Babymetal – Babymetal
Posted by Mister PatateSep 1
Se pencher sur le cas de Babymetal n’est pas évident : entre les fanboys qui vouent au groupe une admiration sans faille qui frise la masturbation et les haters qui n’en finissent pas de déverser leur bile et de dire tout le mal qu’ils pensent de ce projet, il semble qu’il soit aujourd’hui obligatoire de choisir son camp. Ma curiosité ayant été aiguisée au fil du temps par plusieurs facteurs (notamment ces bons vieux rosbifs de Carcass qui prenaient la pose avec les filles de Babymetal au Sonisphere), je me suis penché sur ce phénomène tout droit sorti du pays du soleil levant. Je vous entends déjà, les gars : « ouais, Patate s’attaque à des ados parce qu’il sait qu’il ne risque pas de représailles ». Mouais, des pseudo-rockstars qui habitent à moins de 300 bornes de chez moi menacent aussi de me casser la gueule depuis 3 ans après une chronique, et elles ne sont toujours pas venues me rendre visite non plus.
Babymetal, donc.
Au risque de vous surprendre/décevoir, je dois reconnaître que Babymetal est une bonne surprise. Babymetal est peut-être même le coup Marketing le plus fumant depuis Ghost. Voire même depuis Slipknot, dont l’un des principaux arguments de vente était cette image de tarés dangereux. Parce que Babymetal a su à la fois saisir quelques lignes directrices du Metal pour les « pervertir » à sa façon et exploser toutes les barrières du genre en y ajoutant tout ce qui leur passe par la tête. Electro, dubstep (avec un résultat équivalant à la collaboration entre Korn et Skrillex), pop japonaise, flow rap, même une touche de reggae : rien n’est trop fou, rien n’est exclu, tout est permis. Dans un univers du Metal qui, à quelques exceptions près, tourne majoritairement en rond, Babymetal se distingue par sa liberté totale, son attitude « no limits ». En fait, à ce niveau, Babymetal a plus de couilles que la majeure partie des groupes actuels qui se contentent de reprendre les quelques ingrédients standard éculés du Metal. C’est frais, c’est osé, c’est catchy as fuck sur certains morceaux et ça, ça fait plaisir. À part Diablo Swing Orchestra, je ne vois pas quel groupe m’a autant surpris depuis au moins 5 ans.
Et pourtant, je ne comprends pas tout à fait comment on peut tant porter ce groupe aux nues. Ok, c’est super bien foutu (pas mal de groupes de Metalcore devraient en prendre de la graine, d’ailleurs), l’album contient son lot de morceaux mémorables et efficaces en diable, mais de là à faire de Babymetal un album excellent, il y a un sacré pas que je ne franchirai pas. Ainsi, certains éléments (je pense surtout à l’incursion reggae sur « 4 No Uta » ou au passage rap sur « li ne! ») auraient pu être mieux intégrés aux morceaux. Ici, ces idées affaiblissent justement ces morceaux en cassant leur dynamique. À vouloir être à tout prix original, l’album souffre donc d’un manque d’homogénéité au niveau de la qualité, et le très bon côtoie donc le très moyen.
Au final, j’aurais donc envie de me positionner entre les deux camps. Sans être parfait, Babymetal parvient à être plus convaincant que bon nombre de groupes purement Metal, et je suis persuadé que l’effet « pop » n’y est pas étranger, car ces compos sont taillées sur mesure pour être catchy et mémorables… et contrairement au Metalcore de base, elles sont originales.
Par ailleurs, ce groupe est clairement le fruit d’une opération marketing énorme (on voit aussi les efforts au niveau visuel dans les clips réalisés avec des images live, rares sont les groupes de Metal capables de proposer une telle expérience audioVISUELLE) et à la différence d’un Ghost, il a su conserver un peu plus de Metal dans ses veines… mais si on en parle aujourd’hui hors du Japon, ce n’est pas en raison des qualités musicales du groupe, mais bel et bien parce que ce groupe a eu la chance, contrairement à des centaines d’autres, de bénéficier d’un arsenal Marketing énorme. Sans ce petit coup de pouce, la déferlante Metal débridée de Babymetal n’aurait probablement jamais atteint nos côtes…
Mister Patate (5/10*)
Universal Music Japan / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. BABYMETAL DEATH 2. Megitsune 3. Gimme Choko!! 4. Ii ne! 5. Benitsuki -Akatsuki- 6. Do・Ki・Do・Ki☆MORNING 7. Onedari Daisakusen 8. 4 no Uta 9. U.ki.U.ki★Midnight 10. Catch me if you can 11. Akumu no Rinbukyoku 12. Headbanger!! 13. Ijime, Dame, Zettai
* oui, c’est donc un point de plus que le dernier Behemoth. Vous ne rêvez pas.
