Archive for juin, 2017

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Débarquer au milieu d’une fête, c’est étrange. L’ambiance est déjà installée, les convives sont au taquet, on se sent en décalage. Cette impression s’estompe vite. Ici commence mon Hellfest.

Arrivé en plein milieu du concert d’Ugly Kid Joe, la température est au maximum. Whitfield Crane n’a rien perdu de sa superbe. Son orchestre se débrouille très bien avec les vieux tubes « Milkman son » et le définitif « Everything about you », repris en chœur par la foule.

Les choses sérieuses commencent avec Blood Ceremony. Le groupe de la belle Alia O’Brien nous délivre un occult rock de qualité. Les zicos sont en place et se donnent au maximum. La set-list donne la priorité aux excellents The Eldritch dark et Lord of Misrule. Le quatuor rafle la mise avec des tubes solides (« Goodbye Gemini », « The magician »). L’utilisation de la flûte traversière fait planer l’influence de Jethro Tull tout au long du show. Preuve du bon goût des Canadiens.

Changement d’univers, les trublions de Steel Panther investissent la Mainstage principale. Comme à la grande époque glam 80’s, les quatre membres surjouent. Extravagant et paillard (« 17 girls in a row »), le heavy glam de Steel Panther reste réjouissant. Assez pour chanter leurs hymnes (« Community property », « Glory hole ») et passer un bon moment.

Dee Snider a remplacé au pied levé un W.A.S.P démissionnaire. Hélas, le public y perd au change : les titres solos n’emballent pas vraiment. Hormis une reprise réussie de Nine Inch Nails (« Head like a hole ») et un sincère hommage à Chris Cornell (« Outshined »), c’est le calme plat. Dee Snider fait quand même l’unanimité avec les hits de Twisted Sister (« The kids are back », « I wanna rock »), malgré une abominable intro piano/voix sur « We’re gonna take it ».

Trust, sera de meilleure qualité. Après l’échauffement, le concert commence avec « Marche ou crève ». Norbert Krief est incroyable. Le vieux rockeur enchaîne riffs et solos avec ferveur. Bernie Bonvoisin ne change pas malgré les années. Si le chant n’est pas toujours parfait, la conviction et le charisme du bonhomme font l’affaire. La set-list n’est pas évidente, certains indispensables manquent à l’appel, mais la leçon de rock est donnée. Le récital se finit avec le nécessaire « Antisocial ». Bernie quitte la scène en lançant « Restez en colère ! ». Classieux. Ces mecs imposent une chose : le respect.

Arrivent les vieux briscards de Saxon sur la seconde Mainstage. Concert impeccable. C’est un véritable best-of : « Motorcycle man », « Power and the glory », « Heavy metal thunder », « 747 (strangers in the night) », « Crusader » et « Wheels of steel » s’écoutent toujours avec ferveur.

Primus, groupe rare dans nos contrées, est maintenant attendu. La Valley est pleine comme un œuf. Les fans patientent, la bave aux lèvres. D’autant plus que c’est le Primus « canal historique » (Claypool/Lalonde/Alexander) qui se produit ce soir. La lumière s’éteint et le trio embraye, sans attendre avec « Those Damned Blue-Collar Tweekers » d’anthologie. Les Claypool donne ce qu’on attend d’un show de Primus : musique indescriptible, interprétation sans faille, attitude dingo et voix de canard. S’ensuit une flopée de tubes frappadingues : « Too many puppies », « Wynona’s big brown beaver », « Frizzle fry », « Mr. Krinkle ». Le set se clôt sur un « My name is Mud » étiré au possible. C’est sans équivoque le concert de la journée.

En route pour la Mainstage et la légende Aerosmith. Pour sa tournée d’adieu, le groupe de Joe Perry et Steven Tyler affiche complet. Mais, ça commence mal. Le groupe a la mauvaise idée de commencer avec le très nul « Let the music do the talking ». Pire, la voix du père Tyler peine beaucoup. Dernière chance avec « Young Lust », taillé en pièces. Le calvaire continue avec le massacre de « Living on the edge ». C’en est trop, les oreilles saignent, il faut partir.

A la Valley, nous retrouvons nos esprits. Au programme, une grosse déflagration stoner-rock. Habitué des lieux, John Garcia s’est embarqué avec Slo Burn sur une mini tournée de festivals. L’ambiance reste chaude malgré l’heure tardive. Le public ressort en sueur, heureux d’avoir assisté à une prestation rare, voire unique.

La journée se finit sur cette bonne impression. Tant pis pour les excellents Deafheaven, la fatigue aura eu raison de nous.

(To be Continued…)

Nico.

Entrails – World Inferno

On le sait depuis un bail, le groupe Entrails à banni les mots "surprise" , "innovation", "originalité" de son vocabulaire, et s'acharne avec constance à retracer le Death metal suédois à l'ancienne à la sauce Entombed, Dismember, tout en se permettant parfois une petite disgression du côté d'At The Gates (on pense ici au troisième morceau qui fleure bon le "Slaughter of the Soul").  Et les évolutions du line up ne changent rien à l'affaire, Jocke Svensson et Adde Mitroulisleft on quitté le navire en 2016, ils sont remplacés par le chanteur bassiste Tommy Carlsson et le batteur Martin Michaelsson.
Si vous êtes réfractaires à la recette d'Entrails, ne perdez pas de temps, fuyez, maintenant, et sans vous retourner. En revanche, si  vous appréciez plus que tout cette douce musique rugueuse en provenance de Suède, qui paie un lourd tribut à Entombed et Dismember, alors ce nouvel effort d'Entrails au son crasseux à souhait, débordant d'énergie, devrait vous convenir.
Ce cinquième album contient suffisament de titre accrocheurs pour susciter l'attention des amateurs du genre, dans un contexte ou Entombed et Dismember ont laissé tomber le flambeau depuis quelques temps. Sans temps mort, et sans surprise, le groupe suit un chemin balisé, sans pour autant plonger son auditoire dans l'ennui ou l'envie de passer à autre chose.  Il va de soi que les amateurs en manque, les nostalgiques devraient y trouver leur compte. Si vous êtes en quête d'innovation auditive, Entrails ne pourra vous fournir qu'une immense dose de frustration. A vous de voir. 

