Ulver, Manes, Dodheimsgard, God Is An Astronaut : voici les 4 noms cités en références pour ce premier effort d’Omrade, duo français sorti de nulle part. Il faut être particulièrement sûr de soi ou complètement inconscient pour oser un tel namedropping pour décrire son œuvre quand on a encore tout à prouver, tant ces groupes ont su, au fil des ans, atteindre des sommets. J’étais donc à la fois curieux et circonspect. Alors Edari, vague promesse qui débouchera sur une énième déception ou révélation de l’année ?

Bon, on va faire simple : Omrade m’a mis une claque. En Avantgarde Metal, quand on voit ce que la concurrence peut faire, on est pour ainsi dire obligés de se surpasser, de se transcender pour ne pas passer pour un vulgaire « clone de », et Omrade l’a parfaitement compris. Certes, on reconnaît les influences citées plus haut, plus particulièrement Ulver et Manes à mes yeux (parce qu’en matière d’éclectisme, je trouve qu’Ulver a fait plus que DHG, mais c’est un point de vue personnel), mais Omrade ne verse pas pour autant dans l’hommage à ces formations et sait tisser sa toile, créer son ambiance, son univers. Le propos est majoritairement sombre, tantôt apaisé, tantôt presque martial (« Ottaa Sen ») avec ces quelques touches plus lumineuses qui ajoutent du relief à l’album, la trame Metal est parsemée d’éléments moins traditionnels (rythmiques électro, cuivres) qui viennent vraiment apporter un petit quelque chose en plus (« Satellite And Narrow » avec le chant d’Asphodel est une véritable pépite). Rien n’est laissé au hasard, rien n’est fortuit, tout est calculé, pesé, réfléchi… et efficace. Même l’apparition de Guillaume Bideau sur « Luxurious Agony » est une réussite, et pourtant Dieu sait que son chant clair me dérange au plus haut point sur les albums de One Way Mirror. Ici, c’est beau, c’est propre, c’est touchant, je découvre enfin une facette de Guillaume Bideau qui me convainc réellement.

Edari est une réussite insolente, qui se moque des limites et se libère du carcan d’un genre pour faire ce que bon lui semble. Un peu à l’instar d’un Vulture Industries (qui s’inscrit, lui, dans la lignée d’Arcturus), Omrade marche dans les pas de ses idoles et rejoint cette scène Avantgarde norvégienne avec une facilité déconcertante. En dosant sciemment influences et personnalité propre, le duo – bien entouré de quelques guests – livre un album abouti, sans défaut et qui fait fi de toutes les barrières. Bravo, Messieurs.

Mister Porn (9,5/10)

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My Kingdom Music / 2015
Tracklist (46:40) 1. Motsogn 2. Mann Forelder 3. Luxurious Agony 4. Satellite And Narrow 5. Aben Dor 6. Friendly Herpes 7. Skam Parfyme 8. Ottaa Sen