Il est toujours amusant de constater le contraste qu’il peut exister entre l’image que développe un groupe et la personnalité réelle des musiciens qui le compose. Les suédois d’AVATAR son un bel exemple de cette dichotomie. Autant ils peuvent être habités et violents sur scène et sur disque autant ils sont charmants dans la vie courante. A la manière d’un ALICE COOPER voir d’un GHOST, nos amis ne proposent pas seulement de la musique mais un package complet mêlant à la fois éléments visuels et sonores. Sans vouloir forcément choquer comme les artistes cités ci-dessous, AVATAR fait son maximum pour proposer de belles sensations à son public, faire sortir la rage, la fureur, la noirceur en chacun de nous, un défouloir pour nos émotions négatives accumulées. Et ce nouvel album, Hail the Apocalypse, rempli à merveille sa mission à travers ces chansons violentes, hypnotiques et diablement efficaces.
AVATAR est né en 2001 sous l’impulsion du batteur John Alfredsson et du chanteur Johannes Eckerström. Ils comptent déjà quatre albums à leur tableau de chasse: Thoughts of No Tomorrow (2006), Schlacht (2007), Avatar (2009) et Black Waltz (2012). Ce derneir opus a vu vraiment la popularité du groupe exploser avec des tournées réussies en Europe et aux Etats-Unis. Originaire de Göteborg, les suédois ont su saisir toutes les opportunités et tourner à leurs débuts aux côtés de locomotives comme IN FLAMES et DARK TRANQUILITY. Ils tracent désormais leur propre sillon et ce nouvel album les rempli d’espoir, leur permettant d’espérer s’installer solidement sur la scène métal des deux côtés de l’Atlantique.
Les suédois frappent forts d’entrée avec la chanson éponyme de l’album. Ce titre concentre tout le savoir-faire d’AVATAR avec son riff puissant, lancinant et hypnotique et refrain asséné comme un cri de ralliement. En quatre minutes tout est dit et le show peut commencer. Les plus chagrins souligneront que la recette utilisée est déjà connue et ne demande pas de qualité particulière. C’est vrai mais AVATAR n’a jamais prétendu révolutionner le genre, simplement offrir une musique venue directement des tripes avec force caractère et conviction. Le pouvoir de séduction de ces chansons est assez impressionnant et ces refrains vous rentreront dans le crâne que vous le vouliez ou nom. Il se dégage de cet album une folie, une démesure, une sorte de je m’en foutisme de fin des temps assez jouissive. Les suédois jouent avec nos nerfs et nos émotions en variant les atmosphères et les rythmes. Le second single extrait de l’album « Bloody Angel » en est une belle illustration avec sa montée en intensité crescendo. Les influences d’AVATAR sont multiples et plutôt bien digérées. Vous retrouvez bien sûr cette patte death mélodique made in Göteborg mais les suédois ont su intelligemment enrichir cette base de touches indus à la KILLING JOKE et RAMMSTEIN. Le chanteur Johannes Eckerström offre une très belle prestation aussi bien dans une veine extrême avec un chant hurlé rageur et un chant clair maîtrisé et bourré d’émotion. De plus, il semble s’éclater dans ce rôle de clown sombre et malsain.
AVATAR a su évoluer depuis ses débuts et se créer une identité forte à même de séduire un plus large public. Black Waltz a été une étape importante dans la carrière des suédois avec l’introduction de ce personnage de clown désormais emblématique du groupe. Après bien des tâtonnements, ils se sont aussi trouvés au niveau musical et Hail the Apocalypse reprend là où le précédent opus s’était arrêté. AVATAR enfonce le clou et ils ont tous les atouts en mains pour continuer à grandir auprès du public européen et américain. Attention cependant de bien faire attention à se renouveler pour la suite, les premiers signes d’essoufflement et de redite émergent en filigrane sur ce disque.
Oshyrya (7,5/10)
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Gain Music / 2014
Tracklist (45:40 mn) 01. Hail the Apocalyse 02. What I Don't Know 03. Death of Sound 04. Vultures Fly 05. Bloody Angel 06. Murderer 07. Tsar Bomba 08. Puppet Show 09. Get In Line 10. Something In the Way 11. Tower
Davide Nunziante est un artiste, il s’avère vital pour lui de pouvoir exprimer sa créativité à travers différentes formes artistiques. En plus de ses activités de peintre professionnel, il reste le solide capitaine, contre vents et marées, du navire FRAGORE depuis plus d’une décennie maintenant. Initié en 2001 à Giaveno, ce projet a déjà accouché de plusieurs réalisations dont deux démos, et deux albums sept titres : The Dark Side of Ambition (2009) et The Keeper (2011). Les italiens ont su évolué depuis leurs débuts, passant d’une approche rock alternatif à un son désormais très puissant, agressif et résolument métal. Malgré bien des changements de line-up et même un split de 2003 et 2007, Nunziante n’a jamais renoncé et se trouve désormais entouré d’une solide équipe composée du batteur Alessandro Baronetto et du bassiste Andrea Lorenti. Le power-trio a décidé de faire parler la poudre en 2012 avec l’enregistrement d’un EP, Armored, chez Murdered Music et ils présentent fièrement cette année leur nouvel album, The Reckoning.
