Hangman’s Chair – Hope///Dope///Rope
Posted by Mister PatateSep 5
Hope///Dope///Rope : une idée fulgurante, trois mots, une sonorité, trois étapes d’une lente et douloureuse descente aux enfers. Le malaise est là, rampant, insidieux, coulant dans les veines, se frayant un chemin jusqu’aux plus profonds recoins de l’être. Le froid te saisit, comme une averse d’une fine bruine qui rend le pavé parisien graisseux et reflète la lumière blafarde des néons. Le propos ? Une biographie, un récit triste. En 52 minutes, le stoner de Hangman’s Chair relate le moment précis entre le baiser du chanvre autour du cou et la chute s’interrompant par un craquement de cervicales et quelques soubresauts. Les souvenirs défilent, les images se succèdent, les textes sont autant de flashbacks. Et pour un tel récit, seul un genre peut convenir : le stoner doom, lancinant, presque apaisé. Aucune poussée de violence, aucune rébellion, mais cette tristesse, ce flot de rancœur trop longtemps contenu et auquel on donne libre une cours une seule fois, une dernière fois avant que le rideau ne tombe. It’s not a time to give birth. It’s a time to die. Cette lumière au bout du tunnel n’est pas l’espoir. C’est l’express de la vie qui se rapproche de toi à du 200 à l’heure, toutes sirènes hurlantes.
Avec ce troisième album, Hangman’s Chair a frappé fort, en parvenant à saisir et à retranscrire en musique tout le désespoir. S’il était une couleur, Hangman’s Chair ne serait pas le noir. Il serait le gris, un noir délavé par les larmes. Un grand chef-d’œuvre.
Mister Patate (9/10)
Bones Brigade Records – 2012
Tracklist (52:26) 1. The Saddest Call 2. Open Veins 3. Ain't Living Long Like That 4. December 5. A Scar To Remember 6. Alley's End 7. Hope///Dope///Rope
Digisleeve Deluxe édition 2016
A l’image de sa musique, il semble que ce troisième opus de nos compatriotes ait été particulièrement difficile à concevoir et à accoucher. Deux ans après Leaving Paris (2010), les parisiens remettent le couvert et nous replonge la tête la première dans leur Stoner / Doom Metal lumineux et rieur. Amis des drogues, de l’addiction, de la dépression et de l’amour, bienvenue chez vous. Il suffit de voir la pochette pour se rendre compte nous sommes ici loin de l’univers coloré et chatoyant du Moulin Rouge de Baz Luhrmann et que les franciliens s’intéressent plutôt au côté le plus sombre et dégradant de la vie parisienne. L'album ressort cette année sous la forme d'un bel objet, un digisleeve avec trois titres bonus pour séduire les fans.
Et le voyage sera tout sauf une sinécure, pendant plus de soixante-dix minutes, les plus bas instincts de l’être humain vont revenir à la surface. Le titre du disque annonce tout de suite la couleur, comme la promesse d’un destin brisé en trois actes. La plongée se fera par pallier, de plus en plus sombre et violent. HANGMAN’S CHAIR a décidé de ne rien épargner à son auditeur, sept chansons principales plus trois bonus vous enfonceront la tête sous l’eau encore et encore. Le ton est donné au bout de vingt secondes avec le premier riff qui émerge après une courte chanson d’enfants. Les franciliens manipulent une matière noire et visqueuse d’une lourdeur écrasante. Les rythmes sont tout aussi pesants et viennent contrebalancer le chant tantôt susurré tantôt hurlé de Cedric Toufouti. Ce cocktail détonne et ne pourra plonger l’auditeur quand dans le tourment. Plus c’est long plus c’est bon dirait certains mais avec Hope///Dope///Rope, cette maxime trouve ses limites. Les aprisiens varient avec talent les rythmes et les intensités, ils peuvent alterner des passages atmosphériques et coup de massue quasi funeral-doom en quelques minutes. Il faut être prêt à tout affronter, toute la gamme chromatique entre le noir et le blanc même si la balance penche très nettement du côté du premier.
Ce disque offre un sacré défi, il faut un certain courage et des tripes bien accrochés pour supporter ce traitement. Et pourtant on y revient, toute cette noirceur et cette violence fascine et séduise. L’être humain aime se faire mal et il va être servi avec ce disque. Pour terminer, citons Dante Alighieri et sa Divine Comédie : « Vous qui entrez ici, perdez toute espérance ».
Oshyrya (7,5/10)
Music Fear Satan Records / 2012
Tracklist (70:10 mn) 01. The Saddest Call 02. Open Veins 03. Ain't Living Long Like That 04. December 05. A Scar To Remember 06. Alley's End 07. HOPE///DOPE///ROPE Bonus 08. I am the Problem 09. The Rest is Silence… 10. Gallow’s Dance
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