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Make Them Die Slowly – Ferox

L’annonce du report de la sortie du prochain album d’Anaal Nathrakh avait été compensée, en quelque sorte, par l’arrivée d’un nouveau projet de Mick Kenney, Make Them Die Slowly. Cerise sur le gâteau : l’attente n’allait pas être longue. À peine quelques semaines après l’apparition du groupe sur Facebook, le premier album, Ferox, est en effet déjà dispo en ligne uniquement sur toutes les plateformes de streaming qui se respectent.

Et il y a à boire et à manger.

En effet, dès la première écoute, je suis partagé entre une certaine joie de découvrir une nouvelle facette du travail de Mick Kenney (déjà responsable non seulement d’Anaal Nathrakh, mais aussi de Frost, Professor Fate, Mistress, Born To Murder The World, etc.) et une petite déception de voir que, au final, il n’y a pas grand-chose de neuf sous le soleil lorsqu’on finit l’écoute de Ferox.

Je suis peut-être particulièrement sévère parce que je suis un fanboy d’Anaal Nathrakh, mais il est difficile de nier les similitudes entre les autres projets des membres et Make Them Die Slowly : ici un pattern de batteries (la « mitrailleuse » de Forward sans les effets de tirs de balles sur « Demoni »), là un tempo d-beat que Fukpig (le groupe de Drunk, également bassiste d’Anaal Nathrakh) n’aurait pas renié sur « The Bastards Have Landed », ou encore l’entrée en matière de « Eaten Alive ! » qui est une resucée de celle de « Hold Your Children Close And Pray For Oblivion »… Au final, Ferox me donne l’impression d’un joyeux melting pot, qui reprend des idées d’autres projets et y ajoute une touche « meurtre/torture/giallo ».

Et même si le résultat final me plaît et permet de passer le temps d’ici la sortie du prochain Anaal Nathrakh, je m’inquiète un peu : en faisant côtoyer deux projets assez semblables, Mick ne risque-t-il pas de diluer ses idées plutôt que de se concentrer sur Anaal Nathrakh ? Make Them Die Slowly deviendra-t-il, à terme, un cimetière à B-sides du Thrakh ? Seul l’avenir pourra répondre à ces craintes…

Mister Patate (7/10)

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Autoproduction – 2020
Tracklist (35:01) 1. Profonde Tenebre 2. Murder Night 3. Demoni 4. Pieces 5. The Mutilator 6. Of Jackal And Demon Born 7. The Bastards Have Landed 8. The Nights Of Terror 9. Eaten Alive! 10. Murder Night (The Final Girl)

Depuis des semaines, je n’avais plus goût au Metawl.

Non, pas vraiment : depuis des semaines, j’étais devenu un Boomer, un vieux con rouillé, coincé dans ses habitudes. Pourquoi porter aux nues un groupe comme Vitriol (qui fait pourtant du très bon taf sur To Bathe From The Throat of Cowardice) quand on peut se replonger avec délice dans les premiers méfaits d’Immolation ou de Dying Fetus ? Pourquoi accorder ne fût-ce que 20 minutes à Daemon, le dernier album de Mayhem en date, quand on peut se vautrer dans A Grand Declaration Of War ? Au lieu de faire son kéké en interview en mode « ouais mais non, j’étais prêt à buter Euronymous », Necrobutcher aurait pu demander à Attila de fermer sa gueule et d’arrêter de diluer le charme de Mayhem dans de nouvelles sorties à l’intérêt discutable.

Le point culminant ? Celui qui a suscité en moi une prise de conscience radicale de mon état ? Vendredi dernier. Veille d’un long week-end et jour de sortie de The Repentless Killogy, dernière offrande live de Slayer. 21 titres, 91 minutes : sur le papier, la garantie d’un bon moment avec mes idoles. J’étais prêt, la veineuse dans la main droite, le poing gauche fièrement dressé vers le ciel, prêt à reprendre en chœur les refrains tout en faisant abstraction de la lente agonie du groupe depuis le décès de Jeff.

