Si vous n’avez rien contre une petite sucrerie Fusion / Indus / Electro Metal & Ethno Folk Balkanique venue de Croatie, ne bougez pas car j’ai exactement ce qu’il vous faut ! Il se peut que Manntra ne soit pas un parfait inconnu des observateurs assidus de la scène Heavy Metal internationale vu que 2/3 de ses membres officient également dans le groupe de Heavy Metal croate Omega Lithium que l’on retrouve au sein de l’écurie Drakkar Entertainment (Sony BMG).
Moins barré dans sa musique mais un peu dans la lignée des roumains de Dirty Shirt dont Oshyrya nous a gratifié récemment d’une chronique ici en Mai, Manntra a déboulé en Mars avec un second album studio Venera. Personnellement je ne connaissais pas du tout cette formation et suis tombé par hasard sur une vidéo en naviguant sur youtube. Je venais justement de découvrir Dirty Shirt et je me suis empressé de caller les deux groupes pour une de mes sélections Metal pour Radio Kaos Caribou : c’est vous dire si j’ai apprécié la musique de Manntra et de son Venera.
Cet album succède à un premier effort Horizont ( 2012) qui était également entièrement auto produit par le chanteur / guitariste et claviériste de Manntra / Omega Lithium : Marko Matijević Sekul. Le son sur ces deux albums est vraiment très bon et organique ! Il faut le reconnaître et saluer son travail ! Je vous mets le bandcamp ici car l’on peut écouter en streaming complet cet album qui était comme vous pourrez le constater lui aussi déjà très abouti et avec ce mix Electro / Indus / Pop / Ethno / Folk / Metal !
En effet sa recette est simple mais ultra efficace ! Sur de morceaux courts chantés en croate à la structure d'un Metal Indus/Electro simple, massif et carré genre Rammstein on ajoute une dose de Pop simple elle aussi aux chorus imparables et l’on saupoudre le tout de parties Ethno Folk des Balkans avec des percussions, des cuivres, du violon, de l’accordéon ou des chants traditionnels ! Les tubes s’enchaînent très bien notamment sur toute la première moitié de l’album : « Bijeli Prah », « Sin », « Vila » ou « Mornar » et « Put part 1&2 ». Bon après quand Manntra n’use pas de cette Fusion et verse dans une vulgaire Pop Metal Electro / Indus il est moins ultime et peut très vite lasser sur la longueur mais globalement ce deuxième album reste plus que correcte, dansant et très accessible comme sur l’excellent « Stranci » !
Et oui les z’amis ! Ca m’arrive d’aimer la bonne guimauve quand je ne verse pas dans mes trucs occultes, acides, torturés ou ultra lourds !
Croatia Records – Kontra Music/ 2015
Tracklist (38:10) : 01. Bijeli Prah 02. Sin 03. Duboko 04. Vila 05. Mornar 06. Put 07. Put (Part 2) 08. Venera 09. Stranci 10. Crni Covjek.
C’est difficile de parler d’un groupe pour qui on ressent un profond respect depuis très longtemps. Je fais partie de ces rares personnes qui ont découvert la musique de Himinbjorg, une formation Pagan Black Metal savoyarde qui comptait dans ses rangs un membre de Forbiden Site Mathrien D., à ses débuts lorsque leur démo Where Ravens Fly (97) fut ré édité en 98 par Red Stream, Inc. un label américain. C’était dans le courant de l’année 99 et on m’avait alors prêté ce skeud de Pagan Black Metal auquel j’avais tout de suite succombé. Je me suis par la suite empressé de le commander dans le courant de l’année 2000 via la VPC de feu Holy Records avec son successeur et premier véritable album de Himinbjorg In the Raven’s Shadow. Deux pièces maitresses du Pagan Black Metal qu’il faut prestement recommander à toute personne se disant apprécier ce courant du Black Metal ! Le temps depuis s’est écoulé et je n’ai eu de cesse que de soutenir et suivre ce groupe malgré des sorties éloignées les unes des autre et de multiple changement de line-up (sur les trois dernières productions).
