Archive for avril, 2015

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01. Quel est ton sentiment sur cette nouvelle aventure dans la vie du groupe avec ce nouvel album, Shadowmaker ?

Nous avons terminé l’aventure précédente avec la tournée de 7th Symphony en étant très fatigués. Nous nous sommes alors rendu compte que nous n’avions pas vraiment arrêté depuis des années, enchaînant sans arrêt les tournées et nous ressentions alors une certaine lassitude. Il nous fallait faire un break, marqué vraiment une vraie coupure, plus longue que d’habitude, afin de recharger les batteries et repartir frais. Nous restions chacun de notre côté sans même nous appeler. Cela a duré ainsi plusieurs mois et ce fut très positif.

L’ambiance est bonne dans le groupe mais nous un presque un vieux groupe maintenant et nous devons être attentifs aux différentes étapes à franchir. Nous ne voulons pas surtout perdre la passion et finir par composer de la musique de façon presque automatique. Nous nous sommes également lancés dans divers projets plus orientés musique classique et ils ont été très positifs pour nous pour renouveler notre créativité. Quand nous nous sommes alors lancés dans l’aventure de ce nouvel album, nous étions très concentrés en voulant revenir à l’essentiel et en capitalisant sur toutes ces belles expériences des derniers mois. Et nous voulions revenir à la base sans accueillir beaucoup d’invités contrairement à nos habitudes des derniers disques. Et cela passait aussi par une certaine innovation en intégrant un chanteur à plein temps pour pouvoir travailler, et répéter avec lui avant d’entrer en studio.

Il fallait trouver la bonne personne, un super chanteur bien sûr mais aussi un type bien que nous pouvions emmener avec nous sur la route pour de longues semaines sans inquiétude. Au niveau de la musique, nous nous sommes aussi laissés plus de liberté, en rejetant tous les dogmes possibles. Sur ce disque, tu trouveras en réalité beaucoup plus de parties de violoncelle que sur les précédents, nous avons retiré tous les instruments additionnels. Presque 100% des sons proposés émanent des violoncelles, tu trouveras bien sûr ici et là des instruments en complément mais finalement très peu.

 

02. Pourquoi avoir pris de temps en les deux derniers albums en dehors de cette période de repos que tu viens de mentionner ?

Le dilemme entre Wagner Reloaded et un nouvel album s’est-il pose ? Bien sûr le Wagner Reloaded a représenté une belle opportunité pour le groupe, faire quelque chose d’un peu différent et sortir de notre routine. Beaucoup de travail mais nous savions que nous pourrions donner le meilleur pour quelques shows. Ce fut très intéressant et excitant, la possibilité de travailler et collaborer avec beaucoup de gens très différents. Mais nous ne voulions pas que cette parenthèse dure trop longtemps et APOCALYPTICA allait redevenir rapidement notre priorité. En fait, le feeling que tu trouveras sur Shadowmaker possède je trouve de nombreux point commun avec notre travail sur l’album Cult.

Tous nos albums ont été importants dans notre carrière mais Cult en particulier a fait tout basculer et nous avons alors pu atteindre un autre niveau. Nous avions alors pris de la distance avec notre concept de reprises de standards métal et nous passions enfin du côté de la création originale. Nous étions encore très jeunes et aussi un peu têtus et nous avons eu de grandes luttes avec notre label finlandais de l’époque car ils voulaient nous vous poursuivre sur la même vois avec un nouvel album composé de reprises. Nous sentions alors que si nous voulions vraiment devenir un véritable groupe, il nous faudrait dépasser ce carcan. C’est pourquoi nous avons proposé Cult. Et il me semble qu’il sonne toujours de façon assez révolutionnaire. L’APOCALYPTICA que tu connais aujourd’hui est né à ce moment-là.