Avec « Die with Blood », l'auditeur fait d’emblée face à la fureur de FRAGORE. Les italiens proposent un cocktail assez varié mélangeant allégrement les influences heavy, thrash et death. Musicalement parlant, cela reste assez classique avec des riffs bien bourrins, des rythmiques en mode tronçonneuse et quelques soli de guitares bien envoyés. Cette fureur reste canalisée et la musique proposée reste assez accessible, très classique dans le fond. Le chant extrême de Nunziante apporte une touche d’agressivité supplémentaire qui n’est pas pour nous déplaire. Nos trois amis parviennent à faire un sacré boucan à trois et les chansons s’enchainent sans temps mort ni véritables faiblesses. FRAGORE propose une musique directe et sans fioriture à même de provoquer rapidement le headbanging. Ici, pas de virtuosité mal placée ni chanson à tiroir inutilement complexe. Ne cherchez pas midi à quatorze heure, les italiens visent l’efficacité avant tout, le refrain ou le riff qui claquent. Et ils s’en sortent plutôt bien même si vous ne serez pas renversé à l’écoute de The Reckoning. Ces champs ont déjà été maintes et maintes fois labourés dans tous les sens. Sans faire de procès d’intention à nos amis, la chanson « AK-47 » pourrait être mal interprétée avec son intro laissant entendre un appel à la prière d’un muezzin. Disons que l’association d’idées entre le titre de la chanson et cette intro apparait être au mieux maladroite. Soulignons la très bonne production de l’album, la qualité très variable des productions italiennes nous a amené à être prudents de ce côté-là. Ici rien à redire, un son puissant et clair, œuvre d’Ettore Rigotti (DISARMONIA MUNDI, DESTRAGE…).
Les précédents opus du groupe étant sortie dans l’anonymat, FRAGORE se présente avec The Reckoning sous un jour plutôt flatteur. Sans réinventer la roue, ils proposent une série de titres métal pas dénués de charmes, bourrins et rentre-dedans à souhait. L’impact sur scène pourrait être appréciable. Un groupe à surveiller afin de vérifier si les transalpins parviennent à transformer l’essai dans les mois à venir.
Oshyrya (6,5/10)
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Coroner Records / 2014
Tracklist (62:55 mn) 01. Origins 02. Die with Blood 03. Resurrection Nemesis 04. AK-47 05. Barrier 06. Abominevole 07. Sad People 08. I am Evil 09. Leatherface 10. The System has Failed 11. Mental Disorder 12. Thunder Rising 13. White Dust (Re-mastered version) 14. Earth (Re-mastered version)
Drôle de nom pour ce groupe vous l’avouerez. Baptiser ainsi en hommage aux réalisateurs Stephen, Charles, and Edward Chiodo, CHIODOS s’est formé en 2001 dans le Michigan. Issue de la vague dite « post-hardcore », le groupe a sorti un premier album, All's Well That Ends Well en 2005, suivit, deux ans plus tard, par Bone Palace Ballet qui allait rencontrer un beau succès outre-Atlantique en se classant n°5 dans le Top 200 du Billboard aux Etats-Unis. Peu après, le groupe faisait face à une crise avec le départ du chanteur Craig Owens et du batteur Derrick Frost. L’année suivante le groupe sortait quand même Illuminaudio, un opus qui marquait le bref passage de deux nouveaux membres, très bref même, puisqu’en 2012 Owens et Frost réintégraient les rangs. Devil voit donc les américains revenir en force, en pleine possession de leurs moyens. Devil est également le premier enregistrement réalisé avec le guitariste Thomas Erak (ex-THE FALL OF TROY) définitivement adopté en février 2013 à l’occasion de la tournée anglaise effectuée en première partie de BLACK VEIL BRIDES.
A voir les photos du groupe, il y a de quoi s’inquiéter en en espérant ne pas se retrouver devant un énième groupe bien pourri dans la veine des SUICIDE SILENCE. Finalement les premières écoutes de ce Devil sont plutôt rassurantes car les chansons proposées s’avèrent variées et intenses. Le chant est principalement clair avec de belles prestations, toutes en douceur et en finesse de Craig Owens. Ce dernier sait aussi accélérer et se péter les cordes vocales quand cela s’avère nécessaire. En bon groupe américain, CHIODOS a bien appris sa leçon et offrent ici des compositions très léchées, calibrées pour le marché local et à même de plaire aux ados rebelles de tout le pays. Les chansons durent entre trois et quatre minutes et présentent une musique accessible avec toujours une pointe plus bourrine à même de satisfaire les sombres pulsions des fans. Les singles potentiels sont bien présents, avec des mélodies accrocheuses et des refrains forts. Citons entre autres « We're Talking About Practice » ou encore « Ole Fishlips Is Dead Now » qui ont le potentiel de faire un beau carton. CHIODOS semble innover en proposant « I Am Everything That's Normal » une composition fleuve de plus de neuf minutes mais ce n’est qu’illusion. Au bout de cinq minutes, le titre fini en eau de boudin avec quatre minutes d’ambiance, de bruitages. Dommage car les américains auraient pu alors montrer une autre facette de leur talent.
La bonne impression des premières écoutes s’avère être assez pérenne. CHIODOS fait le boulot et donne à ses fans, avec Devil, son lot de chansons sympathiques à défaut d’être renversantes. L’album s’avère être finalement très sage et calibré, il aurait été appréciable de voir le groupe se lâcher un peu plus et sortir des canons et des gimmicks post-hardcore.
Oshyrya (06/10)
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Razor & Tie / 2014
Tracklist (51:30 mn) 01. U.G. Introduction 02. We're Talking About Practice 03. Ole Fishlips Is Dead Now 04. Why The Munsters Matter 05. 3 AM 06. Sunny Days & Hand Grenades 07. Duct Tape 08. Behvis Bullock 09. Looking For A Tornado 10. Expensive Conversations In Cheap Motels 11. I'mAwkward & Unusual 12. Under Your Halo 13. I Am Everything That's Normal