En effet j’écoute encore énormément les albums de Himinbjorg dont la musique a pas mal évolué au fil des années : des pérégrinations progressives du EP Third (2001) et de l’album Haunted Shores (2002 tous deus produit par Stéphane Buriez dans son LB Lab Studio), à la transe païenne très vindicative de Golden Age (2003) que Hamster avait chroniqué ici même (chronique ici), au plans Heavy et progressifs mais toujours chargés en bourrasques Pagan Black Metal de Europa (2005). J’avais été en revanche bien moins convaincu par son avant dernière réalisation Chants d’hier, Chants de guerre, Chants de la Terre… (2010) qui est bien plus intimiste et directe et donc moins épique que toutes les autres sorties du groupe.
La conjoncture actuelle étant plutôt propice a une sorte de revival Pagan Black Metal, j’en veux pour preuve les récentes excellentes sorties de Panopticon (ma chronique ici) qui doit remettre le couvert sous peu, Saör ou Downfall of Nur (ma chronique ici). J’espérais que Himinbjorg nous assaille comme il avait su si bien le faire par le passé avec de grandes compositions épiques, dynamiques, contemplatives et véhémentes à la fois.
Malheureusement et après plusieurs écoutes intensives de Wyrd forcé de constater que l’on est assez loin de mes espérances. Attention ! Je ne dis pas qu’il s’agit d’un mauvais album ! Je dis juste que pour ce qui est de l’intensité, du dynamisme et de la véhémence d’entant il vous faudra aller voir ailleurs car ici à part « Initiation » et « The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) » assez fades rythmiquement parlant et avec un manque de punch flagrant au niveau du blastbeat, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent ! Bon sang de bon soir ! C’est rageant surtout quand on compare à ce que le groupe était capable de faire sur In the Raven’s Shadow, Golden Age ou encore Europa ! Je ne sais pas ce qui cloche, si c’est une volonté de rester sur des midtempo ou un manque de fougue : toujours est-il que l’on ressent un manque de fluidité dans le jeu de batterie notamment dans les parties en up tempos (qui sont pourtant peu nombreuses). Le tranchant des lames de nos fiers identitaires se serait-t-il émoussé ? J’aurais tendance à dire que oui !
Alors certes il faut saluer le travail de production accompli par Zahaah (seul rescapé de la formation originelle) qui a une nouvelle fois tout composé, tout joué et enregistré dans son home studio ainsi que le mixage / mastering de Patric « Darkhyrys » au WSL Studios (France). De même que la collaboration avec Christophe Morvan ( TriYann et Soldat Louis) pour les flûtes / cornemuses et Baptiste Labenne (Boisson Divine) pour les guitares folks / mandolines / cornemuses gasconnes car les instrumentations et arrangements Folk sont vraiment très bons, nombreux et récurrents tout du long de Wyrd. J’ai quand même apprécié quelques morceaux comme « The Sword of Dignity », les fins de « The Mirror Of Suffering », « The Circle of Warriors » et « Initiation » avec leurs superbes cornemuses ainsi que les superbes guitares Heavy et leurs leads assez magiques sur une composition comme « The Eternal Light ».
Ma déception est assez grande à l’arrivée et peut être avais-je tort de sur estimer Himinbjorg en plaçant tant d’espérances en lui. Wyrd est un album certes soigné mais qui fait preuve de peu d’audace et s’installe dans une routine qui ne lui va décidément pas ! Ma déception se transforme un peu en morgue quand je me retrouve à lire une récente interview de Zahaah qui fait un peu le barbot en se la racontant et dénigre l’actuelle scène Pagan Black Metal qu’il traite de stérile et peu inspirée. J’ai juste envie de vous dire d’aller faire le test par vous-même et de comparer cet album de Himinbjorg avec les références que je cite dans le troisième paragraphe de cette modeste chronique. Quant à Zahaah si il me lit, je lui souhaite pour le futur de retrouver un peu de sa superbe passée en lui recommandant toute fois un peu plus de modestie car il risque de faire marrer beaucoup de monde dans les chaumières et ce à ses dépends ! A bon entendeur !
