se bousculent dans la fosse. 

 

(1) La réponse est : au moins depuis 2010 au Neurotic Deathfest, le plus gros fest Death Metal indoor d'Europe.