Archive for juillet, 2014

Opeth – Pale Communion

Au risque d’en surprendre plus d’un parmi vous, sous mes dehors de brute épaisse, je suis fan d’Opeth. Bon, certainement pas autant que notre très peu regretté confrère qui, à l’heure actuelle, doit être en train de se masturber frénétiquement dans la région de St-Ulrich en susurrant Mikael, Mikaeeeeeeel, mais tout de même, Opeth était un de ces groupes plus « softs » – avec Tiamat et Anathema – qui avaient su me séduire. Son plus grand atout, à mes yeux, était justement ce bon vieux Mikael Åkerfeldt, et plus particulièrement sa capacité à me coller des frissons quand il prenait place derrière un micro. Raah, ses oppositions chant clair/growl ! « The Drapery Falls », putain, 10 minutes qui frôlent la perfection ! Deliverance, les 62 minutes les plus emballantes que le groupe ait pondues !

Il fut un temps où Opeth savait combiner le meilleur de deux mondes, où la mélancolie et la brutalité vivaient main dans la main. Une époque où Opeth n’avait pas banni ses influences Death de son répertoire. Parfois, je réécoute Deliverance et je me pose invariablement une seule question : What happened ?

En 12 ans et une poignée d’albums, Opeth s’est radicalement détourné de ses influences les plus extrêmes, adoucissant le propos au fil des années, le diluant de plus en plus pour nous laisser, au final, avec un mix de hard rock et de prog des 70’s qui, s’il est très bien exécuté, s’avère aussi bien moins passionnant que les premiers efforts du groupe. Sur Pale Communion, l’approche est résolument passéiste, à croire que le groupe avait établi un cahier des charges à suivre à la lettre. J’imagine presque Mikael, une checklist à la main, cocher petit à petit les éléments à intégrer : « Orgue Hammond ? Check ! Et faut que ça sonne seventies, bordel ! ». Le pire dans tout ça : le groupe a beau aligner des compos complexes, le tout semble malgré tout convenu, presque prévisible. Alors oui, c’est beau, c’est très bien exécuté (cela aurait été un comble si ce n’avait pas été le cas), mais pour ce qui est de l’émotion, on repassera. Là où Deliverance (oui, je sais, j’insiste sur cet album) me collait la chair de poule, Pale Communion ne m’accroche pas un instant. C’est lisse, et les quelques rares moments plus convaincants (j’aurais envie de mettre en avant « Cusp Of Eternity ») sont contrecarrés par d’autres passages franchement inutiles (l’interlude « Goblin » à la valeur ajoutée nulle).

Les fans du groupe me reprocheront certainement d’être un vieux con passéiste, accroché à Deliverance comme un coquillage à un rocher. Ce serait assez ironique, tant leur groupe favori a lui aussi opté pour la nostalgie (des 70’s, eux). Je n’ai rien contre les groupes qui, en cours de route, font évoluer leur son, leur identité, mais ce que nous propose Opeth depuis deux albums n’est pas une évolution. C’est une régression. Certaines formations ont un plan de carrière clair (à savoir se trouver un style et ne plus le lâcher, et les exemples sont nombreux), d’autres abordent leur reconversion avec plus ou moins de bonheur, mais Opeth a fait un choix curieux… et ceux qui nous invitent à oublier tout ce qu’Opeth a pu sortir avant Heritage pour pouvoir mieux cerner cet album, pour pouvoir mieux l’apprécier, démontrent justement que l’Opeth d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’Opeth qui me faisait vibrer. Pale Communion n’est pas un album d’Opeth. Opeth est mort.

Mister Patate (4,5/10)

 

Facebook officiel

Roadrunner Records / 2014

Tracklist (55:53) : 1. Eternal Rains Will Come 2. Cusp of Eternity 3. Moon Above, Sun Below 4. Elysian Woes 5. Goblin 6. River 7. Voice of Treason 8. Faith in Others

Abinaya – Beauté païenne

oshy_28072014_AbinayJe découvre cet album d’abord sur la forme et l’auditeur lambda que je suis a déjà de quoi sacrément saliver. Beauté païenne se présente comme un très beau digipak avec une pochette marquante et très colorée. Beau travail et, pour une fois, l’habit fait le moine. En effet, comme nous pouvons l’espérer en détaillant ce visuel, ABINAYA a choisi de se positionner sur un créneau inhabituel, le métal ethnique. On pense bien sûr à SEPULTURA ou encore SOULFLY mais pas que, ce serait réducteur si l'on considère la musique proposée ici.

L’aventure a débuté en 2002 à Paris. Un premier album éponyme voit le jour en autoproduction la même année. Le lancement sur la scène nationale française se fit avec l'album suivant, Corps, en 2009, distribué chez Brennus Music et divers labels en Europe. Armé de ces beaux trophées sur leur tableau de chasse, nos compatriotes multiplient les dates et se font remarquer, surtout en festival dans l’hexagone mais aussi en dehors de nos frontières. La démarche étonne et surprend agréablement nos voisins qui réservent un bel accueil à ce deuxième opus. Afin d’encore progresser, ABINAYA prend un risque et décide de réaliser ce troisième album, Beauté païenne, aux Etats-Unis aux Damage Room Studio de Kevin Pandele.

