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Abiotic – Symbiosis

Abiotic, avec son maigre ep sous le bras, sera donc parvenu à séduire très rapidement un gros label, en l’occurrence Metal Blade Records. Au vu de leurs antécédents, on aurait donc envie de se dire que Metal Blade a levé un bon lièvre et que ce premier album, Symbiosis, doit vraiment valoir le détour. Sur le papier, d’ailleurs, le genre proposé, alliant technique, touches progressives et Deathcore, suscite aussi une certaine curiosité… Mais qu’en est-il en pratique ?

Dans la pratique, c’est un sacré gâchis. Si l’on s’en tient uniquement aux éléments progressifs et techniques, Abiotic affiche un potentiel et une maîtrise peu communs. Le batteur, ainsi, délivre une prestation très convaincante, et on le sent autant à l’aise dans les parties rapides que sur des plans beaucoup plus compliqués, voire déstructurés. Ce constat s’applique également au jeu de guitare et de basse, ces petits soli échevelés, ce style qui n’est pas sans rappeler Necrophagist par moments.

Malheureusement, plutôt que de cantonner à ce style (qu’ils maîtrisent d’ailleurs parfaitement), les Floridiens d’Abiotic ont choisi d’y incorporer aussi des éléments Deathcore qui détonent, et plus particulièrement le chant, oscillant entre un growl à la Annotations Of An Autopsy époque dernier ep et un chant perçant dérangeant. Avec un meilleur chanteur, il ne fait aucun doute que le propos passerait déjà beaucoup mieux. Il suffirait alors de zapper cette influence Deathcore balourde (l’entrée en matière de « A Universal Plague » en est un exemple frappant qui ne rend pas hommage aux capacités des musiciens).

Au final, Abiotic souffle le chaud et le froid. À force de ne pas savoir sur quel pied danser, l’auditeur risque bien d’être déçu. Trop complexe pour être du Deathcore, trop Deathcore pour faire les yeux doux aux fans de Death technique pur et dur, Symbiosis risque de susciter plus de déception que d’enthousiasme…

Jäkelunge (6/10)

Myspace officiel

Metal Blade Records – 2012
Tracklist (43:10) 1. Metamorphilia 2. Vermosapien 3. A Universal Plague 4. To Burgeon and Languish 5. Hegira 6. Conquest of Gliese 7. The Singe 8. Exitus 9. Facades 10. The Graze of Locusts

 

Aeon – Aeons Black

Ce brave Castor ne s’y était pas trompé à l’époque lorsqu’il avait jeté une oreille attentive aux premiers efforts d’Aeon (même si sa première note avait peut-être été un peu enthousiaste) : ces Suédois ont du talent et savent le mettre en œuvre pour nous en fourrer plein les esgourdes. Et pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir pu les croiser souvent sur les planches des scènes européennes, et parler de véritable percée pour ce combo serait exagéré. La qualité est certes là, mais le groupe reste pourtant relativement dans l’ombre. Aeons Black sera-t-il l’album de la consécration ?

Après plusieurs écoutes, je serais tenté de dire oui. La qualité déjà entrevue sur les efforts précédents est toujours là, bien présente, et le groupe est encore parvenu à passer à un échelon supérieur. Certains passages, ainsi, se rapprochent de la technicité d’un Vital Remains sur un « Still They Pray », par exemple, où le solo vient se greffer sur un fond de brutalité pour un rendu explosivo-mélodique. D’autres passages, quant à eux, tant au niveau du débit du chanteur que de la rythmique, rappellent davantage un Cannibal Corpse (« Still They Pray », pour ne citer que ce morceau). Cependant, Aeon ne se contente pas de piquer ses influences à gauche et à droite. Au contraire, les Suédois parviennent à les digérer, à les réorganiser pour mieux les intégrer dans leur musique qui, cerise sur le gâteau, bénéficie d’une production bien solide, suffisamment propre, avec juste une petite touche de saleté et de groove.

Aeon a su tirer les leçons de ses efforts précédents. Si l’album précédent semblait marquer une légère stagnation, Aeons Black est la preuve que le groupe avait encore de la marge et pouvait faire encore mieux. La concurrence est certes rude, et Aeon ne pourra certainement pas prétendre au titre de l’album de l’année, mais les qualités sont là, indéniables, et ce groupe mérite clairement une exposition plus élevée.

Jäkelunge (7,5/10)

Myspace officiel

Metal Blade Records – 2012
Tracklist (50:43) 1. Still They Pray 2. The Glowing Hate 3. The Voice of the Accuser 4. I Wish You Death 5. Garden of Sin 6. Neptune the Mystic 7. Nothing Left to Destroy 8. Passage to Hell 9. Aeons Black 10. Dead Means Dead 11. Sacrificed 12. Aftermath 13. Blessed By the Priest 14. Maze of the Damned 15. Die By My Hands

 

Pig Destroyer – Book Burner

Un album de Pig Destroyer est toujours un événement en soi. En effet, depuis 2008 et l’excellent ep Natacha (qui n’avait d’ailleurs aucun lien avec le grind, soit dit en passant), Pig Destroyer s’était tu, laissant le champ libre à Scott Hull pour un album et un split d’Agoraphobic Nosebleed. Mais réjouissons-nous, car Pig Destroyer est de retour, avec une recrue de premier choix à la batterie : Adam Jarvis (Misery Index). L’attente aura été longue, mais elle valait la peine.
 
Contrairement à Agoraphobic Nosebleed que l’on peut qualifier de cybergrind, Pig Destroyer garde un côté organique, humain, terre à terre. Chaque morceau est une explosion, chaque plage éclate comme une grenade lancée dans une marée humaine. Par ailleurs, l’arrivée d’Adam au sein du groupe renforce encore la force de frappe du combo, tant son jeu précis fait des ravages. Pig Destroyer était déjà un groupe intense, mais j’ai l’impression qu’on passe là encore à un niveau supérieur, à une brutalité plus précise, plus maîtrisée.
 
I pulled back the skin so I could get right on the nerve : ces quelques mots tirés du morceau "Burning Palm" reflètent parfaitement la volonté de ce disque. Pig Destroyer va au fond des choses, Pig Destroyer ne laisse rien passer et met un point d’honneur à délivrer un Book Burner jusqu’au-boutiste et douloureux. La concurrence a beau être rude en grind cette année, Pig Destroyer s’en tire avec les honneurs. Messieurs, poursuivez sur cette voie et ne nous faites plus attendre aussi longtemps avant la prochaine salve !
 
Jäkelunge (8,5/10)
 
 
Relapse Records – 2012
Tracklist (32:44) 1. Sis 2. The American's Head 3. The Underground Man 4. Eve 5. The Diplomat 6. All Seeing Eye 7. Valley of the Geysers 8. Book Burner 9. Machiavellian 10. Baltimore Strangler 11. White Lady 12. The Bug 13. Iron Drunk 14. Burning Palm 15. Dirty Knife 16. Totaled 17. Kamikaze Heart 18. King of Clubs 19. Permanent Funeral