Ça fait un petit moment que The Ark Work tourne dans mon lecteur ! Une fois de plus j’ai préféré laisser murir cet album sorti en Mars dernier car il renferme des titres aux compositions assez difficiles à appréhender. J’ai pris mon temps donc et ai volontairement choisi de ne pas aboyer avec la meute ! Ce jeune groupe originaire de Brooklyn façonne depuis le début de sa formation vers la fin des années 2000s,  un Metal Extreme et expérimental. Pour ce faire il puise sans vergogne dans les codes rythmiques et lignes musicales vulgarisés par bon nombre d’acteurs de la seconde vague du Black Metal scandinave des 90s. Un peu à l’instar de pas mal de groupes américains qui ont émergé dans les années 2000s comme lui. Je pense à Wolves in the Throne Room, Xasthur, Leviathan ou les plus récents Krallice, Deafheaven voire les allemands de Lantlôs. J’ai juste pris quelques noms mais sachez qu’il existe à présent une véritable scène très chargée et qui a dépassé depuis belles lurettes maintenant le simple territoire américain.


Je vais me concentrer uniquement sur la musique de Liturgy et vais volontairement faire l’impasse sur la grosse polémique engendrée par les multiples déclarations et surtout l’essai de son leader Hunter Hunt-Hendrix  (Transcendental Black Metal un lien ici) publié peu après la sortie de leur second album Aesthethica (2011). J’avais trouvé tout ce foin autour de l’égo-trip moralisateur de l'illuminé vraiment pathétique et sans aucun intérêt. Comme toujours avec les frasques extra musicales, la musique passe au second plan et certains ont tendance à oublier qu’à la fin il ne reste qu’une question primordial : la musique de Liturgy est-elle digne d’intérêt ou pas ? A cela je réponds un grand OUI !


Avant toute chose je souhaitais aborder l’artwork qui est vraiment très soigné  et somptueux. J’insiste à ce sujet car ça en fait un très bel objet ce qui ne gâche rien ! Pour ce qui est de la musique, sachez qu’il ne reste plus grand-chose du Black Metal distillé sur ces deux premiers albums Renihilation (2009) et Aesthethica (2011) et que seul subsiste certaines tournures guitaristiques ainsi que des embardées de batterie. Exit le chant hurlé ! C’est d’ailleurs un truc qui m’a vraiment agacé ce chant sur cet album. Je trouve que la linéarité des miaulements d’adolescent de Hunter Hunt-Hendrix desservent complétement les compositions. Je pense que le but initial était d’apporter une touche incantatoire ou rituelle qui devait être sensée amener l’auditeur à une certaine transe. Je peux vous dire que c’est complétement loupé ! Alors il est vrai cependant qu’à de rares occasions le chant colle au reste notamment lorsqu’il est scandé comme sur « Kel Valhaal » ou sur « Vitriol »  mais dans l’ensemble  si on fait le compte, ces instants de grâce sont trop peu nombreux. C’est vraiment dommage car toutes les compositions sont vraiment excellentes.

 
En effet le côté strictement instrumental lui ne souffre d’aucun défaut ou redondance et de mon point de vue on touche presque à la perfection ! La musique se fait polymorphe avec des arrangements absolument géniaux tantôt Electro, tantôt Folklorique et Rituel ou Symphonique. Le tout en gardant cet aspect monolithique et transcendantal. Comme je le disais, j’ai adoré « Vitriol » un morceau totalement Ambient Electro et au bit presque Hip Hop. Les impressionnants « Kel Valhaal » et « Reign Array » qui font se côtoyer Metal, musqiue symphonique, rythme de marche, trompettes, cornemuses (ou ce qui s’en rapproche) avec divers sons de grelots et de cloches dans un tourbillon sensoriel qui donne le tournis. Les explosifs et étourdissant « Follow » et « Follow II »  où l’on retrouve les mêmes éléments que sur « Kel Valhaal » mais qui prennent des tournures plus intenses et qui sont typés Black Metal. « Quetzalcoatl » et son IDM (intelligent dance music) Métal proche de ce que peut faire un groupe comme Pryapisme mais avec une orchestration Symphonique en plus.  « Father Vorizen » qui est assez surprenant car dans un registre inhabituelle pour Liturgy puisqu’il va explorer des territoires Sludge et Postcore presque Doom au début.


Il faut se rendre à l’évidence et en tirer 3 conclusions. Primo : Hunter Hunt-Hendrix chante comme une chèvre et non comme un maître de cérémonie. Deusio : les chants hurlés manquent cruellement car ils apportaient du mordant et contrastaient avec le reste. Tercio : tant qu’à faire dans le Metal transcendantal autant ne pas mettre de chant qui salope tout ! Cependant l’album reste recommandable car musicalement il apporte réellement quelque chose de neuf et d’audacieux ! On a frôlé le chef d’œuvre avec ce The Ark Work. C’est vraiment dommage et assez rageant !


FalculA (avec le chant 6,5/10 en faisant abstraction du chant 8,5/10) 


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Bandcamp Officiel où les trois albums de Liturgy sont en streaming.


Thrill Jockey Records / 2015 
Tracklist (56:17) : 1. Fanfare 2. Follow 3. Kel Valhaal 4. Follow II 5. Quetzalcoatl 6. Father Vorizen 7. Haelegen 8. Reign Array 9. Vitriol 10. Total War.