Eloge à l’ataraxie… 

Ma relation au Doom Metal est un peu semblable à celle du gars qui aurait pris un train en cour de trajet et qui ne l’a jamais regretté par la suite. Je pense avec le recul avoir bifurqué quelque part à la fin des 90s et les découvertes des productions Doom Metal de feu Holy Records, un label français,  à savoir : Tristitia, Godsend, Serenity (anglais) et Yearning. On va dire que je radote comme un petit vieux mais c’est un passage très important dans l’évolution de mes gouts en matière de musique et plus particulièrement en ce qui concerne le Metal extrême. Parallèlement (entre 1995 et 2000) la découverte de certains groupes m’ont fait entièrement basculer vers le Doom extrême :  My Dying Bride et son Turn Loose the Swans ainsi que Autopsy et Severed Survival par exemple ou certains titres aux tempos lents de Morbide Angel. Je me rappelle à l’époque avoir adoré les alternances Up et Down tempo et la puissance du contraste qui s’en dégageait  sur un titre comme « Critical Madness »  de Autopsy, un groupe qui je pense a beaucoup œuvré dans l’émergence de la scène Doom Death Metal des 90s. On a tendance à l'oublier et je ne raterai jamais une occasion de le rappeler ici et dire aussi que cette scène a sévit de manière ultra indépendante et vraiment à la marge des autre courants du Metal traditionnel comme le Death ou le Black. C’est dès 2000 (les premières paies aidant) que je me suis lancé à cœur perdu dans l’achat de tout ce qui touchait de près ou de loin au Doom Death Metal avec les acquisitions d’albums très importants pour moi comme  Among Majestic Ruin de Morgion, Epistemological Despondency de Esoteric ou Into Darkness / Eternal Frost les ré éditions de Winter. Bon je m’arrête là car ma liste est très longue mais ayez bien en tête que le Doom Death Metal et ses dérivés comme le Funeral Doom n’étaient pas encore à la mode et étaient loin de faire les unes des magazines de la presse spécialisé. Il fallait se lever tôt pour dégoter toutes ces excellentes productions ayant vu le jour dans les 90s… En gros les Doomsters étaient un peu les pestiférés du Metal. 

Pourquoi vous faire un tel topo qui reste assez bref en fait car sachez que j’aurai pu faire beaucoup (mais alors vraiment beaucoup) plus long tant ce courant me passionne et me rend affable en la matière ?  Tout simplement parce que je trouvais pertinent de vous décrire dans quelles circonstances ce Slow Transcending Agony m’est lourdement tombé dessus lorsqu’il est sorti en 2005. Je pense aussi que beaucoup se reconnaîtrons dans  mon trajet et que cela explique en fin de comptes pourquoi j’ai tant apprécié Ataraxie dès l’annonce de la sortie de Slow Transcending Agony sans même l’avoir encore écouté…

Faut-il  rappeler qu’en 2005 tout le monde n’avait pas de connexion internet et que même quand on en avait une le streaming était encore inopérant ! Pour ma part c’est par le biais d’une interview qui m’a grandement fait saliver que je me suis lancé dans la commande de ce premier opus de Ataraxie. Tous les Doomsters extrémistes français allaient enfin pouvoir avoir un digne représentant en la matière ! Il me semble que j’avais commandé via la VPC de Holy Records ce « SLOW »… « TRANSCENDING »…  « AGONY »…  putain… il  est de ces suites de mots qui sonnent et résonne en vous hypnotisant et en vous captivant avant même que vous ne vous soyez lancer dans l’écoute du recueil qu’elles sont censée illustrer ! Et puis ce titre d’album me rappelait furieusement celui de diSEMBOWELMENT et son Transcendence Into The Peripheral que j’avais réussi à dégoter d’occase, acheté de la main à la main quelque temps auparavant.  