Hamster (06.5/10)

www.facebook.com/Entrails666

Metal Bllade records /  2017

Tracklist (46:16)
1. World Inferno 2. Condemned to the Grave 3. Serial Murder (Death Squad) 4. The Soul Collector 5. Dead and Buried 6. Insane Slaughter 7. Into Eternal Fire 8. Suffer 9. The Hour of the Casket 10. The Blood Breed

Quel paradoxe que voilà ! Les musiciens de The Night Flight Orchestra sont de grands amateurs de science-fiction – comme en témoigne leur phénoménal dernier clip « Gemini » – alors que leur démarche est totalement rétro. Si on met de côté la qualité de la production toujours aussi claire, chaleureuse et dynamique, la musique de ce qui est bien plus que le side-project de membres d'Arch Enemy est toujours un somptueux et authentique hommage au classic rock américain de la fin des années 70 et des années 80. Une époque et un genre haïs par les rock critics pontifiants mais qui est révérée par une foule d'aficionados que drainent encore les concerts de Styx, de Kiss et de Foreigner. 

Avec ce Amber Galatic, the Night Flight Orchestra va encore aggraver son cas auprès des rock critics en poursuivant dans sa remontée du temps : plus encore que ses deux précédents opus, le groupe plonge franchement dans l'AOR et la West Coast qui monopolisaient le box office à la sortie d'Escape de Journey ou de IV de Foreigner. La mise de côté revendiquée de l'orgue hammond pour des synthétiseurs et des claviers « modernes » vont totalement dans ce sens. 

En route… vers 1981

Pourtant le brûlant « Midnight Flyer » qui ouvre le bal et que n'aurait renié le Deep Purple de Burn sonne encore assez seventies avec notamment ses duels de guitare et de claviers et de haute tenue. Puis « Star Of Rio » nous renvoie à l'époque du Kiss de Love Gun. Dans les deux cas de figure la qualité est totale et l'on ne peut regimber. « Gemini » forme lui un forme de speed rock disco totalement improbable et… irrésistible. Voilà encore une grande réussite du groupe qui témoigne de sa capacité à mêler les éléments les plus irréconciliables et d'en faire un recette savoureuse. 

Puis nous rentrons dans les années 80 : « Sad State Of Affairs », « Jennie », « Domino », « Josephine » ou « Something Mysterious » auraient parfaitement trouvé leur place sur les magnum opus de Toto, de Journey ou de Surivor. Et en conservant le meilleur : le groove de folie sur « Domino », l'entremêlement des guitares et des claviers sur « Josephine », le brio épique sur « Something Mysterious ». Le tout se mêle d'influences plus pop comme Supertramp ou Santana (le langoureux solo de « Domino »). Le dernier titre du disque est lui par contre totalement inclassable : « Saturn Velvet » est de facture ambitieuse du haut de ses sept minutes, et on pourrait y voir une ambition « progressive » s'il n'y avait un refrain totalement orienté radio, voire l'influence d'Abba ! D'où l'art de fouler des sentiers déjà battus en en sortant régulièrement.   

Tirer son chapeau à Björn Strid

Nous parlons beaucoup musique et tirons un chapeau aux cinq musiciens, mais il faut quand même s'attarder sur la star du groupe. Certes, les crédits de composition sont partagés, la section rythmique fait un très beau travail et les solos de David Andersson et de Richard Larsson de haute tenue, mais  c'est bien Björn Strid qui est l'astre musical sur Amber Galactic. Technique, versatile, inspiré voire transcendé, il est simplement parfait. Et ce dans tous les registres, sur ses couplets ou ses refrains, que ce soit en optant pour un falsetto sur « Just Another Night » ou pour la sensualité sur une semi-ballade comme sur « Jennie ». Bravo à lui. Il s'impose assurément comme un des meilleurs chanteurs de sa génération. Je dirais même qu'il est finalement plus convaincant que dans Soilwork, « son » groupe par excellence. C'est dire.

Finalement l'effet « The Night Flight Orchestra » s'est fait assez sentir pour que Nuclear Blast signe enfin ce bijou et que de vrais moyens lui soient accessibles. Espérons que le groupe puisse enfin jouer ailleurs qu'en Suède dans de toutes petites salles et puisse enfin soulever les foules au quatre coins de l'Europe et des États-Unis. Je serai là !

Baptiste (8,5/10)

 

Nuclear Blast / 2017

Tracklist (56:00) : 1. Midnight Flyer 2. Star Of Rio 3. Gemini 4. Sad State Of Affair 5. Jenny 6. Domino 7. Josephine 8. Space Whisperer 9. Something Mysterious 10. Saturn In Velvet 11. Just Another Night (bonus track)