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01. Peux-tu présenter à nos lecteurs RED MOURNING ?

Romaric: Alors RED MOURNING est un groupe de southern métal pour synthétiser, avec des influences blues que nous revendiquons, un hommage aux racines blues de la musique rock. Nous sommes originaires de la région parisienne et nous existons depuis dix ans, depuis 2004. Notre line-up est stable depuis 2006-2007 et c’est une très bonne chose car cela nous permet d’évoluer, d’aller toujours un peu plus loin dans ce que nous voulons faire ensemble. A notre actif nous avons une démo, un maxi et trois albums.

 

02. En quoi votre deuil est-il rouge ?

C’est un hommage aux esclaves américains, à ceux qui sont à l’origine du blues US. On trouve des formes de blues même en Afrique, des mecs comme Salif Keita ils font du blues mais à l’africaine. Les ghanéens pour eux la couleur du deuil c’est le rouge. Culturellement ce n’est pas le noir comme pour nous en France mais le rouge. Nous avons trouvé que ce nom était un bel hommage aux esclaves sans pour autant exploiter le folklore. C’est vraiment un hommage aux blues et à ses origines. Mais pour te donner une anecdote, nous avons failli nous appeler Lafayette pour le côté sud des Etats-Unis.

 

03. Ce mélange métal + blues aux racines de l’ancienne Amérique sudiste n’est pas commun. Comment cela vous est-il venu ?

Ce n’est effectivement pas commun mais nous étions surtout influencés à nos débuts par la scène du sud des Etats-Unis, des trucs comme PANTERA, la scène stoner dans les sonorités et puis le blues surtout. Et quand nous nous sommes retrouvés avec JC à la genèse du groupe, nous étions d’accord sur ce choix artistique. Nous n’avons pas forcément à atteindre notre objectif dès le départ, nous avons tâtonné, nous sommes toujours influencés par nos idoles et nous avions parfois du mal à prendre du recul et à ne pas appliquer un schéma déjà connu.

Cela a mis du temps à se construire et à travers ces trois albums je trouve que nous avons beaucoup progressé dans l’appropriation d’un style qui nous est propre, ce mélange avec du blues dans lequel moi et JC nous nous retrouvons, Aurélien peut-être un peu moins parfois mais cela fait partie de notre identité. Nous avons baigné dans cet univers folk, country, blues américain et donc du coup, nous avons vraiment voulu véhiculer ces influences dans notre musique tout en faisant du métal. Il fallait ce côté agressif, un exutoire, sinon nous aurions fait un groupe de blues. Nous voulions faire du métal mais à notre manière.

Nous ne révolutionnons pas la musique, nous n’avons aucune prétention à ce niveau-là mais il était important de se faire plaisir et ce que nous voulions c’était de la puissance avec également du feeling. Et donc à nos yeux cela passe du métal et du blues.

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04. Je ne sais pas si tu seras d’accord avec moi mais en écoutant l’album, j’ai revu dans ma tête des scènes du film « O’Brother » des frères Coen. Votre musique serait pour moi la bande-son d’une version déjantée de ce film…

C’est amusant que tu mentionnes ce film car oui cela nous correspond bien. C’est une Amérique un peu clichée qui est présentée. Nous idéalisons cette période, comme pour le blues, il y a beaucoup de rêve, un mythe autour de l’origine du blues, ce brassage de culture n’est pas né en un jour. Et cette référence à ce film tombe bien car nous avons récemment tourné un clip qui sera bientôt projeté et je trouve qu’il y a un esprit un peu « O’Brother » qui se dégage de ces images.

Mais je n’en dirai pas plus. C’est chouette car si nous parvenons à instiller cela dans la tête de l’auditeur c’est que nous avons réussi à insuffler une dose d’authenticité dans notre musique qui est pourtant très actuelle. Et c’est cela que nous recherchons, évoquer cette image sudiste tout en exprimant cette violence, cette rage que nous portons en nous au quotidien. C’est ce qui nous plait.

 

05. Que retiendrais-tu de la période Pregnant With Promise ?

Le titre de l’album dit un peu tout, c’était une période riche en promesses. Ce fut un peu de plus pour nous, carrément, pour la maitrise de nos instruments de la composition, pour voir si nous étions tous les quatre assez solides pour continuer à faire ensemble de la musique car il s’agit d’un investissement constant : physique, matériel, financier. C’est un gouffre, le mec qui fait des albums maintenant il est maso. Surtout nous en fait car quand nous rentrons en studio c’est pour six semaines. Ce n’est pas comme si nous étions chez nous à chacun enregistrer sa partie, les batteries sur easydrummer… Nous faisons les choses à l’ancienne mais c’est important pour nous.

