oshy_news_AkromPour son troisième album, Akroma a décidé de mettre les petits plats dans les grands en nous proposant un concept-album débordant d’audace. Jugez-en par vous-même : outre le groupe lui-même, on retrouve sur La Cène pas moins de trois musiciens et 12 chanteurs (chacun endossant le rôle d’un apôtre) invités. Ajoutez à cela un abbé appelé en renfort en tant que consultant théologien et vous comprenez rapidement qu’Akroma a voulu aller dans le détail et nous livrer un produit aussi pointu que possible. Sur le papier, on tient peut-être le projet le plus ambitieux et potentiellement le plus intéressant depuis un bon bout de temps au niveau de la scène française, mais j’ai appris à me méfier de ces patchworks de talent qui, au final, laissaient l’auditeur sur sa faim.

Sur un plan purement musical, La Cène met la barre extrêmement haut. À vrai dire, le dernier album qui m’avait autant impressionné par sa complexité et sa recherche était The Cadaverous Retaliation Agenda de The Project Hate MCMXCIX. Mis à part un ou deux points minimes (une orchestration un peu moins réussie sur « Matthieu », par exemple), Akroma nous livre une prestation époustouflante, et ce tant sur le plan purement Metal (guitare, batterie, basses) que sur les arrangements symphoniques. Les morceaux ont beau être longs, ils parviennent bel et bien à capter toute l’attention de bout en bout. C’est complexe, c’est bourré de détails, c’est cohérent… Ça fait plaisir de voir des musiciens en mesure d’atteindre un tel niveau de symbiose et de maîtrise. Si cet album avait été un instrumental, il se serait hissé sans peine sur la première marche de mon Top 2014.

Cette dernière phrase devrait donc vous mettre la puce à l’oreille. En effet, à vouloir être si ambitieux, le groupe a commis – à mes yeux – une erreur. En effet, en prenant l’initiative d’inviter douze chanteurs (un par morceau), Akroma a aussi pris le risque de placer son chanteur face à autant de « concurrents », et il était presque évident qu’au moins un de ces guests fasse de l’ombre au frontman. Malheureusement, dans le cas présent, plus d’un tiers des guests relèguent le chanteur principal à l’arrière-plan, à tel point qu’on en vient à se poser la question qui fâche : cet album n’aurait-il pas mérité un autre chanteur principal ? Assistons-nous à une « erreur de casting », où les seconds rôles éclipsent la performance de celui qui aurait dû attirer tous les regards ? Selon moi, ces deux questions n’appellent qu’une seule réponse : oui. Oui, cet album aurait pu prendre une dimension encore plus impressionnante avec un « meilleur » chanteur, et oui, certains guests avaient clairement la carrure pour endosser ce rôle, Black Messiah (Seth) en tête.

Je me répète : d’un point de vue musical, cet album est un chef-d’œuvre. La déception est donc d’autant plus marquée au fil des écoutes, tant le chant de Bob s’avère irritant sur la longueur. De tout bonnement génial, La Cène dégringole au niveau d’album de qualité auquel il manque un petit quelque chose pour véritablement se démarquer. Si Akroma doit truster une première place pour l’année 2014, ce sera plutôt, chez moi, du côté des déceptions…

Mister Patate (7,5/10)

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Fantai’zic Productions / 2014
Tracklist (74:14) 1. Pierre 2. Thomas 3. Jacques 4. Barthélémy 5. Matthieu 6. Jude 7. Simon 8. André 9. Jean 10. Philippe 11. Jacques, fils d'Alphée 12. Judas