Avec Shadowmaker nous avons un peu retrouvé une situation similaire, nous étions à une croisée des chemins. Nous n’avions plus de contrat discographique, nous étions libres de faire nos choix. Il n’y a avait plus personne pour nous conseiller ou nous dire quoi faire. Nous étions seuls et nous pouvions donc nous rassembler en studio et laisser notre créativité parler sans limite. Une fois le disque terminé, nous nous sommes à nouveau ouvert vers le monde pour trouver un éditeur et des gens sérieux pour travailler. La liberté artistique totale que nous avons connue à ces deux époques de notre carrière crée forécement un pont entre ces deux albums.

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03. Comment fonctionne la chimie au sein du groupe ? Comment nait une chanson d’APOCALYPTICA ?

La grande différence de méthode pour ce nouvel album s’avère être la présence à nos côté d’un chanteur lors des phases de préparation et de composition, des mois avant l’enregistrement final. Pour la première fois, nous pouvions composer, arranger et construire chaque chanson avec le chant. Et cela a bien sûr un impact sur les chansons et sur notre approche du violoncelle bien sûr. Nous pouvions entendre en temps réel la voix de Franky et donc nous adapter à lui. Moi qui joue beaucoup les parties lead de violoncelle j’ai modifié mon jeu pour correspondra au besoin et apporter un complément intéressant à la voix. Il fallait trouver cette connexion entre les différents ingrédients de la recette.

Les chansons ont été composées par Eicca et moi-même mais il ne faut prendre à la légère les contributions des autres membres du groupe. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice pour faire de Shadowmaker un effort collectif. Nous avons passé un nombre incalculables d’heures en répétition pour que chacun puisse s’imprégner et apporter sa touche aux chansons. Nous avons joué encore et encore ces chansons, nous laissant parfois quelques semaines pour les digérer et les rejouer après quelques semaines pour voir si le feeling était différent. Nous étions très préparés pour l’enregistrement. Tout le monde avait au moment d’entrer en studio ce qu’il devait faire, comment et à quel moment.

Je pense que tu peux te rendre compte de cela à l’écoute, tout a été clarifié, épuré et rien de superflu n’a survécu. L’énergie et la puissance souhaitées sont bien là et pourtant il y a sans doute moins de pistes, moins de complexité que par le passé. Avant nous entrions en studio avec les structures des chansons et nous ajoutions couches après couches pour obtenir des harmonies complexes et un peu folles parfois. Cette fois-ci, nous avons voulu aller à l’essentiel et avoir le plus de clarté possible, un son très compact.

 

04. En termes de calendrier, combien de temps avez-vous pris pour chaque étape ?

Je pense que la période de création, de composition a duré plus ou moins cinq mois, mais ce ne fut pas un travail très intense, nous avons avancé par étape, morceau par morceau sans nous mettre trop de pression. Et puis au printemps 2014, nous nous sommes réunis tous ensemble et nous avons répété encore et encore peut-être pendant environ quatre mois. Et nous avons le projet de rentrer en studio à l’été, vers août 2014 mais nous avons repoussé la date plusieurs fois car nous avions certains noms de producteur en tête des gens talentueux et célèbres comme Nick Raskulinecz mais il n’avait pas de dispo à ce moment-là sur son agenda. Donc nous avons fait le choix d’attendre et ce n’était pas simple car il n’y avait pas que le studio qui était déjà réservé mais également la tournée était déjà bien planifiée.

Au tout début, l’album devait initialement sortir en janvier 2015. Finalement ce sera pour avril mais tout le monde est heureux que nous ayons pu ainsi modifier nos plans et faire ce que notre cœur nous disait. Tous ces sacrifices ont largement valu le coup afin de pouvoir travailler avec des gens d’un tel talent. Et donc Nick nous a dit qu’il était très enthousiaste de travailler sur cet album mais qu’il fallait prendre le temps de bien faire les choses. Il a donc voulu que nous allions là-bas à Nashville pour dix jours pour jouer encore et encore ces nouvelles compositions et encore les améliorer. Puis il nous dit de retourner à la maison pendant un mois pour continuer à répéter et rendre encore meilleur ce que nous avions trouvé à Nashville. Et enfin nous sommes alors repartis là-bas pour mettre toute cela en boite.

