Archive for juillet, 2018

Ghost – Prequelle

Le mystère GHOST s’est éclairci. L’aura de mystère qui entourait le groupe a désormais disparu. Tout le monde connait Tobias Forge et sait qu’il est le maître à penser artistique et musical de cette aventure. Ces révélations sur fond de procès et de règlements de compte financiers allaient-ils interrompre l’ascension des suédois ? Ce n’est pas peu dire que nos amis étaient attendus au tournant quelques années après Meliora (2015) et Popestar (2016).

Forge est malin et décide d’entamer un nouveau chapitre en recrutant de nouveaux acolytes autour de lui et en rangeant au placard les Papa Emeritus au profit d’un nouveau personnage du grand guignol GHOST, le Cardinal Copia. Sur le fond, au niveau musical, on ne change par contre pas une équipe qui gagne. Ce rock doom progressif vintage revient sur le devant de la scène avec Prequelle. Ce nouvel opus s’inscrit dans la continuité des disques précédents.

Après une petite mise en bouche destinée à faire monter l’ambiance, les hostilités débutent avec un « Rats » ayant servi de premier single. Les fans ne seront pas désorientés, ils marchent en terrain connu, entre riffs accrocheurs et nappes de claviers omniprésentes. Le refrain déçoit au premier abord mais après quelques écoutes, la mayonnaise finit par prendre et l’auditeur passera outre. Rien de bien nouveau sous le soleil, c’est du GHOST tout ce qu’il y a de plus classique mais reconnaissons encore une fois l’efficacité du savoir-faire suédois. Forge domine les débats derrière son micro et propose encore une très belle performance. « Faith » ne veut d’emblée plus lourd et plus métal. Les guitaristes s’en donnent à cœur joie et imposent implacablement leur tempo. GHOST devient quelques minutes plus malsain et plus « evil » sans la dimension mélodique ne disparaisse jamais.

Prequelle affiche un équilibre assez subtil entre compositions intenses et titres plus doux. L’auditeur passera par un large panorama d’émotions, tout en restant porté agréablement par les mélodies accrocheuses. La dimension vintage du hard rock mélodique des suédois est poussée très loin. Un « Miasma » surprend par les chemins détournés qu’il emprunte, ce titre très technique s’ancre dans les seventies. GHOST a-t-il déjà été aussi accessible et sucré que sur un « Dance Macabre » ? Toutes les générations pourraient se retrouver sur une chanson aussi fédératrice. Certains diront de Forge joue la facilité mais même dans cet exercice, il excelle. Difficile franchement de résister et de ne pas secouer la tête et taper du pied ?

Et les ballades ne sont pas non plus en reste avec des « See the Light » et « Pro Memoria » qui font mouche. Le travail sur les orchestrations s’avère très réussi et le sens de la mélodie prend ici tout son sens. Oui c’est tire-larmes, ou c’est guimauve et pourtant le plaisir est bien là. C’est nostalgique à souhait et malgré les grosses ficelles utilisées, on se laisse porter. Forge démasqué, il ne se cache plus et affiche fièrement tout son savoir-faire. Il n’hésite pas à proposer un instrumental très progressif avec « Helvetesfonster ». Ce quatrième disque se termine paisiblement par une composition pop-rock, assez grandiloquente mais qui s’oublie assez rapidement.

Prequelle laisse, à chaque écoute, une impression très positive. Ce disque invoque un foisonnement de couleurs et de rythmes à même de rassasier les plus exigeants. Tout n’est pas génial, les refrains tombent parfois à plat mais les morceaux de bravoure ne manquent pas et génèrent rapidement une irrépressible envie d’y revenir. Au niveau des albums, GHOST fait jusqu’à présent un sans-faute et ce disque lui permettra sans aucun doute de poursuivre son ascension dans le monde entier. Selon la version de l’album que vous avez acheté, vous bénéficierez de reprises en bonus, « Avalanche » de Leonard Cohen et « It’s a Sin » des PET SHOP BOYS.

Oshyrya (08/10)

 

Site Officiel
Facebook Officiel

 

Caroline Records / 2018
Tracklist (50:45 mn) 01. Ashes 02. Rats 03. Faith 04. See The Light 05. Miasma 06. Dance Macabre 07. Pro Memoria 08. Witch Image 09. Helvetesfonster 10. Life Eternal 11. It’s A Sin 12. Avalanche

 

 

Funeral Mist – Hekatomb

Groupe à part entière en 2003 (année de sortie du sublime Salvation), Funeral Mist est devenu au fil du temps un « side-project » d’Arioch/Mortuus, frontman de Marduk depuis Plague Angel. Et en 15 ans, Funeral Mist ne nous aura donc gratifié que de deux albums, Maranatha en 2009 et Hekatomb, annoncé à peine deux semaines avant sa sortie cet été.

