Herrschaft coverAujourd'hui, il n'est pas particulièrement choquant de trouver que tout se ressemble. Surtout dans l'extrême. De là à dire que c'est extrêmement chiant, il n'y a qu'un pas et un jeu de mot particulièrement accablant – que j'effectue avec joie, car comme vous le savez peut-être, je suis un homme de goût. De mauvais goût.

Toutes les scènes s'observent, se singent. Parce qu'il faut bien plaire. On a tous cherché à être le plus populaire de la cour de récré  ; si tu ne voulais pas rester seul sur ton banc en attendant la sonnerie, il fallait être type. Donc le jour où le petit Kevin de la 4ème C s'est ramener avec le futal au milieu de la raie, tout le monde a baissé son froc. Sans remettre en question la pertinence du truc. C'était la chose à faire, c'est tout. Baisser son putain de froc. Transposé dans la grande cour de récréation de la musique metal, cette frénésie du cool a parfois des conséquences fâcheuses. Le dubstep fait fureur? Dans deux mois tu trouves du wobble partout. Il y a une scène en particulier qui applique cette règle à la lettre… c'est le cyber. Ou l'electro metal. Peu importe, boots fluos et masque à gaz mis à part, c'est la même chose – entre Animatronic de Kovenant et Termination Bliss de Deathstars, c'est le jeu des sept différences. Il n'y a que ces nazes de Tenebrarum Infanteus qui sont trop mauvais pour être copiés, et encore… Alors quand un album a le mérite de sortir un peu du lot, ce n'est pas plus mal de le mentionner.

Les français de Herrschaft viennent de sortir "Les 12 vertiges". Un album qui, sans être d'une originalité redoutable, reste très décemment exécuté dans sa qualité d'easy listening. "Gates To Dreams" est un premier titre accrocheur à l'atmosphère travaillée. La qualité de la production frappe instantanément  ; c'est sans doute l'aspect le plus soigné de l'album, avec un mixage et un mastering qui se hissent vraiment au-dessus de la masse des productions clinquantes et très cheapos qui caractérisent la scène. Les sonorités sont choisies avec soin, et le rendu est très bon. Parfois plus dansant comme sur "Whispering Clouds" ou avec un tempo plus posé à la manière d'"Endlessly Revolving". Une fois qu'on a apprécié la qualité des compos, d'autres éléments commencent à frapper l'oreille – la richesse des featuring, par exemple. Ça commence par une certaine Jessie Christ, dont les apparitions sont bien amenées et très remarquées. On retrouve ensuite  Krank Nox de Dexy Corp, et C.N.X. de N.e.m.e.syS., qui contribuent à apporter un peu de fraîcheur et permettent d'explorer d'autres facettes musicales. Plus on avance et plus on constate que tout est très bien installé  ; le son des guitares très abrasif, très metal, et laisse sa marque tout au long de l'écoute.

En définitive, l'album est bien ficelé et je lui reconnais un grand nombre de qualités objectives. Le fait que je sois un sale con aigri quotidiennement bercé entre dictature et karaoké ne doit absolument pas influencer votre jugement  ; mon enthousiasme est inversement proportionnel au vôtre.

Ymishima (7/10)


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Code666/Season of Mist/2013

Tracklist (54:00) 1. Gates to Dream 2. Kimi Ga Yo (ft. Jessie Christ) 3. Disorder Mind Mechanics 4. Seducing Dementia (ft. Jessie Christ) 5. Rat in Cage (ft. Krank Nox) 6. Endlessly Revolving 7. Whispering Clouds (ft. Jessie Christ) 8. Bloodpulse 9. Virtual Medication 10. Allmighty (ft. C.N.X.) 11. Thirty-Six 12. Mephedron Trip