Author Archive

Kari-Rueslatten-Time-to-Tell-coverPeu d’artistes peuvent se targuer d’avoir franchi le cap des vingt ans de carrière, c’est pourtant ce que vient d’accomplir la chanteuse norvégienne Kari Rueslatten. En effet, l’ancienne vocaliste du groupe « The 3rd and the Mortal » (pour ceux qui s’en souviennent) a, après une poignée d’albums en solo déjà, décidé de marquer le coup en sortant un opus baptisé Time to Tell en acoustique dans son intégralité. 

Simplicité et sobriété, tels seront les maîtres mots qui caractériseront d’emblée l’univers de la belle Kari Rueslatten. Un coup d’œil à la pochette, une écoute furtive tout d’abord puis plus approfondie par la suite permettront à l’auditeur de se forger une opinion relativement rapidement tellement la formule est épurée et la simplicité poussée à son paroxysme. Au programme, de jolies mélodies interprétées au chant et accompagnées de piano la majorité du temps (à noter la reprise de « Why So Lonely » de The 3rd and the Mortal avec la participation de Tuomas Holopainen) pour un résultat très doux, très frais et très mignon. Un peu trop mignon sur la longueur d’ailleurs car à force, les titres se ressemblent, se succèdent et l’album touche vite à sa fin. Dommage, les capacités vocales de la chanteuse norvégienne ne sont plus à prouver depuis longtemps et même si quelques titres sortiront du lot grâce à leurs lignes de chant tout bonnement ravissantes (« Wintersong »), le reste tombera sombrera rapidement dans l’oubli. 

Avec ce cinquième album solo, Kari Rueslatten n’aura certainement pas sorti l’album de l’année. Néanmoins, elle aura proposé une alternative très calme et reposante aux multitudes de disques privilégiant la brutalité et autres indélicatesses. Si vous cherchiez ce genre d’album, très agréable à écouter en semaine avant d’aller vous coucher, penchez-vous sans hésiter sur Time to Tell

Lisa (7/10)

Facebook officiel 

Despotz Records / 2014
Tracklist (xx:xx) 1. Time to Tell 2. Hide Underneath Bridges 3. Hold on 4. Paint the Rainbow Grey 5. Rainy Days Ahead 6. Why So Lonely 7. Shoreline 8. Waltz across the Sky 9. Wintersong 10. Stay Right Here 11. Only You Know

Within Temptation – Hydra

hydraLes Néerlandais de Within Temptation étaient officiellement passés du côté rose de la force depuis belle lurette déjà. Si ce changement d’orientation progressif a, à chaque fois, suscité une explosion de sensations fortes chez les puristes (« Beh ouais, après Enter, c’est plus du metal donc c’est de la merde, CQFD.»), le groupe assume pleinement son statut de groupe de (pop) rock, ainsi que son caractère commercial. Aujourd’hui, à l’aube de la sortie de leur sixième album, les divergences d’opinions n’ont jamais été aussi violentes ! 

Pour commencer dans les généralités, le disque est accompagné d’un artwork étonnamment sobre pour une fois, et se divise en dix titres pour une durée totale d’environ quarante minutes. L’écoute est lancée avec « Let Us Burn ». Comme d’habitude, aucun problème au niveau de la production, si ce n’est la mise en avant de Sharon, un peu trop prononcée peut-être. Très rapidement, deux constats s’imposent. Tout d’abord, Sharon s’est à nouveau bien améliorée et ses lignes de chant sont variées, intéressantes et puissantes (quand elles ne sont pas trop retouchées ni trop poussées). Le deuxième constat ne ravira certainement pas les puristes (en même temps, mettez vous le une bonne fois pour toute dans le crâne : Enter est sorti il y a 17 ans. Et 17 ans, c’est long pour s’acharner sur un groupe qui de ne refera de toute manière jamais la même chose. Laissez tomber et cherchez une nouvelle cible) : l’apogée du « pop rock commercial » est atteint. Les titres sont taillés et calibrés pour devenir les futurs hits radio. 

En soi, cela est loin d’être une mauvaise chose. Leur précédent album, The Unforgiving rassemblait déjà ces caractéristiques tout en étant d’une excellente qualité. Mais concrètement, Hydra est quand même nettement moins bon que son prédécesseur. Certes, l’ensemble se veut un poil plus péchu (quelques riffs et soli juste pour dire que, ainsi que le retour des grunts sur « Silver Moonlight » et « Tell Me Why ») et certains morceaux sont plutôt bien construits et agencés dans leur genre comme « Silver Moonlight », « Covered by Roses », ou encore les duos « Dangerous » (avec Howard Jones, ex Killswitch Engage) et « And We Run » avec le rappeur Xzibit (bien plus réussi que le duo avec Tarja d’ailleurs, qui, en plus d’être mielleux, brille par son inutilité). Les mélodies sont efficaces, elles accrochent, donnent la pêche et surtout restent en tête pendant très longtemps. Mais le reste est tout simplement niais à souhait (« The Edge of the World » et « Dog Days » en sont même écœurantes) ou insipide, les titres se ressemblent les uns aux autres et ne présentent vraiment aucun intérêt.