Hekatomb semble avoir aspiré toute l’énergie de Viktoria, nouvel opus de Marduk sorti quasiment au même moment. Toute la folie, toute la hargne semblent avoir été siphonnées par Mortuus et recrachées sous le nom de Funeral Mist. Sur le plan musical, Funeral Mist mise ici sur un album plus court, plus violent que ses prédécesseurs. En quelque sorte, il perd son aura occulto-mystique qui était la marque de fabrique des deux efforts précédents. Mis à part quelques chœurs ici et là, Hekatomb se veut résolument plus rentre-dedans, dès « In Nomine Domini » qui, malgré ses deux petites cassures de rythme, lance la machine à pleine vitesse. Blasts destructeurs, lignes de guitare qui sifflent comme des balles perdues (ça sent l’héritage Panzer Division Marduk)… rien ne nous est épargné. Mortuus se paie même le luxe d’ajouter un jumpscare musical (que je ne spoilerai pas) dans un de ses morceaux.

Mortuus, parlons-en, d’ailleurs. Quelle prestation vocale. Quel registre. Sur « Shedding Skin », il touche au sublime, avec une prestation littéralement habitée. Est-ce là le même frontman que celui qui officie sur Viktoria ?

Et malgré tout, ce Funeral Mist me déçoit un peu. Pas en raison de sa qualité, loin de là, mais plutôt parce qu’Hekatomb marque une évolution vers un Black Metal plus traditionnel. Comme si Funeral Mist se « mardukifiait ». Lorsque Marduk a commencé à intégrer des éléments plus « funeralmistiens » sur Rom 5:12, cette évolution m’a enchanté, car cet apport nouveau offrait une nouvelle dimension à Marduk. Ici, j’ai l’impression que Funeral Mist s’appauvrit en quelque sorte, et perd son côté unique.

Un cran au-dessus de la concurrence, un cran en-dessous des efforts précédents du groupe : voilà le paradoxe Hekatomb. S’il était sorti sous la bannière de Marduk, il serait instantanément devenu un de mes favoris du groupe. Ici, malgré ses qualités indéniables, il restera un peu dans l’ombre de son monstre de frère, l’intouchable Salvation.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel

Norma Evangelium Diaboli / 2018
Tracklist (43:01) 1. In Nomine Domini 2. Naught but Death 3. Shedding Skin 4. Cockatrice 5. Metamorphosis 6. Within the Without 7. Hosanna 8. Pallor Mortis 

Marduk – Viktoria

Après un Frontschwein qui m’avait séduit sans pour autant atteindre des sommets de joie et félicité dans mon cœur, Marduk revient avec un nouvel album qui aura fait parler dès son premier single, « Werwolf ». Une sirène, un morceau bref, cinglant, 2 minutes de ratonnade presque punk, avec un Mortuus dans un registre moins FuneralMistien que d’habitude, des chœurs chelou, une rythmique bête et méchante… En guise d’opener, « Werwolf » surprend, désarçonne. « Equestrian Bloodlust » et « Viktoria », les autres morceaux dévoilés avant la sortie, renouaient avec un Marduk plus conventionnel. Je m’attendais donc à un album dans la lignée de son prédécesseur, avec une ou deux expérimentations, quelques longueurs et, au final, un bon album malgré tout.

Finalement, Viktoria est presque une déception, mais une déception presque prévisible en raison de ma théorie selon laquelle un album de Marduk n’est jamais bon lorsqu’un album de Funeral Mist sort la même année.

2003 : Salvation vs World Funeral
2009 : Maranatha vs Wormwood
2018 : Hekatomb vs Viktoria

En 32 minutes, on aurait pu espérer que Marduk aille à l’essentiel, comme sur un Panzer Division Marduk, par exemple (même s’il est loin d’être mon album préféré). Et pourtant, sur ces 32 minutes, on retrouve deux morceaux plutôt mous dont un « Tiger I » qui sent la face Z de Plague Angel, un single hors sujet (« Werwolf »), des wooohooo sur « June 44 ». Ca fait beaucoup de petits trucs qui rendent l’écoute un poil moins agréable.

Certes, le groupe sait toujours faire parler la poudre, avec notamment un « Narva » qui n’apporte rien de neuf mais garde une franche agressivité… mais plus j’écoute l’album, plus j’ai l’impression que les « bonnes » idées ont été récupérées par Mortuus pour Hekatomb et que Marduk se contente des miettes et des grands classiques. Et quand on a sorti au fil de sa carrière Heaven Shall Burn… When We Are Gathered, Nightwing et Rom 5:12 pour ne citer qu’eux, proposer un album aussi dépouillé, ça fait mauvais genre.

Il ne nous reste qu’une chose à faire : profiter un max du nouvel album de Funeral Mist et attendre patiemment le prochain Marduk. Logiquement, Funeral Mist devrait retourner en hibernation pendant quelques années, cela laisse le temps à Morgan et sa bande de nous proposer quelques galettes de qualité supérieure.

Mister Patate (6,5/10)

Facebook officiel

Century Media Records / 2018
Tracklist (32:54) 1. Werwolf 2. June 44 3. Equestrian Bloodlust 4. Tiger I 5. Narva 6. The Last Fallen 7. Viktoria 8. The Devil’s Song 9. Silent Night