Ainsi tout serait extrêmement clair et nous aurions juste à appuyer sur le bouton d’enregistrement pour immortaliser tout cela. C’est la première fois que nous agissions ainsi et avec le recul l’un des éléments les plus importants de ce nouvel album est d’avoir particulièrement soigné la préproduction. Nous étions tout simplement six dans le studio de Nick a joué encore et encore pendant douze heures par jour ces chansons. Nick est l’une des personnes les plus inspirante avec laquelle j’ai eu la chance de travailler, il est passionné et fou de musique. Bien sûr il te pousse beaucoup, dans tes derniers retranchements mais il fait cela de façon intelligente, il est conscient de tes capacités et essayent de te faire atteindre ton maximum.

Je parle pour moi mais j’ai été surpris de constater ce que Nick avait su me faire exprimer. J’ai d’habitude une vision très claire de ce je veux, de la façon dont le violoncelle doit sonner. Je suis assez têtu dans mon genre. Mais il a su m’amener à réfléchir sur de nouvelles idées. La combinaison a été très efficace, il a su s’intégrer dans la mécanique interne du groupe et j’aimerais vraiment pouvoir faire un autre album avec Nick, ce fut vraiment incroyable.

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05. Avez-vous mis sur l’album tout ce qui a été composé ou avez-vous laissé de côté certaines compositions ?

Au cours du temps, nous avons utilisé les deux approches. Parfois, nous sommes rentrés en studio avec une vingtaine de chansons et le processus avançant nous les réécoutions toutes et ne conservions que celles qui sonnaient le mieux ou qui montraient une cohérence entre elles. Mais cette fois-ci le concept et la préproduction ayant été tellement efficaces, rien n’a été écarté ni laissé de côté. Il existe une version standard de l’album qui doit, je suppose, correspondre à un besoin du business mais l’album en version spéciale doit sa globalité faire presque une heure avec toutes les chansons enregistrées avec Nick. Encore une fois le concept était limpide.

 

06. De mon point de vue, la pochette et les visuels associés de l’album se doivent d’être une porte d’entrée pour s’immerger dans la musique. Quelle était votre idée et comment avez-vous travaillé avec l’artiste en charge ?

Cette fois-ci nous avons été très très engagés pour définir le visuel et la pochette de cet album. On pourrait dire que c’est nous qui en avons trouvé le design. Bien sûr l’artiste a rendu cela possible et donner corps à notre idée mais tout est partie de notre sentiment que toutes les chansons présentées ici racontaient comme une histoire, l’idée que il y a tout le temps un part d’ombre qui se cache dans toute activité humaine. Et cette idée a émergée très tôt dans le processus de création et nous voulions pouvoir proposer un comic-book à partir du livret de l’album, les différents personnages évoluent page après page, ces deux femmes…

Ce sentiment que quelqu’un nous cache constamment des choses est présent tout au long de ces images. Mikko (NDLR : Sirén – batterie) avait eu l’idée de mettre en avant la couleur blanche, cela ajourait un côté mystérieux et un peu inquiétant à l’ensemble. Nous aimons beaucoup notre pochette.

 

07. Question idiote mais il me semble que beaucoup de musiciens classiques apprécient particulièrement la musique métal. Et le public métal le lui rend bien en saluant les groupes qui proposent des concerts avec orchestre. Es-tu d’accord avec cela, vois-tu des passerelles entre les deux genres ?

Oui tu as raison, le côté technique et le travail nécessaire pour mener à bien son projet musical crée forcément des passerelles entre les deux univers. Cependant, je continue à penser à la musique beaucoup plus en termes d’émotions. Et l’objectif de la musique, comme toute forme d’art, est avant tout de créer de l’émotion pour l’auditeur ou le spectateur. Et si je joue de la musique classique, en réalité, je poursuis le même objectif que celui que je tente d’atteindre avec APOCALYPTICA. Si tu aimes vraiment la musique tu t’ouvriras forcément à de très nombreux styles très différents. Maintenant, tu citais Yngwie Malmsteen, beaucoup de musicien rock, en progressant dans leur carrière ce sont rapprochés de la musique classique puisque la majorité des règles musicales viennent finalement de là.

