J’ai toujours accordé énormément d’importance à Enslaved. Ce groupe dont je trouve le parcours irréprochable et qui a su s’émanciper dès le départ de sa carrière des formations Black Metal de la seconde vague scandinave dans les 90s tant en terme de compositions que d’imagerie ou de thématique. Souvent esseulé à la marge et faisant preuve d’une incroyable abnégation dans sa démarche artistique. On peut même aisément le considérer comme le parrain du courant Viking Black Metal et indirectement de la scène Pagan Black Metal qui en découla et dont le père fondateur reste le grand Bathory.

 
Sa musique sur des albums tels que Frost, Elde, Blodhemn, Mardraum, Monumension ou le superbe Below the Lights était déjà très progressive, emprunte de mysticisme et de psychédélisme tout en ayant une touche Rock’n’Roll dans le riffing et Folk par moments. C’est pour cela que j’ai toujours trouvé ridicule et pathétique mais surtout faisant preuve d’une grande méconnaissance dans la genèse de la musique d’Enslaved, les railleries ou procès en sorcellerie dont il fait souvent l’objet. Certains vont même jusqu’à comparer sa musique à celle d’Opeth : WTF !


Pour ce qui est de mon point de vue, il est simple et clair : Enslaved et ce à toutes les périodes de sa carrière transcende un héritage Black Metal pour tendre vers ce second aspect de sa personnalité musicale qui est un héritage Rock Progressif des 70s. Il est vrai que c’est une démarche que Opeth a eu (le psychédélisme en moins) à un moment de sa carrière sous un angle Death Metal mais qu’il a laissé tomber il y a belle lurette ! Histoire de couper court à tous ces commentaires d’une faiblesse intellectuelle digne d’une Téléréalité de NRJ12 ! Un peu de sérieux s’il vous plait car nous parlons de musique là !


En ce qui concerne la musique que nous propose le Enslaved millésime 2015 avec In Times, c’est simple cet album répond entièrement aux critères définis par sa musique depuis plus de vingt ans à savoir ce que j’ai dit un peu plus haut. En effet dès l’entame de l’album sur « Thurisaz Dreaming » Enslaved bombe le torse et nous expose sa carrure Black Metal aux relents Pagan de manière plus virile que ce qu’il a pu faire deux ans auparavant. En gardant malgré tous ses aérations Rock Progressif qui resteront la marque de fabrique du groupe sur tout l’album à venir. Dans le même ordre d’idée des morceaux comme l’imposant et majestueux « In Times », le très réussi « One Thousand Years of Rain » au propos Pagan qui à la minute 5 prend toute son emphase magique et ravive un feu sacré ou « Nauthir Bleeding » faussement calme qui gagne en intensité afin de mieux retomber dans des errances oniriques et progressives sur sa fin. Ces titres restent assez massifs et auraient très bien pu figurer sur des albums comme Axioma Ethica Odini ou Below the Lights. « Building with Fire » ou « Daylight » qui sont majoritairement mid-tempo ont leurs charmes sinueux et font beaucoup penser à RIITIIR mais ils leurs manquent cet espèce de mise sur orbite délicieusement Progressive et Psychédélique propre à tous les morceaux de cet avant-dernier album.


En résumé les fans de la dernière heure comme ceux d’une époque un peu plus lointaine notamment celle de Below the Lights ou d’Axioma Ethica Odini risquent d’adhérer à In Times. Tout y est présent pour les satisfaire. En revanche pour ma part même si j’ai apprécié le voyage proposé par Enslaved, je ne peux m’empêcher de ressentir une sorte de regret quant au traitement sonore réservé à In Times. Oui je regrette le formidable travail accompli sur RIITIIR. Il a été ici délaissé au profit d’une production moins vintage et plus Metal contemporaine. C’est dommage car du coup Enslaved rebrousse le chemin qu’il avait su remarquablement emprunter sur RIITIIR et laisse s’échapper les jeunes loups que sont Morbus Chron, Horrendus et autres Execration avec leurs dernières productions vintages et atypiques dans notre paysage Metal Extreme contemporain. C’est la seule raison pour laquelle j’ai été un peu déçu par Enslaved avec cet album. J’ai peur que ce soit un acte manqué à vrai dire. C’est vraiment con enfin passons.

 
FalculA (7,5/10)


Facebook Officiel
Site Officiel


Nuclear Blast / 2015
Tracklist (53:05) : 1. Thurisaz Dreaming 2.    Building with Fire 3.    One Thousand Years of Rain 4. Nauthir Bleeding 5.    In Times 6. Daylight