8 comments
Commentaire by Oshyrya on 01/09/2014 at 19:15
Très bonne chro que je partage entièrement. J'ai été moi aussi agréablement surpris par le côté visuel ultra pro, léché et une musique franchement heavy, rapide et catchy. J'ai l'impression qu'il n'y avait que des japonais pour oser…
Commentaire by Baptiste on 01/09/2014 at 21:18
Ok mais pourquoi une note aussi « moyenne » ? Je ne comprends pas moâ…
Commentaire by Hamster Forever on 03/09/2014 at 17:01
Bon, ça me touche un poil sans bouger les autres. Autant j’apprécie la démonstration marketing en force à laquelle il est difficile d’échapper, autant la collection de clichés accumulés par le produit en question me laisse froid. pas même le mythe de l’écolière japonaise en uniforme…
On pourrait décortiquer la recette du yaourt, et détailler combien de riffs de Metallica, Slipknot, Sepultura et d’autres ont été pompés, sans oublier la mascotte de Maiden dont le produit se sert en intro avec un charabia et une histoire à dormir debout, ou les musiciens déguisés (quelle trouvaille… mais ou vont ils chercher tout ça). Quitte à devoir choisir entre un yaourt et Behemoth, je préfère encore un mauvais album du combo polonais.
Commentaire by Attomaak on 05/09/2014 at 3:48
“de bénéficier d’un arsenal marketing énorme”, Mister Patate
“démonstration marketing en force à laquelle il est difficile d’échapper”, Hamster Forever
Non. Ce sont des affirmations faites à la va-vite. Soyons objectifs, où est-ce que vous avez vu ça ? Dans les rues ? À la télé ? À la radio ? Dans les journaux ? Babymetal a fait parlé de lui dans les milieux de la musique japonaise et du metal mais en dehors de ces microcosmes, presque rien. En tout cas, je ne vois pas quels moyens “énormes” leur label a mis en place pour faire connaître ce groupe. Marketing, certes, toute maison de disque, même indépendante, se doit de faire du marketing pour faire tourner la boutique, générer des bénéfices (ce n’est pas un gros mot), en somme, faire connaître ses produits (albums, concerts, merchandising), mais dans le cas de Babymetal, ça ne va pas loin en terme de publicité. Quand tu parles de d’arsenal marketing énorme, on pense à des campagnes publicitaires qui coûtent des millions d’euro et qui s’affichent partout. Si ce groupe marche (modérément), c’est parce que les gens ont accroché, et grâce à pas mal de buzz sur Internet, il n’y a pas de lobotomisation des masses derrière tout ça.
Allez, un peu de propagande : http://www.youtube.com/watch?v=6-XWc9ZDi_E
Commentaire by Hamster Forever on 05/09/2014 at 8:07
La propagande n’y changera rien. Etre dans le déni c’est mal. Le matraquage télé radio, et dans les rues c’est la deuxième lame, ça viendra. Jusqu’à l’écoeurement. Dans les journaux hexagonaux ça commence à diffuser bien au delà de ce que tu imagines. Babymetal a bénéficié du boulot et des réseaux de Amuse, Inc. dont c’est la tête de gondole. Et tu crois que Toys Factory n’a pas mis le paquet sur le marché local ? Tu penses mal en termes de marketing, qui te parle d’un budget à la Danone ? Suffisait par exemple pour le marché US de placer le produit en guest de Lady Gag (buzz assuré), et pour l’Europe de payer sa mise à l’affiche du download pour déclencher le brouhaha. Ciblé, et efficace. Le marketing bourrin viendra aussi. Et quand tu dis “marcher modérement” tout est relatif en effet, mais en tout cas je connais bien des groupes qui voudraient remplir deux jours d’affilée le Budokan 😀 . Quand à la France, les groupes metal seraient pas contre avoir des échos hors de la presse spécialisée, bénéficier d’un article de retape de l’AFP diffusé par les autres organes de presse (Nouvel Obs et compagnie). On peut avoir le débat sur le buzz sur la toile, et sur la qualité du produit et du buzz en question, mais ça n’ira pas bien loin.