J’ai tout apprécié dans cet album ! Surtout cette manière très organique et physique qu’avait (et qu’il a toujours) Ataraxie de s’accaparer l’espace sonore sans fioriture du genre clavier par exemple. En ce sens je l’avais immédiatement et ce dès la première de mes écoutes, rapproché des productions de ces grands noms du Doom Death Metal comme Evoken, Esoteric ou Morgion. Pour être plus précis bien que proche du Funéral Doom lorsque Ataraxie se montre contemplatif et évolutif, il ne sombre jamais dans la face Ambient et purement Atmosphérique du Funéral Doom comme Tyranny, Shape Of Despair ou Skeptisism peuvent le faire. Leur propos musical sonne résolument Death Metal ! Le jeu de guitares est toujours massif et très charpenté mais il sait malgré tout faire preuve d’un raffinement certain lors de longues litanies à l’esthétique carrée et ciselée. 

Vous voyez où je veux en venir ? Pour moi c’est une des principales qualités de sa musique. J’ajoute que les productions qui ont suivi garderont ce cachet qui fait de Ataraxie un groupe ultime. Sa qualité de composition est tout bonnement phénoménale ! Dès l’entame du long « Sleep Into The Gloom » avec son arpège acoustique faisant place à une marche DOOM simple mais fatale et tout en moments suspendus. Une superbe introduction au désespoir à venir avec sa colère sourde parfois démente et qui va s’effondrer sur vous de tout son poids durant les quatre longues plages restantes de Slow Transcending Agony. Cet album c’est cinq classiques de Doom Extrême avec tous les violents contrastes qui en découlent.  Ils sont superbement mis en valeur par une production énorme façonnée par Kris Belaen (qui a bossé avec un tas de formations comme Aborted, Amenra, Kronos ou Pantheist et qui effectuera aussi celle de Anhédonie (2008) (chronique par Mr Brute Force ici) par la suite. Je n’ai par contre pas trouvé de gros changement entre la version originale (que j’ai en physique) et celle de cette nouvelle édition de 2015 (mais il est vrai que je n’avais que du mp3 aussi) donc comme je trouvais le rendu initial parfait : pour moi c’est du tout bon. Sachez aussi que tout album de Doom Death Metal qui se respecte se doit de se parer d’un chant profond et conséquent. Ca aussi Ataraxie l’avait très vite compris et il en a fait une pièce maîtresse de sa mécanique implacable. Tour à tour caverneux, vindicatif, chuchoté ou hystérique il est omniscient et toujours juste ! 

Bon on ne va pas tourner autour du pot et on va le dire tranquillement mais de manière affirmée : cette nouvelle version est vraiment top car très fidèle à l’originale qui déjà était parfaite à la base. Quand en plus le groupe nous offre un bonus de luxe en la présence de cette reprise du mighty diSEMBOWELMENT et son magique « The Tree Of Life And Death » on ne peut qu’apprécier le chouette complément ! Cet album est mythique et participe à la luxuriante fresque du Doom Metal ! Si vous êtes passé à côté à l’époque en 2005 puis lors du re  pressages vinyle de 2007 par Ostra Records, ne ratez pas cette seconde opportunité qu’ Ataraxie et Weird Truth Productions vous propose en cette année 2015 ! C’est une version digipak en plus !!! Ca serait vraiment bête de votre part de vous en priver ! Surtout si comme moi ou Hamster Forever (lire ses chroniques de The Other Path leur démo de 2003 ici ainsi que L’Être Et La Nausée 2013 ici) vous êtes un Doomster dans l’âme ! Bon dans quelque temps nous vous parlerons d’une autre sortie très attendu de ma part et de tout une scène puisque il s’agit de celle de Indesinence : les jumeaux britanniques de Ataraxie. Les deux groupes ne me contrediront pas je pense… Stay Doom Metal & aeternitas !

FalculA (10/10)


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Weird Truth Productions / 2015
Tracklist (01:02:59) : 01 Step Into The Gloom 02 Funeral Hymn 03 L'Ataraxie 04 Slow Transcending Agony 05 Another Day Of Despondency 06 The Tree Of Life And Death.