Amplifier – The Octopus
Posted by SheolJuin 19
Cinq ans après Insider, les mancuniens d’Amplifier sont de retour avec non pas un, mais deux albums d’un coup, pour plus de deux heures de musique ! The Octopus est en effet un projet un peu fou mené à bien par la bande de Sel Balamir, qui a choisi la voie de la totale indépendance pour venir à bout de ses ambitions et nous proposer un double album comme on en voit que trop rarement. Une prise de risque majeure dans la carrière du groupe, qui a tout assuré de a à z, de l’autoproduction à l’auto -distribution en passant par l’auto- gestion (Sel Balamir allant apparemment jusqu’à prendre lui-même les commandes d’album par e-mail).
Le travail effectué par le groupe avec The Octopus est tout bonnement impressionnant. C’est un long voyage que nous propose Amplifier, un voyage de plus de deux heures, surprenant, complexe et intriguant à la fois. Un voyage qui peut sembler un vrai labeur lors des premiers passages, difficile à assimiler, mais qui se dévoile peu à peu, que l’on découvre un peu plus à chaque écoute. Comment ensuite, ne pas rester coi par la prise de risque, par le courage, mais surtout par le talent de ces gars là ! Le travail de composition, la maitrise, et l’honnêteté qui se dégagent de l’ensemble forcent le respect. The Octopus demande certes du temps pour être assimilé (nombreux sont ceux qui lâcheront l’affaire après une première écoute laborieuse, fous, ils ne savent pas ce qu’ils loupent !) mais impressionne de plus en plus au fur et à mesure des écoutes, et se révèle être une œuvre indéniablement réussie de bout en bout. Du groove qui fait le lien avec le premier album éponyme de 2004 (« Interglacial Spell »), des ambiances travaillées -et réussies !- aux morceaux semblant plus expérimentaux, tout porte la griffe d’Amplifier, infalsifiable, originale, talentueuse.
The Octopus se démarque clairement des sorties actuelles non seulement par sa forme mais aussi par son fond, en nous proposant seize compositions d’une maturité et d’une richesse que l’on ne peut que respecter. Chaque titre possède sa propre identité, mais forme pourtant un ensemble homogène et indubitablement cohérent, mais en contrepartie complexe et subtil. C’est un Rock progressif pas si évident que ça à cerner dont il s’agit, qui lorgne constamment vers le Metal avec ces guitares lourdes et ce son massif qui sont la marque de fabrique du groupe. Pour enfoncer encore le clou de la complexité, Amplifier s’installe bien solidement à cheval entre modernité et héritage des seventies. Entre passages Pink Floydiens ou Post Rock bruitistes, les groupe balance, joue, et étire son registre, plus fort et plus addictif qu’il ne l’a jamais été. Qui d’entre vous peut prétendre avoir entendu un tel album récemment ? La réponse est évidente : The Octopus fait partie d’une espèce en voie de disparition, comme on en voit presque plus depuis les années 1970, justement. Une œuvre aboutie, qui fait le lien entre différents styles. Une œuvre jusqu’au-boutiste, qui aura nécessité cinq années de travail et trois phases d’enregistrement. La liberté, choisie à raison par Sel Balamir à bien évidemment un prix à payer : la patience. Mais le jeu en vaut la chandelle, ca valait la peine d’attendre. Aucune maison de disque n’aurait soutenue un tel projet, pas assez « bankable » voyez vous, il est donc heureux que le trio mancunien ai opté pour l’indépendance totale, au risque de porter toutes les casquettes nécessaires pour voir son œuvre se concrétiser.
J’ai envie de dire un grand bravo à Amplifier pour sa démarche et son courage, et surtout pour avoir sorti une œuvre comme on en trouve que trop rarement, dans cette époque ou le pognon est maitre et où les artistes voient souvent leurs inspirations jugulées faute de moyens. Chapeau bas, Sel Balamir and co. , vous avez sorti là une œuvre magistrale !
Sheol (09/10)
amplifier.bandcamp.com/album/the-octopus-2
Replica Records / 2011
Tracklist (123:33 mn)
CD1: 58:31 1.The Runner 2. Minions Song 3. Interglacial Spell 4. The Wave 5. The Octopus 6. Planet Of Insects 7. White Horses At Sea // Utopian Daydream 8. Trading Dark Matter On The Stock Exchange
CD2: 65:02 1. The Sick Rose 2. Interstellar 3. The Emperor 4. Golden Ratio 5. Fall Of The Empire 6. Bloodtest 7. Oscar Night // Embryo 8. Forever And More
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