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08. Si tu devais ne conserver qu’une leçon que tu as apprise lors de ton passage à la Sibelius Academy, quelle serait-elle ?

Je pense que, en particulier pour moi qui me suis toujours chargé des parties lead et des soli au sein d’APOCALYPTICA, la technique est resté la même et j’ai alors pu mettre en œuvre tout ce que j’avais appris lors de ma formation. Mon approche est restée la même que ce soit pour jouer de la musique classique ou la musique du groupe. Tu retrouves alors cette puissance et cette précision. Je suis très heureux d’avoir ainsi pu bénéficier d’une solide formation de base, dans un établissement reconnu. Cela m’a donné les moyens d’être libre avec APOCALYPTICA, faire tout ce que je veux sans avoir de contrainte. Il n’y a pas de règles intangibles dans le rock, tu peux faire ce que tu veux. Je preux prendre ces pièces classiques que j’ai apprises plus jeunes et les emmener ailleurs, les transformer en choses en un peu folles. C’est une superbe opportunité.

 

09. Quand vous avez créé le groupe en 1993, pouviez-vous seulement imaginer ou rêver de faire des tournées dans le monde entier avec ce même projet vingt-deux ans plus tard ?

Nous n’avions aucun espoir ni aucun projet sur le long terme avec APOCALYPTICA. Au début, nous voulions seulement nous amuser et prendre du bon temps. Nous n’avions pas d’attente particulière. Au début, nous l’avons fait uniquement pour nous et puis un jour un type d’un label indépendant finlandais nous a entendus en 1995 et au début nous nous sommes moqués de son idée d’en faire un album avec ces reprises de METALLICA. Nous avions vraiment l’attitude consistant à penser que personne ne voudrait écouter cette m***.

Et puis finalement un premier album sort, puis un deuxième et d’un coup nous nous sommes rendus compte que nous intéressions les gens, que nous avions des fans. Mais il a fallu attendre 2004 ou 2005 pour que nous puissions sérieusement envisager des perspectives à long terme pour APOCALYPTICA. Déjà avec Cult, nous assurions quelque chose comme cent cinquante concerts par an, cela devenait vraiment une activité à plein temps. Pendant longtemps je jonglais entre le groupe et mes activités avec un orchestre philharmonique profitant de mes congés pour jouer avec le groupe. Et j’étais heureux de retrouver mes activités de musicien classique ensuite. Mais fin 2004/début 2005, cela n’était plus gérable et nous avons tous dû faire un grand choix.

Et nous avons choisi le groupe car cela nous ouvrait d’immenses possibilités, nous étions libres d’explorer les contrées musicales que nous voulions. Ce fut un peu stressant bien sûr de lâcher son « vrai » boulot mais je ne regrette pas. Cependant, je dois bien avouer que cela me manque de jouer de la musique classique. A travers différents projets plus classiques, je soigne mon âme musicale. Je suis heureux des possibilités qui s’ouvrent devant moi, je suis par exemple en ce moment même en train de composer un opéra.

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Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview:

01. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

C’est forcément un groupe suédois, le choix va être difficile entre AMON AMARTH ou ARCH ENEMY. J’en ai parlé avec eux pour savoir ce qui pouvait tant me séduire chez eux, les nombreuses passerelles entre nos chansons. J’ai eu cette conversation avec Michael Amott d’ARCH ENEMY et nous sommes arrivés à la conclusion que nous ressentons sans doute la musique de la même façon. Mon titre favori d’AMON AMARTH s’avère être la dernière composition de l’album Twilight of the Thunder God et elle s’appelle « Embrace of the Endless Ocean ». La première fois que je l’ai écouté j’étais scié et j’ai dû l’entendre sans mentir soixante fois de suite. J’aime leurs thématiques vikings également. Côté ARCH ENEMY, je dirais « We Will Rise » d’Anthem of Rebellion.

 

02. Premier album acheté ?

Le premier disque de SKID ROW.

 

03. Dernier album acheté ?

Je n’achète plus vraiment de disque physique, je passe par du digital. Je dirais le dernier ARCH ENEMY, War Eternal.