Ha, Jeff… Je me souviens encore du jour de son décès comme si c’était hier. Assommé par le Jack ingurgité en after du Neurotic Deathfest, je m’étais endormi, écrasant une larme en pensant à ce fier héros de la gratte terrassé par les suites d’une nécrose due à la morsure d’une araignée. Plus tard, j’ai appris que c’est l’alcool qui l’a tué. Terrassé par la Keken. Voilà qui écorne le mythe…

Mais je m’égare. Ce live de Slayer, donc. Comment dire. Les cris de Tom sont devenus aussi crédibles que les menaces de Rose Hreidmarr quand on parle mal du dernier Baise Ma Hache. Mes derniers repères se sont écroulés. J’avais du mal à concevoir un monde sans Slayer. J’en venais soudain à souhaiter que ce live n’ait jamais existé. Certes, on n’est pas au niveau de médiocrité d’un Diabolus In Musica, mais quand même, c’est rude.

J’ai donc pris une décision radicale : m’ouvrir au monde, voir ce que d’autres personnes pensent ou recommandent.

Internet est un lieu terrifiant. Un lieu où des gens recommandent Deafheaven. « Nan, mais c’est de l’émotion pure. T’as jamais vraiment éprouvé de tristesse en écoutant de la musique si t’as pas écouté Sunbather de Deafheaven ».

ALORS excuse-moi Jean-PostBlack, mais toi, t’as jamais vu One Way Mirror en live pour oser dire une énormité comme ça.

Il est donc temps de se remettre en chasse. De sortir des sentiers battus. D’oser remettre en question des idées préconçues. Et cette rubrique sera l’occasion, dans les semaines à venir, de parler de Metawl, de chroniquer des albums en trois lignes, de me pencher sur d’éventuelles recommandations

 

 

Amon Amarth – Berserker

Même les meilleures lames s’émoussent. Et au final, même si nous n’assistons pas ici au naufrage du drakkar de la bande à Johan Hegg, il faut se rendre à l’évidence : tôt ou tard, les groupes arrivent à un tournant. Certains s’arrêtent alors au sommet de leur gloire (Emperor étant, à mes yeux, le meilleur exemple), tandis que d’autres s’engagent dans une spirale plus ou moins lente les conduisant sûrement vers une disparition bien moins glorieuse.

Dans le cas présent, il est compliqué d’identifier le point de rupture dans la discographie du groupe, tant Amon Amarth a toujours exploité le même filon et que, tout bien réfléchi, l’évolution stylistique du groupe est très limitée depuis maintenant plus de 10 ans (les mauvaises langues diront que le groupe sort le même album depuis 1998, avec plus ou moins de mélodie). Toujours est-il que Berserker, à mes yeux, est le premier album où le groupe semble réellement en quête d’un second souffle qui ne vient pas. Mis à part quelques petits sursauts d’orgueil, Berserker suscite en moi un sentiment de nostalgie, de l’époque où le groupe était encore une machine à tubes.

Le groupe a-t-il atteint son plafond ? Tout dépend de ce que l’on entend par plafond. Dans un certain sens, le groupe a déjà atteint son plafond il y a des années, et il se contentait de répéter avec succès une formule éprouvée. Ici, la machine a des ratés. « The Berserker at Stamford Bridge », par exemple, semble interminable, et ce n’est pas son final mélodique qui viendra sauver la mise. « Fafner’s Gold » est probablement l’opener le plus faible du groupe depuis Fate Of Norns. Faites le calcul, ça fait 15 ans que le groupe n’avait pas été aussi faiblard en matière de premier enfonçage de tympans.

Le cahier des charges du Petit Viking a beau être suivi à la lettre, on distingue ça et là les défauts dans la cuirasse. La corne à boire n’est plus en corne, mais en résine. Le drakkar est en carton. Les haches peineraient même à couper un saucisson. Le groupe pourra toujours se consoler sur scène en proposant un best of des compos qui ont fait la réputation des Vikings.

Mister Patate (5/10)

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Metal Blade Records / 2019
Tracklist (56:45) 1. Fafner’s Gold 2. Crack the Sky 3. Mjölner, Hammer of Thor 4. Shield Wall 5. Valkyria 6. Raven’s Flight 7. Ironside 8. The Berserker at Stamford Bridge 9. When Once Again We Can Set Our Sails 10. Skoll and Hati 11. Wings of Eagles 12. Into the Dark