Archive for juillet, 2018

Joe McGurk – Encore

Il faut croire qu’OPEROSE et OPPOSING MOTION ne suffisent pas à Joe McGurk. Tout en menant tambour battant ces deux projets, il continue également son petit bonhomme de chemin en solo. Après Elements en 2015, voici Encore dans une même veine instrumentale.

Le britannique ne manque pas de talent et a déjà fait la preuve de sa maîtrise technique. Il enfonce ici une fois de plus le clou et démontre sa maestria avec son instrument. Encore laisse les choses là où son prédécesseur avait laissé les choses. Ce disque se veut très visuel, on sent bien que notre ami apprécie les bandes originales de film et leur côté générateur de paysages et d’émotions. McGurk a fouillé dans ses archives personnelles et a sélectionné les thèmes musicaux qui allaient servir de base à chacune des compositions présentes ici. A partir de là, laissant couler son inspiration et ses envies, il a modifié, modernisé, trituré tout cela pour accoucher de sept nouveaux titres.

La guitare ne prend pas toute la place, les orchestrations sont nombreuses et donnent un peu de chaire à l’ensemble. A l’exception de « Neoclassica (Avarice Suite) », le guitariste a fait sobre en ne dépassant pas les cinq minutes pour chaque titre. On évite ainsi les chansons à rallonge sans grand intérêt. McGurk n’a jamais caché ses influences néoclassiques et il s’exprime très largement dans cette veine sur Encore. Les quatorze minutes de « Neoclassica (Avarice Suite) » et son nom pose d’emblée le décor et annonce la couleur. Le résultat se veut riche, complexe, mélodique et coloré. Le pari s’avère réussi même si quelques longueurs ici et là empêchent de totalement s’enthousiasmer. La production générale reste correcte mais nous sommes un net cran en dessous des ténors européens.

Sur la longueur, Encore n’atteint pas le niveau d’Elements. L’écoute s’avère agréable mais à quelques exceptions près, ces mélodies peinent à marquer durablement l’esprit de l’auditeur. L’exercice de l’album instrumental n’aide pas et ne pourra intéresser que les mordus du genre. Pour qu’un plus large public puisse profiter du talent du britannique, espérons que ses autres projets accouchent rapidement de nouvelles aventures.

Oshyrya (6,5/10)

 

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Lion Music / 2018
Tracklist (48:30 mn) 01. Encore 02. Sailing to Eternity 03. Tears Fall (But Never Reach) 04. Well Trodden Path of Regret (Featuring Lars Eric Mattsson) 05. Neoclassica (Avarice Suite) 06. Butterfly in the Underworld 07. Soldiers of Despair 08. Elements – Classical Version (Bonus Track)

 

 

La vieillesse, ce naufrage. Un jour, votre peau ne sera plus aussi ferme, des poils vont vous pousser dans les oreilles, vous piquerez du nez devant la téloche, les festivals vont sembleront soudainement bien trop peuplés de jeunes trop bruyants et la moindre sortie un peu arrosée vous laissera en PLS pendant deux jours. Ce constat terrifiant s’applique aussi à vos groupes préférés, et le petit dernier qui vient rejoindre la cohorte grandissante des groupes qui devraient s’arrêter avant de violer tout à fait leur mythe s’appelle At The Gates.

Coupons court à toute controverse. To Drink From The Night Itself n’est pas un étron fumant comme la dernière offrande de Kataklysm (oui, j’en profite ici pour parler de cet album, je ne le chroniquerai pas, il est mou, peu inspiré et aussi captivant que France-Danemark). La bande à Tompa arrive encore, dans une certaine mesure, à donner le change. Quelques morceaux se maintiennent à un niveau acceptable (à savoir le niveau At War With Reality, déjà moins fringant qu’avant mais toujours correct).

Mais pour le reste, ATG est en roue libre. Alors oui, c’est clairement identifiable. C’est du ATG pur jus, mais joué au ralenti. Aucune hausse du rythme cardiaque, pas de chair de poule. At The Gates avait mis la barre si haut avec ses albums datant d’avant leur split qu’il ne peut désormais nous proposer qu’une version édulcorée de ses heures de gloire.

Pour beaucoup de fans, To Drink From The Night Itself n’est pas encore l’album de trop. À mes yeux, ATG se maintient artificiellement en vie. Tompa ferait mieux de se consacrer pleinement à The Lurking Fear plutôt que de creuser encore un peu plus la tombe de son groupe. Et au pire, s’il veut vraiment maintenir At The Gates en vie, des concerts old school comme en propose Emperor, par exemple, sont un moyen comme un autre de perpétuer la légende sans l’écorner.

Mister Patate (5/10)

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Century Media Records / 2018
Tracklist (44:48) 1. Der Widerstand 2. To Drink from the Night Itself 3. A Stare Bound in Stone 4. Palace of Lepers 5. Daggers of Black Haze 6. The Chasm 7. In Nameless Sleep 8. The Colours of the Beast 9. A Labyrinth of Tombs 10. Seas of Starvation 11. In Death They Shall Burn 12. The Mirror Black

Watain – Trident Wolf Eclipse

Watain semble en pleine transition, et il y a fort à parier que cet album, d’ici quelques années, constituera un tournant dans la carrière du groupe, une étape transitoire entre un Black brut et quelque chose de plus grand, de plus ambitieux.

Voilà en somme comment je concluais ma chronique de The Wild Hunt. Mouais, en termes de pronostics, j’aurais pu faire mieux.

Trident Wolf Eclipse est, en quelque sorte, une marche arrière du groupe après The Wild Hunt, leur effort le plus ambitieux depuis les débuts du groupe. Dès l’opener « Nuclear Alchemy », le groupe semble vouloir faire table rase de ce dernier album, en optant pour une explosion de violence, 3 minutes où le groupe dégueule sa haine sans discernement. C’est pas très finaud, certes, mais c’est bougrement efficace.

Ensuite, le groupe reprend ses bonnes vieilles habitudes de l’époque pré-The Wild Hunt. Tantôt explosif sans pour autant oublier la touche mélodique, tantôt mid-tempo et ambiancé, les Suédois déroulent un album maîtrisé de bout en bout. Le Black Metal du groupe, mâtiné ici et là de touches thrash et presque punk, fait mouche. Et c’est peut-être pour ça que j’aime et déteste cet album. Je l’aime parce qu’il est efficace dès la première écoute. Pas de chichis, pas de fioritures, l’album se déguste d’une traite et ravira les fans du genre.

Mais lorsque je le replace dans son contexte et dans la discographie du groupe, j’ai quelques regrets. Je m’attendais réellement à une mue du groupe, à une évolution radicale. Un peu comme Behemoth qui a su, en trois albums, passer du black pur et dur à un black/death qui propulsait le groupe dans une autre dimension (avant The Satanist).

Trident Wolf Eclipse est à la fois un beau retour aux affaires et une occasion manquée. Nous ne saurons probablement jamais ce qu’aurait donné Watain si le groupe avait persévéré dans son évolution amorcée avec The Wild Hunt. On se consolera avec un album pas forcément novateur mais terriblement efficace.

Mister Patate (7,5/10)

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Century Media Records / 2018
Tracklist (41:52) 1. Nuclear Alchemy 2. Sacred Damnation 3. Teufelsreich 4. Furor Diabolicus 5. A Throne Below 6. Ultra (Pandemoniac) 7. Towards the Sanctuary 8. The Fire of Power 9. Antikrists Mirakel*