European Tribes / 2015
Tracklist (48:00) : 01. Intro (Call to the Being) 02. The Sword of Dignity 03. The World of Men Without Vertue (The Circle of Disillusion) 04. The Circle of Warriors 05. Initiation 06. The Mirror of Suffering (The Circle of Ghosts) 07. The Shamanic Whisper 08. Another Shore 09. The Eternal Light.
Waow ! Que j’aime me plonger dans l’écoute de productions de formations qui ont le bagout de Valborg, Owl (facebook officiel ici) ou Skarab (facebook officiel ici). Ces formations ont en commun des membres ainsi qu’un label Zeitgeister Music et j’encourage grandement à découvrir son catalogue de par sa qualité ainsi que le travail sérieux et régulier auprès des formations qu’il effectue (Bandcamp ici). Ce groupe allemand en activité depuis 2002 est assez prolifique puisque Romantik est son cinquième album. Le noyau dur de Valborg se compose de Jan Buckard Basse/Chants (ex-Tortur) et de son acolyte au sein de Tortur le stakhanoviste Christian Kolf Guitares /Chant (Owl, Skarab,ex-Tortur, ex-Island, ex-Slon, ex-Woburn House, ex-Kosmos Wald, Gruenewald, ex-Centaurus-A, ex-Klabautamann (live), ex-Orbo).
Valborg s’est fait connaître pour distiller ce qu’on appellera un Dark Metal qui emprunte beaucoup aux champs musicaux de Celtic Frost et au Doom Metal avec quelques incursions en territoire Avant-garde (notamment certaines dissonances dans le riffing proposé et des tournures théâtrales), Atmosphérique, Ambient, Coldwave et Black/Death Metal ce qui lui confère par moment un côté très Funeral Doom Metal. A ce titre je vous encourage aussi à découvrir l’intégralité de sa discographie qui est très caractéristique et vraiment de qualité pour aucune fausse note ou touches de mauvais goût.
Romantik est semblable à ses prédécesseurs à savoir ce qui est décrit juste au dessus ainsi qu’un artwork magnifique à l’énigmatique soigné réalisé par Peter Boehme (site ici) une production béton signée cette fois-ci Stonehenge Studios (site ici) par Oliver Weiskopf et masterisée par Michael Schwabe au Monoposto Mastering. Romantik est sorti le 19 mai et une version LP est disponible depuis le 16 juin et éditée par Temple of Torturous (site ici).
La tonalité de ce dernier opus est très Funeral Doom et la couleur de ses ambiances très typée Coldwave 80s n’est certainement pas étrangère dans cette affaire ! J’ai souvent eu l’impression d’entendre des parties directement issues du mythique Feline des The Stranglers ! C’est vous dire ! Et ce du début à la fin du skeud ! Ca m’a vraiment bouleversé. On retrouve aussi des parties plus théâtrales comme sur les titres « Comtesse » ou « Sulphur Vitriol Angel » et qui peuvent évoquer ce qu’un groupe comme ÖxxÖ XööX fait sur ces deux albums (je prépare d’ailleurs une chronique de leur dernière prod sous peu). J’ai adoré l’intégralité des vocaux de l’album et plus particulièrement ceux de la dernière piste « The Haunted Womb » un morceau très, très mais alors très Dark et crépusculaire : en un mot jouissif ! J’ai souvent pensé aussi en écoutant Romantik à leurs compatriotes de Nocte Obducta, un groupe qui me tient lui aussi grandement à cœur (facebook officiel) et qu’il vous faut absolument découvrir si vous ne connaissez pas et que Valborg vous aura interpelé !
J’ai apprécié le voyage que Valborg nous propose sur Romantik ! Un album il est vrai un peu court mais quand comme lui on est si éloquent, est-ce obligatoire de faire plus long ? Je pose la question… Je ne pense pas et ne vois décidément rien à redire sur le travail ici exposé ! Encore un bien bel album dans la catégorie Extrême Doom Metal ! J’applaudis et en redemande !