oshy_07042015_KlonPour le pire (parfois) et le meilleur (souvent), il est, je trouve, rassurant de constater à quel point certains groupes et certains musiciens savent évoluer albums après albums et n’ont pas peur d’explorer toutes les facettes de leur art. Ce chemin est souvent périlleux et risqué, laissant apparaître l’âme des artistes mais cette quête s’avérera salutaire pour eux comme pour nous. De ces révolutions sonores sont nés de petits trésors et KLONE a fait le choix de franchir le Rubicon en se jetant à corps perdu dans l’ambitieux projet de mener à bien Here Comes The Sun. Qu’ils en soient ici remerciés.

A chaque écoute de cet album, l’ombre d’un ANATHEMA apparait dans notre champ de vision. Ne vous méprenez pas, je ne fais pas référence ici à un quelconque plagiat de la part des poitevins mais je suis frappé par la similitude de la démarche et du talent mis en œuvre dans les deux cas. Autant les Cavanagh Brothers ont maintenant atteint leur plénitude autant KLONE a commencé à emprunter ce chemin il n’y a pas si longtemps de cela. A mes yeux, The Dreamer’s Hideaway publié en 2012 marquait les débuts de cette métamorphose. Les rivages métal s’éloignaient au profit d’une approche plus subtile, contemplative et aérienne. Avec Here Comes The Sun, nos compatriotes franchissent encore un palier et se placent d’emblée au niveau des tous meilleurs.

Evoquons d’abord la forme avec ce visuel absolument superbe, cette photo signée Joel Robison d’une magnifique simplicité. Cette pochette, aidée de la musique vous invite au voyage, à laisser vagabonder vos idées vers l’immensité. Dès les premières secondes de « Immersion », nous voici pris par la main par la voix d’Yann Ligner qui va illuminer notre voyage. Reconnaissons que le chanteur a toujours su offrir de belles performances mais qu’il atteint là des sommets dans la conviction et les émotions qu’il parvient à insuffler titre après titre. Ses camarades ne sont pas en reste et KLONE a réussi à élever son niveau du jeu pour tutoyer les sommets avec ce nouvel album. Chaque chanson trouve naturellement sa place et développe sous nos yeux ébahis des paysages de toute beauté, entre obscurité et lumière, lourdeur et légèreté, douceur et agressivité. Le travail de composition est vraiment remarquable d’intelligence et de beauté et il faudrait vraiment avoir un cœur de pierre pour ne pas se laisser emporter par le maelstrom artistique des poitevins. Le groupe utilise une large palette d’émotions à travers sa musique et le résultat s’avère souvent tout simplement… beau. Malgré une solide technique et de belles envolées techniques, le propos reste mélodique et très accessible avec ce côté très atmosphérique, progressif qui colle si bien aux ambiances de l’album. L’introduction à petite dose d’instruments inhabituels comme le saxophone fait des merveilles et apporte une véritable originalité. Histoire de vous faire envie, au petit jeu des comparaisons, nous avons déjà cité ANATHEMA mais les noms de STEVEN WILSON ou encore de KATATONIA s’imposent d’évidence à nous.

L’intelligence, la subtilité et la beauté sont des qualités partagées par tous ces groupes et KLONE vient s’intégrer avec naturel dans ce joli peloton. Ils n’ont pas à rougir et à faire les modestes. Ils sont à quelques encablures seulement de se hisser à ce niveau-là, au niveau des tous meilleurs. Le son et la production sont tout à fait au niveau, KLONE a fait un très bon boulot épaulé efficacement par Francis Castes qui s’est chargé du mixage et du mastering au Studio Sainte-Marthe de Paris. Here Comes The Sun est vraiment un petit bijou doté d’un très bel écrin.

Oshyrya (8,5/10)

 

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Verycords – Klonosphere – Warner / 2015

Tracklist (50:12 mn) 01. Immersion 02. Fog 03. Gone Up In Flames 04. The Drifter 05. Nebulous 06. Gleaming 07. Grim Dance 08. Come Undone 09. The Last Experience 10. Summertime (cover)