Ja9iaITmYYIl ne faut pas s'y tromper : ce Red Dragon Cartel est avant tout un album solo. Et pas de n'importe qui : du presque oublié guitariste Jake E. Lee, qui se rappelle ainsi à notre mémoire après quasiment deux décennies de silence. Jake E. Lee reste évidemment le guitariste d'Ozzy Osbourne sur deux de ses disques les mieux vendus : Bark At The Moon (1983) et The Ultimate Sin (1986). Excellent guitariste et très bon compositeur (il est le principal auteur de Bark At The Moon contrairement à ce que prétendent les crédits), Jake E. Lee a été évincé sans ménagement par Ozzy et son management et a lancé dans la foulée le très bon groupe de Hard mélodique et bluesy, Badlands, qui obtiendra surtout un succès d'estime avant de splitter, victime de la vague grunge. 

Depuis Jake E. Lee s'est contenté d'apparaître en tant qu'invité de luxe sur certains disques tout en jouant sur l'ensemble de Dissonance d'Enuff Z'nuff. C'est peu, eut égard au talent de l'homme. L'exil musical est donc fini avec ce Red Dragon Cartel dont il est évidemment l'élément moteur. Au chant, on retrouve Darren D.J Smith, un vocaliste britannique tout à fait dans l'esprit de la musique proposée : du hard rock traditionnel mais assez puissant et quelque peu modernisé. 

Entendre rugir la guitare de Jake E. Lee dès « Deceived » a été un bonheur immédiat pour moi tant Jake E. Lee a une patte indentifiable. Une patte si présente que parfois, on imagine très bien que les titres proposés aient pu être chantés sur le successeur de The Ultimate Sin, même quand l'hommage se fait plus directement à Black Sabbath qu'à Ozzy même (« War Machine »). Remarquons cependant que Darren Smith est un très bon chanteur, puissant et gouailleur et en rien geignard comme le vieux Ozzy. Peut-être d'ailleurs que Jake E. Lee aurait-il pu l'employer plus et se dispenser de faire appel à quelques gloires, certaines déchues (Paul Dianno sur « Wasted ») ou d'autres en pleine ascension (Maria Brink sur « Big Mouth », par ailleurs plutôt réussi). C'est dommage car Daren D. J. Smith est généralement excellent comme sur ce « Slave » au riff entêtant. Signalons toutefois que l'appel à Sass Jordan se justifiait : elle est exceptionnelle sur « Redeem Me ». Mais on connaissait les qualités de cette chanteuse qu'on n'entend pas assez souvent dans un registre heavy malheureusement. 

Généralemet si les volontés de modernisation du son et de l'optique musicale passent bien la rampe, elles sont parfois un peu maladroites. Ce qui fait, qu'au final, on ne tient qu'un bon disque, qui permet surtout de se rappeler du talent de Jake E. Lee, plutôt qu'un brulôt inratable. À conseiller aux vieux grognards à la mémoire longue (comme moi). 

Baptiste (7/10)

 

Site de Red Dragon Cartel

Frontiers / 2014

Tracklist : 01. Deceived 02. Shout It Out 03. Feeder (with Robin Zander) 04. Fall From The Sky (Seagull) 05. Wasted (with Paul Di'Anno) 06. Slave 07. Big Mouth (with Maria Brink) 08. War Machine 09. Redeem Me (with Sass Jordan) 10. Exquisite Tenderness