st-worldgonemadSera-ce le dernier coup de latte que nous assèneront Mike Muir et sa bande ? En tous cas, à en croire Suicidal Tendencies, ce douzième album aurait été conçu comme un testament. A la mémoire du bassiste Tim Williams décédé en 2014 après la sortie de 13.Les onze titres de ce « World Gone Mad » témoignent quoi qu’il en soit d’une tension interne au groupe, d’une lutte bien réelle (« The Struggle Is Real ») entre l’ombre et la lumière, entre l’envie de tout plaquer et celle de continuer à vivre (la balade « Still Dying To Live » – dieu sait que j’aime pas les balades et celle-ci ne fera pas changer d’avis, Mike !). 
Pour aller jusqu’au bout de l’effort, Cyco Miko et Dean Pleasants se sont entourés de l'ex batteur de Slayer, Dave Lombardo, et du bassiste chilien Ra Diaz. Ce dernier tient largement la route à côté de ses illustres prédécesseurs, comme cela s’entend dès les premiers slaps furieux de « Clap Like Ozzy ». Jeff Pogan vient jouer les utilités à la guitare rythmique. 
Pour parler, enfin, de ce « World Gone Mad », il n’y a pas grand-chose de neuf à dire, en fait. De toutes façons, entre nous, on n’écoute plus Suicidal pour être surpris. Si ? Allez, soyons sincères : on a juste envie d’écouter le combo de Mad Mike Muir pour ce qu’il a toujours été : une démonstration de hardcore californien mâtiné de funk et de quelques envolées thrash à la guitare. Le genre de son que tu écoutes très fort en rêvant que tu as encore l’âge d’un run en skate. 
Ecouter « The New Degeneration », c’est se retrouver à nouveau à l’âge de nos 18 balais quand rien n’avait d’importance, qu’on refusait de se lever quand un vieux rentrait dans la même pièce que nous et que la mort était loin, tellement loin, qu’on pouvait lui faire ce « One Finger Salute » du majeur, le balançant comme si on en avait vraiment rien à foutre. Il y a de la rage, encore, et l’envie de péter des crânes, après avoir pété des bières et des culs. Peu importe l’ordre en fait. Las, comme Mike, on a pris du poids et du plomb dans la tête. Et on se remet aussi lentement d’une gamelle en skate que d’une gueule de bois, désormais. 
Sauf que… sauf que… Pleasants joue toujours aussi vite et bien de la six cordes qu’il arrive – presque – à me faire oublier que je déteste plus les solos de guitares que les balades. Et que Lombardo derrière les fûts, c’est quand même un déménageur catégorie poids lourds. De quoi se croire encore un peu immortel. En fait, les bassistes peuvent mourir, on s’en tape : les lignes de basse, elles, sont immortelles. Et comme Suicidal l’a dit une bonne fois pour toutes : « You Can’t Bring Me Down » !

Nathanaël Uhl (18/10)

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Suicidal Records / 2016

Tracklisting : 1. Clap Like Ozzy 4:24 2. The New Degeneration 6:20 3. Living For Life 4:50 4. Get Your Fight On! 4:56 5. World Gone Mad 3:57 6. Happy Never After 6:04 7. One Finger Salute 5:18 8. Damage Control 5:14 9. The Struggle Is Real 2:48 10. Still Dying to Live 7:38 11. This World 4:51