Si nous faisions cela pour l’argent cela se saurait et nous ne ferions pas du métal. Donc à la fin de la période de l’album précédent nous étions rassurés nous proposions une musique qui rencontrait son public, nos chansons plaisaient à des gens, nous continuons à faire des bons concerts et nous progressons, nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin. Cela reste une démarche très égoïste, nous faisons cela d’abord pour nous, vendre des cds c’est important pour le label que s’engage à nos côtés et donc doit pouvoir rentrer dans ses frais, cela nous fait plaisir mais dans l’absolu on s’en fout un peu. On nous fait confiance et donc il est important d’avoir cette crédibilité de vendre des albums pour pouvoir poursuivre notre aventure. Arriver en concert et avoir un public réceptif, c’est que du bonus.

Mais les chansons ont composées égoïstement pour nous, 90% du temps nous sommes en répétition, tous les dimanches et tous les mardis, tous les dimanches de 14h à 20h et trois heures les mardis soir et cela depuis dix ans ! Donc les concerts ne représentent que la cerise sur le gâteau. Donc vendre des cds et faire des concerts c’est du bonus, du plaisir mais cela ne représente qu’une petite partie de notre vie de musicien.

 

06. Quelle a été votre idée, votre démarche à l’aune de la composition de ce troisième disque ?

Nous voulions aller plus loin dans la préparation et la réalisation de l’l’album, rajouter des interludes, intégrer de nouveaux instruments… Aller plus loin dans l’ambiance que nous insufflons dans notre musique. Ensuite les morceaux ils viennent naturellement, l’inspiration ne se commande pas. Parfois ils arrivent supers bluesy mais cela peut parfois tomber dans le stoner ou ressembler à des choses déjà proposées mille fois. Donc là tu t’arrêtes et tu te dis que tu fais fausse route.

Des fois tu fais un truc super métal et c’est trop, cela ne s’inscrit pas dans ce que nous voulons dégager comme ambiance. Donc il faut travailler pour aboutir à un pur titre RED MOURNING, avoir suivi un certain cheminement. Il n’y a pas de recette toute faite mais à l’écoute il faut que la puissance et le feeling apparaissent.

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07. A la veille de la sortie de ce troisième album comment vous sentez-vous vis-à-vis de ces chansons ?

Pour moi le sentiment qui clairement prédomine c’est la satisfaction d’être arrivé au bout d’un processus et de pouvoir proposer un nouvel album. Je ne vois pas vraiment de stress, les gens n’aiment pas et bien c’est comme ça, cela ne se commande pas et si les gens aiment et bien tant mieux. Si personne n’aime nous aurons au moins la satisfaction d’avoir fait une musique sincère. Nous sommes perfectionnistes mais pour l’instant dans ce nouvel album, il y a très peu de passages où je me dis que nous aurions pu faire mieux ou en tout cas autrement.

Je prends plaisir à l’écouter si j’en ai l’occasion même si je ne me masturbe pas à l’écouter tous les jours. C’est un peu se regarder dans un miroir, un petit côté narcissique. Nous acceptons toutes les critiques positives et négatives mais il faut que le propos soit construit.

 

08. Pourquoi ce choix de Francis Caste (BUKOWSKI, THE STICKY BOYS, SVART CROWN) ? Il semble devenir le producteur à la mode en France…

Nous avons commencé à enregistrer avec lui en 2007, il devait déjà avoir enregistré THE ARRS. Il nous semblait être la bonne personne pour nous, l’aspect être à la mode ou pas ne rentre pas en ligne de compte, on s’en fout. Il nous connait, nous le connaissons, nous ne trainons pas avec lui tous les jours mais quand on se voit nous sommes contents et c’est un plaisir de bosser avec lui. Il est très pro, il sait mettre en confiance les musiciens et il sait aussi nous pousser dans la bonne direction.

Nous n’avons pas bossé avec un autre ingé-son et je ne sais pas si nous avons les moyens, le jeu, les épaules pour se mettre en danger et tenter l’aventure dans un autre studio pour au final ne pas pouvoir obtenir quelque chose de mieux que ce que nous avons avec Francis. Pourquoi pas un jour changer mais pour l’instant nous sommes très satisfait et si nous faisons un quatrième album avec lui, nous serons, je pense, les détenteurs d’un record d’albums enregistrés chez Francis !

 

09. Que peux-tu nous dire de la pochette plutôt sympa, comment avez-vous travaillé avec Hicham Haddaji ?

Premier album une pochette que nous trouvons tous bien, réalisé par un graphiste de notre label. Elle convient à notre besoin à l’époque, nous n’étions pas très exigeants car c’était une opportunité d’avoir une pochette gratos donc tu ne fais pas les divas. Elle est sympa. Pour le second album, nous avons essayé de faire quelque chose qui allait à contre-courant des pochettes de métal mas nous ne sommes pas allés au fond des choses avec le graphiste car nous n’avons pas eu beaucoup de communication, d’échanges avec lui. Nous aurions dû être plus exigeants, ce n’est pas le visuel sont nous sommes le plus fiers. C’est un peu facile par rapport au titre de l’album.

