Archive for septembre, 2014

Son : Très bon.
Lumières : Bonnes.
Affluence : Soutenue.
Ambiance : Bon enfant.
Moments forts : Benighted, Tagada Jones, Behemoth, Shining.

Cette seconde journée sur le site de Kerboulard commence un peu tardivement, soit après les deux premiers groupes. Enemy of the enemy déboule et surprend l’assistance. Voulant remettre au goût du jour une fusion antédiluvienne, le quartet prend le risque de se prendre un vent. Par bonheur, ce n’est pas le cas ; le public adhère plutôt bien à cette mollassonne resucée de Sugar Ray. Bloqué dans les Nineties, Enemy of the enemy amuse au mieux… Ennuie, au pire.

Enemy Of The Enemy (59)

Avec The Decline, pas de déception à noter. Les Rennais nous assènent un punk rock à l’ancienne. Leur musique est revigorante, pêchue et donne l’irrésistible envie de s’installer près du zinc d’un pub irlandais. Le tout est mené par un chanteur à la gouaille imparable qui comble un public connaisseur. Une conclusion s’impose: ce punk rock sympathique et sans prétention fait de The Decline un groupe à suivre.

The Decline (65)

La venue de Brother Dege au Motocultor reste un mystère. S’il bénéficie d’un minimum de reconnaissance, via sa participation à la bande originale du dernier Tarantino, cet artiste reste difficile à cerner musicalement. A la fois folk, psyché et planante, sa musique déconcerte et, au final, provoque l’ennui. On subit plus qu’on apprécie cette musique. Elle nous incite même à rejoindre le sympathique Metal Market qui nous tendait les bras.

Brother Dege (27)

Carnival in Coal, dont c’est le tour d’honneur, a délivré une prestation honorable. L’orchestre, mené par un Arno Strobl très en voix, assure le job avec bonheur. Il semble beaucoup s’amuser. Strobl, même s’il est diminué par une entorse, communique son enthousiasme. Il est plaisant d’entendre le cultissime “Yeah, oystaz” et de guincher sur la reprise de “Maniac” où le groupe est rejoint par l’honorable Stephane Buriez. Bon concert, même si un peu plus de folie aurait été la bienvenue.

CinC (75)

La première grosse fessée de la journée nous est donnée par Benighted. Le groupe est en grande forme. En enchaînant de manière quasiment ininterrompue ses brûlots death-grind, les Stéphanois ne peuvent pas se tromper. Benighted n’a jamais été aussi bon et provoque les premiers vrais remous dans la fosse. Fiévreuse, la formation ne débande pas un seul moment et sort victorieuse de l’arène. Julien (voix) et Olivier (guitares) peuvent être fier de ce qu’est devenu Benighted : un groupe extrême qui compte. Le public est rincé, heureux d’avoir assisté à un des meilleurs concerts de la journée.

Benighted (164)

Benediction ne s’est pas non plus fait prier. Le groupe de Darren Brookes, Peter Rew et Frank Healy affiche une forme éclatante. Mené depuis un petit bout de temps par le très compétent Dave Hunt (hurleur chez Anaal Nathrakh),il fait ce qu’il sait faire de mieux : du death old school. Puissant et en aucun cas rétrograde, Benediction nous livre un show tendu, mais bon enfant. Voir ces académiciens du death prendre du plaisir et entretenir cette flamme loin de se tarir, ça fait du bien.

Benediction (31)

Tagada Jones, fort d’un excellent dernier album, est un groupe né pour la scène. Les Bretons nous démontrent, une fois encore, qu’ils restent les maîtres dans ce domaine. Tendus, les Tagada Jones rentrent sans attendre dans le vif du sujet. « De l’amour et du sang », puis « Instinct sauvage » ne font pas de quartier ; le public prend une claque. Le chant de Niko est enragé tandis que Stef semble remonté comme un coucou suisse. En finissant son show avec le fédérateur « Karim et Juliette », le groupe est à son meilleur. Toujours revendicatif et de plus en plus violent musicalement, Tagada Jones reste nécessaire ; il ne s’est guère émoussé en plus de vingt ans. Véritable antidote à la connerie et au marasme ambiant, Tagada Jones est un groupe des plus respectables.