 

Tous nos remerciements vont à Roger WESSIER (Replica)

 

Chronique de l'album ici

Site internet

 

oshy_30032015_Th_Ne_Mor_BaJe vois arriver ce nouvel album de Neal Morse et de son groupe avec un enthousiasme très relative. Je ne doute pas du talent du monsieur, il l’a prouvé à de très nombreuses occasions, mais autant avec un groupe le résultat vaut souvent la chandelle autant en solo, le résultat s’avère souvent décevant. Les plus perspicaces vont dire que je devrais alors être aux anges puisque justement il se présente là en configuration groupe. Oui et non car Morse garde la main sur le projet puisque celui-ci porte son nom. Et puis tout un chacun pourrait également légitimement s’interroger sur l’intérêt de cette formule du NEAL MORSE BAND qui ressemble furieusement à un TRANSATLANTIC ou un un FLYING COLORS. Bien sûr tous les musiciens ne sont pas les mêmes mais à ce jeu-là les combinaisons s’avèrent infinies.

Comme d’habitude, Neal Morse a su s’entourer d’une belle équipe avec Mike Portnoy, Randy George, Eric Gillette et Bill Hubauer. Comme son nom peut le laisser deviner, ces différents musiciens ont adopté une démarche originale en enregistrant ce disque sur une période assez courte et surtout en entrant en studio sans aucune préparation préalable. C’est la première fois que Morse agit ainsi, mettant à l’épreuve la chimie créatrice et musicale entre lui et son groupe. Vu l’expérience et le CV des différents membres, l’auditeur peut véritablement s’attendre au meilleur comme au pire. Sur la forme en tout cas, nous sommes en pleine cohérence avec les gimmicks progressifs avec cinq compositions dont une de plus de dix minutes et surtout un titre fleuve d’une durée supérieure à vingt-six minutes. Il est temps de savoir si cette expérimentation valait le coup.

Dès les premières minutes de « The Call », l’auditeur se retrouvera en terrain connu, ce rock progressif très classique qui a fait le délice des fans de Morse. Les claviers sont comme d’habitude très présents, ainsi que les chœurs. Cela reste toujours très mélodique et accessible, bien lisse et bien gentil. Au niveau technique, chacun des participants offrent une belle performance sans non plus que cela se transforme en démonstration technique. Vous trouverez ici et là quelques solides morceaux de bravoure via ces circonvolutions instrumentales si typiques du style progressif et du style de Neal Morse. C’est souvent un peu trop long et un peu stérile mais jamais désagréable à écouter. « Agenda » s’avère être une des chansons les plus intéressantes pour ces différentes atmosphères et sa séduction immédiate. Et le fait que ce soit le titre le plus court du disque n’est pas étranger à cet état de fait. Quand Morse (et ses camarades) va à l’essentiel, il est toujours bien meilleur. Il évite ainsi l’écueil des développements à rallonge qui finisse presque systématiquement par lasser. « Alive Again » et ses vingt-six minutes au compteur en est un parfait exemple. Le titre allonge la sauce inutilement et l’ennui vient rapidement poindre son nez. On tombe souvent dans le gimmick sans véritable justification musicale. Les différentes parties s’enchainent sans forcément beaucoup de cohérence et l’effet patchwork finit par desservir la chanson dans sa globalité. Il aurait été sans doute plus intéressant de prendre individuellement ces idées et voir où elles pouvaient emmener les cinq musiciens.

Finalement ce The Grand Experiment se laisse écouter sans déplaisir ni grand enthousiasme. Le disque s’avère être une synthèse de ce que propose par ailleurs Morse à travers ses autres projets, en souvnet moins bien tout de même. Et puis si je devais résumer ce disque en un mot, je le qualifierais de « gentil ». Morse joue avec les bons sentiments et toute cette guimauve en écœurera plus d’un. En tout cas votre serviteur a atteint rapidement la saturation. On aime ou on déteste Neal Morse pour cela. Je reste pour ma part assez perplexe.