Avec ce sixième album ridiculeusement accrocheur, Within Temptation arrive tout juste à sauver les meubles : Hydra propose une poignée de titres qui valent franchement l’écoute, mais également d’autres morceaux totalement dispensables. Dommage, car les Néerlandais ont à de maintes reprises montré qu’ils étaient capables de faire bien mieux, et ce indépendamment du style. 

Lisa (5/10)

 

Facebook officiel 

BMG / Nuclear Blast USA / 2014

Tracklist : 1. Let Us Burn 2. Dangerous (feat. Howard Jones) 3. And We Run (feat. Xzibit) 4. Paradise (feat. Tarja Turunen) 5. The Edge of the World 6. Silver Moonlight 7. Covered by Roses 8. Dog Days 9. Tell Me Why 10. The Whole World Is Watching

Taux de remplissage : respectable 
Son : plutôt bon, pour la plupart des groupes
Lights : mauvais 
Ambiance : plutôt festive
Moments forts : Death to All, Satyricon, Heaven Shall Burn

Cette année, pas de Mass Deathtruction ni d’Eindhoven Metal Meeting pour moi mais un Distortion Festival fin du mois de novembre avec une affiche pour le moins éclectique. En effet, ce n’est pas tous les jours que My Dying Bride joue juste après Death to All ( !) et Papa Roach dans un festival à échelle plus modeste. Au programme : des infrastructures gigantesques et pas toujours remplies pour la peine, des prestations en grande majorité de qualité, et des consommations sur place relativement onéreuses. Qu’à cela ne tienne, retour sur une journée plutôt sympathique chez nos copains bataves ! 

Après une très longue attente aux guichets, les portes finissent enfin par s’ouvrir et les gens commencent seulement à entrer au compte-gouttes dans la salle quelques minutes avant le début du set des Taïwanais de Chthonic. Par conséquent, un public relativement réduit devant la scène vu que la majorité des gens faisaient encore la file dehors pendant la prestation du groupe. Prestation on ne peut plus satisfaisante comme ouverture de bal. Une musique certes pas des plus transcendantes, mais une mise en place carrée au poil près, rien n’est laissé au hasard (sauf les lights peut-être, j’y reviendrai plus tard) et des membres qui ne perdent pas la face devant le contraste saisissant entre le nombre de personnes présentes et la taille énorme de la salle. 

Si le son s’était avéré pour ce premier concert assez bon, cela ne fut pas le cas pour les Suisses de Darkrise et les Allemands d’Obscura. Certes, les deux tentèrent de donner le meilleur aperçu possible de leur (brutal)death metal, mais malheureusement ni le son, ni la mise en place, ni les lumières n’y étaient. Il faut dire aussi que cette manie qu’ont les Néerlandais de  pousser les lights et effets au maximum est à la longue franchement désagréable, voire pénible pour certains concerts. C’est donc d’assez loin que je regarderai ces deux prestations. 

Place à présent aux Américains de Dying Fetus. Quiconque les ayant déjà vus une fois en concert sait à quoi s’attendre la prochaine fois, surtout depuis la sortie de « Reign Supreme », vu que la setlist est sensiblement la même à chaque fois. Cinquante minutes de set étaient programmées en ce jour. Certes, le groupe assure et envoie une sévère claque dans la face, comme toujours, mais vu la longueur de leurs titres, cinquante minutes se révèle être long. Je quitterai donc la salle un peu avant la fin du set afin de me placer pour l’un des groupes qui m’avaient fait faire le déplacement : Hypocrisy.

Un concert de Peter Tägtgren et de ses collègues, c’est généralement quitte ou double (et  surtout fortement lié à leur consommation d’alcool, la plupart du temps). M’enfin vu que la tournée n’avait pas débuté depuis longtemps, les risques d’une mauvaise prestation, exécutée à l’arrache étaient plus faibles. Le set commence d’emblée avec « End of Disclosure » et of « Tales of thy Spineless » et s’enchaînera sans relâche avec quelques autres titres du dernier album ainsi que des classiques, attendus par le public et bien évidemment très bien rôdés (« Left to Rot », « Fire in the Sky », « Roswell 47 », « The Eraser »). « A Taste of Extreme Divinity » et « Virus » passeront malheureusement une fois de plus à la trappe, mais qu’à cela ne tienne, la setlist de cinquante minute est impeccable et l’interprétation scénique fort heureusement excellente. Si les lumières sont comme d’habitude avec eux, catastrophiques (bonne chance aux photographes pour avoir un cliché correct entre les éclairages rouges, les fumigènes et les ‘effets’ aveuglants), le son s’avère par contre être très bon. Les titres se succèdent donc les uns au autres et le show prend fin bien trop rapidement à mon humble avis.