Tagada Jones (90)

On ne présente plus Mumakil, véritable rouleau compresseur grind helvète. Le quartet n’y va pas avec le dos de la cuillère pour violenter l’audience. La musique de Mumakil est véloce, abrupte, frontale. Tom, chanteur qui en impose, hurle à s’en déchirer les cordes vocales, tandis que Jérôme « Jéjé » Pellegrini tricote moult riffs complexes et vicieux. C’est une leçon de grind donnée par un de ses meilleurs représentants.

Mumakil (74)

L’événement du jour, pour beaucoup de personnes, est la venue des Sheriff en terre morbihannaise. Il s’agit ici du dernier concert d’une tournée de reformation inespérée. Pourtant, même s’il fut agréable, ce concert des Sheriff ne tourneboulera pas les esprits. Même si les titres phares sont joués (« C’est pas Verdun », « Bon à rien »…), on se lasse rapidement. Les temps morts cassent une dynamique qui n’est pas à la hauteur de ceux que l’on a nommés exagérément les Ramones français. Reposons nous donc sur les albums du passé, s’il on veut (re)découvrir l’héritage musical des Sheriff.

Sheriff

Il s’en est fallu de peu pour que Behemoth, tête d’affiche du jour, ne joue pas ce soir. Suite à un problème de transport, l’ensemble du décorum du groupe polonais n’a pu arriver sur le site de Kerboulard. Pas démontés pour autant, Nergal et consorts se décident à jouer sans fards, au naturel, bannissant les photographes par la même occasion. Peu importe, la magie est là.
Encapuchonnés comme des Nazguls et soutenus par de superbes lumières, les membres de Behemoth dégagent une aura maléfique. « Blow your trumpets Gabriel », superbe, donne le ton d’un concert anthologique. Noirs, nihilistes et sans compromis, les morceaux s’enchaînent avec limpidité. Pour ne faire plus qu’un.
Délivré de ses oripeaux, Behemoth joue au plus près de l’os; délivre un concert unique qui comptera dans son histoire. La messe se conclue logiquement avec « O Father O Satan O Sun ! » qui convainc même les sceptiques.

Shining

Il est tard quand Shining monte sur scène. C’est sur le terrifiant « Förtvivlan, min arvedel » que commence le grand concert « malade » du Motocultor. L’attitude de Niklas Kvarforth y fait pour beaucoup. Ce dernier fait le show à lui tout seul : agrippant un pauvre photographe, insultant le public et optant pour une attitude clairement misanthrope. Extrême d’un bout à l’autre, tordu, fou et dérangeant, Shining reste un des piliers de la scène black metal actuelle. Pour preuve, le concert de ce soir qui marque la fin des hostilités de la journée.

Nico.

Vous trouverez toutes les photos de l’édition 2014 du Motocultor ici.

Nothing More

oshy_14092014_Nothin_MorEn regardant de plus près la carrière des américains de NOTHING MORE ont peu se dire qu’ils touchent enfin au but avec ce nouvel album éponyme, le sixième, et le premier à sortir sur le (gros) label Eleven Seven Music. Les cinq précédents avaient été autoproduits par le groupe et avaient beaucoup moins fait parler d’eux, sortant dans un quasi-anonymat. Comme quoi, la persévérance a fini par payer. Mais les texans doivent désormais gérer une grosse pression car leur label n’hésite pas à déclarer « qu’à chaque nouvelle décennie, un groupe parvient à renverser la table ou niveau de leur son et de paroles et à sortir des sentiers battus. Pour les fans de rock, ce moment est arrivé à NOTHING MORE ». Rien que ça ! Alors bullshit marketing ou véritable découverte ?