Oshyrya (06/10)

 

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InsideOut Music / 2015

Tracklist (52:55 mn) 01. The Call 02. The Grand Experiment 03. Waterfall 04. Agenda 05. Alive Again

 

 

oshy_30032015_Stev_RotherPersonne ne peut douter de l’immense talent de Steven Rothery. Il en fait la preuve album après album depuis des décennies au sein de MARILLION. Mais un album solo s’avère être une toute autre aventure, que proposera le guitariste anglais sans pouvoir faire appel à l’alchimie de ces camarades de jeu habituel ? Il a déjà donné un partie de la réponse, il y a bien longtemps de cela, avec le superbe projet THE WISHING TREE qui publié deux albums. Cette collaboration avec la chanteuse Hannah Stobart avec fait des merveilles. Mais là le défi est différent, voici le premier disque que Rothery signe de son nom.

La biographie fournie par le label rappelle la genèse de ce The Ghosts Of Pripyat. L’idée d’un album solo émerge pour la première fois en 1985 pendant l’enregistrement du somptueux Misplaced Childhood de MARILLION. Miles Copeland, propriétaire du chateau/studio où enregistraient les britanniques avait alors propose à Rothery de publié un album solo sur son label No Speak. Mais ce dernier avait préféré sortie quelques années plus tard le premier THE WISHING TREE. Mais après de vingt années plus tard, à l’occasion de sa participation au Plovdiv guitar festival, Rothery s’est remis sérieusement au travail en compagnie du guitariste Dave Foster pour accoucher de nouvelles idées. De ces sessions créatrices sont nées un peu plus tard ce disque. Mais pour mener à bien ce projet, Rothery a lancé une levée de fonds sur Kickstarter et atteint l’objectif fixé en près de 24h finissant avec plus de quatre fois la somme demandée au départ. Fort de ce soutien de ses fans il a pu donner libre à toutes ses envies et s’entourer d’invités prestigieux.

Qui connait bien le MARILLION période Steve Hogarth ne sera pas longtemps désorienté sur ce The Ghosts Of Pripyat. Le son et la patte si typique développés depuis des années par Rothery sont presque immédiatement identifiables. L’album Brave en particulier vient forcément à l’esprit à l’écoute de ces compositions. Il ne manque plus que la voix de Steve Hogarth pour de « Morpheus » un élément de la galaxie Brave. Et effectivement l’ombre du MARILLION contemporain pèse lourdement sur ce disque. Ce n’est pas une grande surprise tant Rothery a su année après année teinter de son style la musique de son groupe. Si vous aimez les longues plages douces, subtiles et aériennes de Marbles, ou Sounds that Can’t Be Made (chronique ici), avec un joli mélange de styles mais toujours une maîtrise tranquille et sereine. Les compositions s’enchainent avec naturel sans fausse note ni raison de ne pas se laisser bercer par ces mélodies. La chanson éponyme évoque elle directement THE WISHING TREE et cela reste encore une fois bien compréhensible. On s’attend alors à tout moment à entendre la voix angélique de Hannah Stobart.

Finalement The Ghosts of Pripyat est un album agréable et très représentatif du talent évident de Steve Rothery. Malheureusement son côté instrumental (parfois une voix manque cruellement) risque d’en rebuter certains et réserve ce disque aux fans du guitariste et du MARILLION des années 2010. Les autres risquent de rester un peu à la porte de cet univers. Terminons en soulignant le superbe pochette de l’album, preuve qu’il ne faut pas toujours payer une fortune un dessinateur talentueux pour bénéficier d’un visuel attractif. Cette photo a été réalisée par Yann Arthus-Bertrand et dévoile une vue aérienne et sous la ville de Pripyat (citée située au nord de l’Ukraine abandonnée après l’accident nucléaire de Tchernobyl).

Oshyrya (07/10)

 

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InsideOut Music / 2015

Tracklist (55:21 mn) 01. Morpheus 02. Kendris 03. Old Man Of The Sea 04. White Pass 05. Yesterday's Hero 06. Summer's End 07. The Ghosts of Pripyat