Donc pour le troisième nous voulions prendre le temps d’avoir vraiment le visuel dont nous rêvions, arrêter de faire des compromis. Donc on va s’offrir un pro et on va le faire chier jusqu’à obtenir le résultat final rêvé. Et donc nous avons mis six mois pour obtenir cette pochette, avec d’incessants échanges de mails avec Hicham qui a été ultra-pro. Même si on le paye nous avons été vraiment casse-couilles… Au début on l’a laissé faire en lui disant simplement ce que nous avions en tête mais il avait les mains libres. Nous voulions une pochette massive mais avec deux lectures, un rapport avec le blues mais aussi avec le titre de l’album. Le cahier des charges un peu dément. Hicham a d’abord dit non, ne pensant pas pouvoir rassembler son univers au nôtre. Et nous l’avons relancé et il a fait des essais.

Aonc après de nombreux échanges nous avons réussi à atteindre ce visuel, cet homme enchainé. Donc de loin on voit ce géant, et de près tu vois ces bagnards qui cassent des cailloux aux pieds du géant comme un tableau à la Bruegel… Tu peux te perdre dans les détails de la pochette et imaginer ce qui se passe dans la tête des mecs qui cassent des cailloux. Avec cette couleur ocre, mystérieuse… Tout est voulu, pensé sur cette pochette. Nous n’étions pas assez exigeants dans le passé mais c’est de notre faute nous ne pouvons en demander plus à notre label. Donc là c’est nous qui avons payé.

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10. Et pourquoi changer à chaque album de logo ?

Et bien jusqu’à présent nous n’avons pas réussi à avoir de logo. On cherche encore et encore, sans vraiment trouver. Nous avons demandé à Hicham mais il n’est pas à fond dans les logos. On n’y arrive tout simplement pas, j’aime bien pas contre la police d’écriture utilisée sur l’album. Donc je ne sais pas, cela restera peut-être comme cela. Ce n’est pas la fin du monde mais un bon logo est catchy, il attrape l’œil et c’est sympa. On tâtonne totalement, nous aimerions trouver un visuel fixe, comme le style du groupe, tu trouveras de tout.

 

11. Vous avez tourné récemment une vidéo ? Quel titre ? Et appréciez-vous ce type d’exercice (One Step Away sur le précédent) ?

Le clip qui arrive est pour le titre « The Sound Of Flies ». On tourne avec Fred Sorel, le réalisateur et aussi l’acteur et qui a d’ailleurs un petit rôle dans « Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? ». Il donne la réplique à Christian Clavier. C’est super pro, comme pour Francis, chacun dans son domaine c’est un plaisir de bosser avec des mecs comme cela. C’est un magicien car avec trois francs et six sous il fait de belles choses. Il a monteur qui s’appelle Fred Noël est qui est aussi un mec exceptionnel, un gourou du montage et donc nous sommes très satisfaits.

Pour le deuxième album nous nous sommes beaucoup amusés mais si cela représente bien du travail de faire encore et encore les mêmes choses. Et là pour le clip de cet album, là aussi beaucoup de travail, avec un résultat qui sort de l’ordinaire, des parties scénarisées… Nous avons voulu allez à contre-courant du clip métal classique. A voir si tout va bien le 23 mai lors de la release party sinon diffusion massive via les réseaux sociaux.

 

12. Quels sont tes espoirs et tes attentes pour RED MOURNING ?

Nous aimerions bien pouvoir tourner le plus possible, éventuellement, pourquoi pas, avoir un tourneur, un professionnel qui s’occupe de nous, décrocher une première partie d’un groupe plus important en France ou en Europe. Si j’avais une baguette magique et que je pouvais choisir d’ouvrir pour le groupe que je veux, ce serait MASTODON. Sans hésiter, une grosse influence pour nous sur notre approche du chant par exemple. L’affiche aurait de la gueule…

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Et enfin "Le Quizz De Métal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview

1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

Là, à l’instant où l’on se parle ce serait une chanson country de FLORIDA GEORGIA LINE « Tip It Back ». C’est de la new country super efficace…

 

2. Le déclic qui t’a fait de lancer dans l’apprentissage de la guitare ?

En matière de guitare le déclic a été quand j’ai vu le clip de « 5 Minutes Alone » de PANTERA. J’aimais leur second degré.

 

3. Premier album acheté ?

RAGE AGAINST THE MACHINE, mon premier cd rock acheté. Mais une amie de ma mère m’a filé tous les vinyles dont elle voulait se débarrasser, ROLLING STONES, DEEP PURPLE… Donc une découverte du rock à partir de 15-16 ans.

 

4. Dernier album acheté ?

Port of Morrow du groupe THE SHINS. C’est de l’indi pop américaine et j’en suis hyper fan, après les BEATLES il n’y a pas mieux.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

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