Dès les premières notes, l’auditeur va se trouver immerger dans l’univers original du groupe entre sonorités tribales et puissance métal. Un très gros travail a été réalisé sur les percussions et la batterie autour desquels se construit chaque titre. La guitare n’est pas en reste et mène les débats mélodiquement parlant à coup de riffs bien tranchants et de rythmiques endiablées. Ajoutez à cela le chant bourré de conviction d’Igor Achard et vous obtenez un cocktail séduisant, à la fois rafraichissant et sacrément épicé. Le chant en français apporte une vérité, une authenticité supplémentaire en cohérence avec la philosophie du groupe. Cela doit d’ailleurs faire partie des éléments qui charment nos voisins. Il faut saluer les progrès effectués dans tous les domaines, le son est massif, les chansons sont plus solides, encore plus cohérentes que par le passé. En plus des deux références brésiliennes citées ci-dessous, la musique délivrée sur Beauté païenne pourrait également vous séduire si vous êtes amateurs de groupe couillus comme LAMB OF GOD ou BLACK LABEL SOCIETY.

La force de frappe et impressionnante, la conviction affichée impose le respect. Chacun est à sa place et apporte une pierre décisive à l’édifice. Tout n’est pas parfait, on trouve parfois quelques longueurs et Achard montre rapidement ses limites derrières le micro mais il faut saluer la démarche menée en dehors des sentiers battus. Nous nous plaignons assez à longueur de chronique que de plus en plus de groupe ne font que recycler les recettes pour ne pas apprécier le travail effectué sur Beauté païenne pour sortir du lot. Laissez-vous aussi sa chance à ce mélange quasi unique dans le métal français entre textes engagés et instincts tribaux.   

Oshyrya (7,5/10)

 

FaceBook Officiel

 

Symbol Muzik / 2014

Tracklist (45 mn) 01. Beauté Païenne 02. Arawaks 03. Haine 04. L’Epitaphe 05. Nord-Sud 06. Le Noir Soleil 07. Almées 08. Le Nouvel Insurgé (à Jules Vallès)

Hellyeah – Blood For Blood

hellyeah-bloodLe "super groupe" texan (constitué d'ex membres de Pantera, Mudvayne, Damageplan, et Nothingface) est toujours actif, il revient avec un quatrième album. On dirait bien que nos cinquantenaires ont un poil changé de braquet. La production bétonnée est toujorus là, Vinne Paul affectionne toujours autant de tout coller au maximum, histoire d'assommer l'auditeur.
La bonne 
nouvelle c'est que cette fois, la production cache moins la misère. Les compos toujours aussi grasses et sentent toujours le barbecue, mais la tonalité un peu plus remuante et agressive fait que cet album d'Heallyeah sonne comme un plaisir coupable. A l'image qu'on peut se faire d'un quintuple burger au bacon et au fromage, forcément dégoulinant, qu'on apprécie forcément si on est faible face à la malbouffe, ou qu'on va détester si l'on est végétarien. Ici on aime le metal de bête à cornes, binaire, qui rentre dans le lard, et qu'on écoute à fond dans son pick up armé d'un pare buffle extra large.

Malheureusement la tonalité plus agressive ne nous épargne pas des moments de solitude, les ballades "Moth", "Hush" et "Black December" suintent la banalité et la paresse. Et ça plombe un peu l'ambiance. Non mais entre nous, si on vous propose de la salade verte au mileu d'un barbecue, ça fait un peu tâche ? Ben "Moth", "Hush" et "Black December" ce sont des feuilles de salade perdues au milieu d'un océan de viande. Passé ces moments de poesie incongrus, le metal reprend ses droits, "Cross To Bier" ou "Gift" font pleuvoir les coups. Le summum de l'agressivité est atteint avec "Say When". Après tout faut bien l'attendrir le steack. Alors en 2014 il est vrai qu'Hellyeah est un poil plus énergique, et "Blood For Blood " en bénéficie, mais il manque encore l'étincelle qui ferait de ces coups autre chose qu'un défouloir avec le volume poussé à 11. Et puis ces ballades, si c'est la vision texane de la subtilité, il y a du boulot… Il y a du mieux, côté musculaire, mais il manque toujours un peu d'inspiration pour faire d'Hellyeah un groupe à part entière qui soutienne la comparaison avec le passé des membres du groupe. Vinnie Paul avait annoncé que le groupe voulait enregistrer l'Album de leur carrière. Un  défi qui reste à relever.

Hamster (06.5/10)

www.hellyeahband.com

www.facebook.com/hellyeahband

Eleven Seven Music / 2014

Tracklist (39:25)
1. Sangre por Sangre (Blood for Blood) 2. Demons in the Dirt 3. Soul Killer 4. Moth 5. Cross to Bier (Cradle of Bones) 6. DMF 7. Gift 8. Hush 9. Say When 10. Black December 11. Feast or Famine