Pas de temps à perdre, en route pour enfin voir Heaven Shall Burn, qui doit être à peu de chose près le seul groupe de metalcore digne d’un tant soit peu d’intérêt de nos jours. La réputation des Allemands sur scène n’est plus à faire et en effet, quelle claque ! Des morceaux puissants, relativement variés (la part belle étant laissée au dernier album « VETO », tout de même) sans oublier des titres de la belle époque d’« Antigone ». La motivation des membres est communicative et le public répond plus que favorablement aux demandes de Marcus Bischoff (même si l’on a déjà vu des pits plus dangereux que celui-là, certes). Les titres s’enchaînent à la vitesse de l’éclair et la fin du set arrive avec « Endzeit » (évidemment, le seul morceau qu’absolument tout le monde aime et attend). Sauf que manifestement, les Teutons l’ont tellement jouée qu’ils continuent à le faire plus par obligation morale que par envie, ce qui se ressent et se voit, vu le résultat clairement bâclé. Dommage car le reste du set était vraiment réjouissant pourtant ! 

Ah Satyricon. Leur dernier album éponyme, et leur nouvelle attitude « black metal pop stars » étant loin de convaincre tout le monde, c’est néanmoins avec enthousiasme que je me rends dans la salle car après tout, leur prestation de l’année dernière à l’Eindhoven Metal Meeting m’avait énormément plu. Et il en fut de même cette fois-ci. Un groupe très en forme même si Satyr ne s’est toujours pas racheté de charisme entre-temps et une setlist plutôt variée, et surtout pas trop axée sur cet immonde dernier album (mais soyons honnêtes : des titres d’albums récents et groovy comme « Now, Diabolical » ou « The Pentagram Burns » font quand même leur effet en live). Le public est conquis, et c’est avec le sourire aux lèvres que je m’apprête à assister au clou de la soirée ! 

Cette fameuse tournée d’hommage à Chuck Schuldiner a suscité une multitude de réactions et de débats quant au bienfondé de cette démarche. Cependant, pas de débat aujourd’hui, mais de la solidarité et de la musique à pleins tubes. Contrairement au Neurotic Death Fest de mai dernier, le line-up de cette tournée était presque le même que celui de « Human », avec Max Phelps au chant. Ses performances en tant que guitariste étaient déjà une valeur sûre, mais c’est au niveau du chant qu’il a surpris tout le monde, tant sa voix rappelait les débuts de Chuck Schuldiner. Dans l’ensemble, le son était plutôt bon, la mise en place y était et chaque titre était joué plus lentement que l’original. D’ailleurs, la setlist comportait quelques bonnes surprises comme notamment « Withing the Mind » ou « Human Force ». En parlant de bonnes surprises, Hannes Grossmann d’Obscura s’est chargé de la batterie sur « Crystal Moutain » et « The Flesh and the Power It Holds », accompagné sur cette dernière par Steffen Kümmerer (d’Obscura toujours) à la guitare et au chant. Une très belle prestation, qui aurait bien mérité de terminer la soirée ! 

Avec tout ça, une petite pause boisson se fait nécessaire et l’arrivée de Papa Roach sur scène tombe à pic. Foncièrement, je n’ai rien contre le groupe, mais comme de l’eau a coulé sous les ponts depuis « Getting away with Murder » et que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils sont devenus depuis, je ne leur ai jeté que quelques coups d’œil furtifs au début du set. De prime abord, l’ambiance avait l’air d’y être et la motivation aussi ! 

Toutes les bonnes choses ont une fin et il en va de même pour ce festival qui se clôture avec les Anglais de My Dying Bride. Inutile de dire qu’un concert de doom qui se déroule en même temps qu’un concert de thrash (Havok si je ne m’abuse) et juste après Papa Roach… ça détonne un peu. Mis à part ce détail, la prestation du groupe fut largement en-dessous de ce que j’ai déjà eu l’occasion de voir à plusieurs reprises, à commencer par la setlist : assez courte (beh oui ! une heure, pour du doom, ne permet pas de jouer énormément de titres), mal organisée, commençant avec plusieurs titres d’ « A Map of all our Failures », leur –très mauvais- dernier effort et se terminant avec un titre totalement quelconque et vite oublié, en passant par quelques classiques qui tombaient un peu comme un cheveu dans la soupe. Difficile de se mettre dans l’ambiance dans de telles conditions. Les lights en revanche étaient excellents et mettaient enfin le groupe en valeur ! Côté attitude, toujours pareil : gesticulations exacerbées de la part d’Aaron, dont la fausseté du chant clair est devenu tellement récurrente qu’il s’agit désormais d’une marque de fabrique acceptée et/ou appréciée par tous. Pour la peine, il aurait mieux fallu placer Death to All en tête d’affiche, histoire de terminer le festival en beauté ! 

En guise de conclusion, l’expérience Distortion Festival fut plutôt positive. Les événements de ce genre sont toujours agréables à fréquenter aux Pays-Bas, mais l’affiche n’en restait pas moins un poil trop éclectique, et les infrastructures trop spacieuses. A ce niveau, et pour le même prix, le Eindhoven Metal Meeting reste le plus avantageux pour les fans d’extrême en manque de décibels.