Voilà un groupe qui n’a pas eu froid aux yeux. Un groupe qui a su, depuis Í Blóði og Anda, mener sa barque comme il l’entend, quitte à changer radicalement de cap, quitte à faire des déçus pour mieux séduire d’autres. Un groupe libre, qui ne se laisse enfermer dans aucun carcan, et qui frappe cette année un grand coup avec un des albums les plus touchants de l’année. Le genre de galette qui a su me détourner de toutes les sorties brutales de l’année suffisamment de fois pour que je me dise que ce groupe a quelque chose de spécial, que cet album a vraiment quelque chose d’unique.

Les forces d'Ótta ? Elles sont nombreuses. Tout d’abord, il y a ce chant en islandais. Cela peut sembler stupide, mais un album dans une langue que l’on ne maîtrise pas du tout peut prendre une envergure différente. Ici, on ne tente pas de suivre le texte, de reconnaître les paroles. Le chant devient un autre instrument, et on se laisse porter par ces mélopées incompréhensibles prononcées par un frontman au chant superbe.

Mais limiter Solstafir a un seul chanteur serait un affront cinglant aux autres membres du groupe, à tous ceux qui, par une ligne de piano, un soupçon de violon, une touche de banjo ou au moyen d’instruments plus « classiques », ont su insuffler dans cet album une certaine mélancolie, une ambiance particulière, jamais tout à fait sombre, ni totalement claire, et ce alors que l’album est subdivisé en huit pistes représentant chacune une tranche de la journée, une manière plus « large » de diviser une journée et de compter le temps.

Le temps : voilà le principal protagoniste de cet album. Ótta appelle au calme, au repos. Il se savoure idéalement quand on prend le temps de l’écouter. Pour tout vous dire, contrairement à presque tous les autres albums que j’écoute en nomade dans le train ou au bureau, Ótta fait partie de ces rares albums (avec la plupart des albums d’Ulver) pour lesquels je prends le temps. Pas question de faire autre chose en même temps et de le confiner à l’arrière-plan, en musique de fond. Cet album est unique. Ce groupe est unique, un peu comme Ulver d’ailleurs. Et qui dit groupe unique dit traitement de faveur. Prenez le temps d’écouter cet album, confortablement installé, avec un bon casque… et évadez-vous.

Mister Patate (9/10)

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Season Of Mist Records / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. Lágnætti 2. Ótta 3. Rismál 4. Dagmál 5. Miðdegi 6. Nón 7. Miðaftann 8. Náttmál