Nous n’allons faire durer plus longtemps le suspens en confirmant que Eleven Seven Music prend ses désirs pour la réalité. Les chansons proposées sur cet album ne manquent pas de qualité et d’attrait mais elles sont loin de révolutionner le genre. NOTHING MORE est gentiment resté dans les clous avec son heavy rock/métal très accessible et accrocheur, une musique calibrée pour plaire à un large public, un album façonner pour rencontrer le succès outre-Atlantique. Le premier single « This Is the Time (Ballast) » s’avère franchement efficace avec une mélodie qui rentre rapidement dans la tête, une grosse rythmique et quelques touches d’agressivité au niveau du chant comme clin d’œil à scène metalcore. Les plus chagrins diront que NOTHING MORE bouffe à tous les râteliers histoire de maximiser ses chances de rencontrer le public. Nous n’irons pas jusque-là, une belle liste de groupes opportunistes ont déjà fait bien pire. Et puis les américains ne tombent pas du ciel, ils ont déjà derrière eux un solide bagage et ont su avancer malgré l’adversité et les galères. Il est temps pour eux de récolter les fruits de leur travail et tant mieux si une fée (un disons plutôt un requin, Eleven Seven ne fera pas de sentiment si les chiffres de vente ne sont pas bons) se penche enfin sur leur berceau.

Il ne fait jeter le bébé avec l’eau du bain. Les amateurs de cette scène américaine très calibrée et formatée trouveront leur compte avec cet album sérieux et appliqué. Ce n’est pas parce que l’on connait le truc utilisé que l’on ne peut pas apprécier un tour de prestidigitation bien exécuté. L’essentiel est de ne pas voir les fils.

Oshyrya (06/10)

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Eleven Seven Music / 2014

Tracklist (62:11 mn) 01. Ocean Floor 02. This Is the Time (Ballast) 03. Christ Copyright 04. Mr. MTV 05. First Punch 06. Gyre 07. The Matthew Effect 08. I’ll Be OK 09. Here’s to the Heartache 10. If I Were 11. Friendly Fire 12. Sex & Lies 13. Jenny 14. God Went North 15. Pyre

adrenaline rush cover 290714Frontiers a plusieurs recettes en sa besace pour ses parutions : requinquer quelques vieilles gloires plus ou moins en veilleuses, créer des super groupes de toutes pièces… et aussi mettre au premier plan une donzelle plutôt fraîche et gironde pour lui faire pousser la chansonnette sur une musique composée par quelques mercenaires musicaux. Citons dans ce dernier cas de figure, l’ineffable Issa, l’insondable Angelica… et maintenant Tave Wanning d’Adrenaline Rush. Car il ne faut pas s’y tromper : malgré l’existence officiel d’un « groupe », il s’agit avant tout de mettre en valeur la chanteuse de pop suédoise (ex Peaches), qui s’essaie ainsi au hard rock mélodique à la manière des nettement plus convaincantes Saraya ou Robin Beck. 

C’est entourée que quatre musiciens de même nationalité, qui font honnêtement le travail mais sans plus, Tave Wanning n’arrive pas à convaincre. La faute à un organe vocal quelque peu faiblard, fréquemment criard et logiquement souvent sous-mixé. Il est triste de constater que ce sont les chœurs qui marquent plus ici que les parties chantées seules par la suédoise. Et puis, il faut bien admettre que les compositions sont d’une grande platitude. Comment oser proposer en guise de single « Changes », un titre au riff extrêmement banal et au refrain à l’avenant ? Au milieu de tout ce marasme, je ne vois que le très « Def Lep’ », « Oh Yeah ! », pour valoir l’écoute. C’est peu.

Baptiste (3,5/10)

Frontiers /2014

Tracklist : 1. Back And Blue 2. Change 3. Generation Left Behind 4. Girls Gone Wild 5. When We’re Gone 6. Want It All 7. Too Young To Die 8.  Oh Yeah 9. No, No, No 10. Playin’ To Win 11. Hit You Like A Rock