Commentaire by misterpatate on 05/09/2014 at 13:08
En effet, Hamster a compris ce que je voulais dire : à l’échelle du monde du Metal, l’investissement ne doit pas être aussi colossal. Coller ce groupe sur une ou deux affiches bien ciblées suffit pour lancer le buzz.
Commentaire by Attomaak on 10/09/2014 at 9:01
À te lire, Hamster, ce groupe deviendra un véritable trouble à la santé publique de part son omniprésence. Je pense qu’il faut garder un point de vue raisonnable.
Je réagissais au fait qu’il n’y a pas d’arsenal marketing “énorme” ou de démonstration marketing à laquelle il est difficile d’échapper. Les mots ont un sens précis et vous le savez pourtant.
Et si des journalistes, ou l’agence France Presse, en parlent, c’est de LEUR ressort, c’est leur décision (d’ailleurs, c’est aussi votre décision, sur ce site, d’en parler et vous contribuez à alimenter la toile en contenu relatif à Babymetal, de la pub, bonne ou mauvaise, c’est toujours de la pub comme on dit ; c’est un article de plus sur ce groupe qui figurera dans les moteurs de recherche), si certains artistes et groupes connus les apprécient, c’est également de LEUR ressort.
Tu ne serais quand même pas en train de reprocher à un groupe de bien marcher et d’essayer de se faire connaître ? Que devraient-ils faire sinon ? Essayer de se faire oublier ? La publicité, ce n’est pas le mal. J’imagine déjà que s’ils font quoi que ce soit d’autre pour se faire connaître, tu trouveras que c’est une honteuse manipulation. Ils ne font de l’ombre à aucun autre groupe, personne ne fait la même chose qu’eux.
D’habitude, les groupes japonais pêchent à l’inverse par trop de timidité envers l’international. Au départ, jamais je n’aurais cru que cette bizarrerie plairait à tant de monde. Si les gens aiment, tant mieux pour eux après tout.
Maintenant si vous trouvez que les médias en parlent trop, n’en parlez plus et adressez vos reproches auxdits médias s’ils ne sont pas dans leur rôle concernant la diversité de l’information et la couverture de l’actualité Metal. Les maisons de disques, de leur côté, font toujours ce qu’elles peuvent pour faire connaître leurs artistes.
Commentaire by Hamster Forever on 10/09/2014 at 11:52
A te lire tu fais une interprétation totalement exagérée de mes propos. T’as le droit d’être fan mais faudrait raison garder. D’ailleurs justement il n’y a rien de raisonnable dans tout cet emballement pour pas grand chose. Il y a bien un arsenal marketing qui emploie toutes les grosses ficelles du métier. Et qui en fait des tonnes pour pas grand chose, et c’est relayé par des moutons qui possèdent des cartes de presse… Quand à l’AFP, connaissant la maison, si on ne les avait pas aimablement “aiguillés” vers le groupe en question il ne soupçonneraient pas son existence :D. Et pourquoi parle t-on de Babymetal dans METALchroniques ? Tu ne vois pas pourquoi ? Dommage. Une fois de plus ce qui me gonfle (et ce mécanisme vaut pour toute actualité médiatique) c’est la surexposition du superficiel au détriment du reste, et en particulier de groupes japonais bien plus intéressants musicalement que cet assemblage de clichés usés jusquy’à la corde. De fait ils font de l’ombre. Pas chez nous, on ne met pas l’article en une, je trouve ça regrettable en revanche quand Metal Hammer UK vante ce truc comme l’évènement du Download festival, à la limite je préférais leurs poussées chauvines habituelles… La publicité n’est pas forcément maléfique c’est son matraquage. Sinon tu as bien trop d’imagination pour m’imaginer dans un délire conspirationniste. Sinon j’aurais déjà soupçonné que tu es payé par le groupe, le FBI et les chinois pour promouvoir ce groupe en carton à la solde des illuminatis. Alors oui tant mieux pour eux. On ne trouve pas que les médias en parlent trop, ils font dans l’ensemble de la retape, il y a mieux a faire que de relayer bêtement ce que peut dicter un attaché de presse.