Son : Très bon

Lumières : Bonnes.

Affluence : Soutenue.

Ambiance : Bon enfant.

Moments forts : Obituary, Church of Misery, Inquisition, Testament

Dans un festival, quel qu’il soit, le troisième jour est toujours un peu particulier. La fatigue prend généralement le dessus et ralentit nettement le festivalier. Il commence à tourner en rond, il revisite pour la énième fois le metal market et, honte à lui, il s'assoie pour regarder les concerts… Pourtant, cette ultime journée fut motivante. Hormis l'annulation, pour un problème de van, de Six Feet Under, tout s'est bien passé dans l'enceinte du site de Kerboulard.

HeadCharger (49)

Les hostilités commencent avec Headcharger. Le groupe de Caen, bien rodé par des années passées sur la route, ne déçoit pas. Il balance son stoner rock avec vigueur et montre qu'il est possible de faire du bon heavy rock de qualité « made in France ». Un bon show, solide et robuste à l'image de sa musique.

Qatice (67)

L'abomination du jour se nomme Qantice. C'est horrible, à la limite du terrifiant. Une sorte de gloubi-boulga prog auquel se mélange un heavy rétrograde. A éviter sous quelque forme que ce soit.

Church Of Misery (163)

Le niveau remonte de plusieurs milliers de kilomètres avec l'arrivée sur la DaveMustage des Japonais de Church of misery. A l'image de son chanteur, Hideki Fukasawa (sorte de David Coverdale nippon), le quatuor est heureux d'être sur scène et donne tout. Vintage en diable, Doom, lente et constamment tournée vers les aspects négatifs de la race humaine, telle est la musique de ce quatuor qui possède un potentiel énorme.

Inquisition (013)

Changement d'ambiance et de style avec Inquisition. Le black metal du duo est sans compromis, cru, abrasif, mais n'oublie pas d'être accessible. A l'image de leur dernier effort, le brillant Obscure verse from the multiverse, Dagon et Incubus font avancer le schmilblick metal. Ils possèdent une vision bien particulière de ce que doit être le black metal. Brillant et intelligent.

Naïve (56)

Quand le festivalier farfouille sur les stands du metal market, son regard s'arrête sur la boutique d'un groupe et sur un titre qui saute aux yeux : « Trip Hop Metal ». Le mystère se lève lorsque Naïve investit la Suppositor Stage. Ce trio toulousain surprend et charme avec ce metal atmosphérique. C'est prenant, fort et ça ne laisse pas de marbre. Naïve est LA découverte du festival. Ca donne envie de se pencher sur leur album Illuminatis.

Obituary (99)

Les dieux du death metal sont de retour. Enfin débarrassé de l'immonde Ralph Santola, Obituary retrouve la dynamique de ses débuts. Les frères Tardy et Trevor Peres ne se sont pas trompés en recrutant le mythique Terry Butler (Massacre, Death, Six Feet Under) et l'inconnu Kenny Andrews. Le groupe est radieux ; il n'a jamais été aussi efficace. C'est une flopée de tubes (« Chopped in half », « Back to one », « Slowly we rot », etc.) qui s’abat sur le public. Chauffé à blanc, il n'est que sourires et pogo. Les morceaux tirés du prochain album (Inked in blood) donnent aussi l'eau à la bouche… Que demander de plus ?

LoudBlast (41)

Loudblast, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, a donné une prestation remarquable. Fort d'un Burial Ground étonnant, la formation de Stéphane Buriez semble avoir la rage. Alex Lenormand (basse) et Drakhian (guitare) apportent une plus-value incontestable et soutiennent avec efficacité leur leader. Tendus comme un slip, les Loudblast montrent qu'il faut encore compter avec eux. Avec cette set list impeccable et une bonne attitude, Loudblast remporte la mise et arrive encore à surprendre.

In Extremo (15)

In extremo arrive sur scène. Tout de suite, la troupe nous fait comprendre qu'on va assister à un concert détendu. Sa musique n'est pas prise de tête ; on se prend vite au jeu de ce metal à biniou. Les membres du groupe sont hilares ; on sent une réelle connivence, un plaisir de jouer évident. Le public réagit bien. Longtemps après ce joyeux concert, on se surprendra à fredonner leur hymne absolu, l’irrésistible et évident « Feuertaufe ».

Belphegor (29)

La nuit commence à tomber. C'est au tour des maléfiques Belphegor de venir cracher leur haine de ce monde décadent. Helmuth et Serpenth, leaders historiques, n'y vont pas de main morte ; ils propulsent leur black sulfureux dans une autre dimension. Avec l'ensemble des clichés qui va avec : corpse paint, attitude rageuse et provocations faciles. Mais le pire, c'est que ça marche à 100%. Belphegor trouve l'équilibre parfait entre le ridicule et une efficacité brute. C'est très, très bon, mais ne soyons pas dupes. Tout cela n'est que du spectacle. Jouissif.

Epica (3)

Epica monte sur scène. Un autre univers s'offre à nous. Les fans sont au taquet. Quand leur idole de toujours, la belle Simone Simons, débarque sur scène, c'est l’apothéose. Le show est rodé, sans défaut ; on se prend très rapidement au jeu. Mainstream et fier de l'être, Epica ne s'en cache pas et reste bien ancré dans une culture metal que d'autres ténors du genre ont vite délaissée. Rien que pour cela, Epica mérite le respect.

Testament (95)

C'est la fin du festival… Testament s’apprête à donner l'ultime show de ces trois jours incroyables. Motivé, le public se prépare à recevoir une leçon de thrash dans les grandes largeurs. Les boys de Chuck Billy et Eric Peterson sont en grande forme ; ils nous le démontrent tout au long d'un concert d’anthologie. Les guitares d'Alex Skolnick sont affûtées, la batterie de Gene Hoglan explose sous son pilonnage intensif et la basse de Steve DiGorgio (remplaçant un Greg Christian encore démissionnaire) claque. Le groupe est à son meilleur. La set list, parfaite, démontre une fois de plus que Testament mérite son statut de légende du thrash.

Pour cette édition 2014 du Motocultor, le bilan est donc POSITIF. Hormis quelques changements impromptus de plateaux et plusieurs malheureuses annulations, il n'y a rien à redire. Le Motocultor reste un festival humain, sympathique et plutôt aventureux avec sa programmation éclectique. On est ici loin des grosses usines à gaz où l'on débite de la musique à qui mieux, mieux. C'est ce qui fait tout son charme. La seule chose qu'on a envie de faire à la fin de ces trois jours, c'est de revenir l'année suivante.

Nico.

Vous trouverez toutes les photos de l'édition 2014 du Motocultor ici.