Author Archive

Misþyrming – Algleymi

À l’époque de la sortie de leur premier effort (chroniqué ici), j’étais passé à côté de cette hype qui entourait non seulement Misþyrming, mais aussi toute cette scène BM islandaise qui semblait surgie de nulle part et prête à conquérir le monde. J’ai donc découvert le groupe sur le tard, par hasard, au fil de pérégrinations sur Youtube, et j’avais donc rejoint la cohorte grandissante de fans du groupe un peu tard. Cette fois, par contre, il était hors de question de rater la sortie d’Algleymi et de vérifier si le groupe serait capable de répondre aux attentes et de se démarquer dans une scène déjà extrêmement qualitative (je ne citerai que Svartidaudi et Sinmara qui ont aussi récemment un nouvel album).

Dès la première écoute d’« Orgia », mes espoirs se sont transformés en certitudes. Certains reprochent aux Islandais des mélodies trop faciles sur ce nouvel opus. À mes yeux, c’est justement grâce à cette évolution que le groupe gagne en efficacité sans pour autant renier son héritage extrême. Là où son prédécesseur exhalait une ambiance poisseuse et oppressante, Algleymi se montre plus lumineux, plus épique. Prenez « Orgia » et ses chœurs féminins, par exemple, ou « Ísland, steingelda krummaskuð » qui commence comme un titre de black’n’roll basique avant de gagner petit à petit en profondeur et en intensité avec l’ajout de guitares plus mélodiques. D’aucuns y voient des concessions, je vois plutôt un groupe qui a su négocier un virage et en pleine maîtrise de ses moyens.

La concurrence s’annonçait rude, vu le nombre d’albums de qualité sortis ces derniers mois, ainsi que ceux annoncés dans les semaines à venir, mais nous tenons ici un solide prétendant au titre d’album de l’année. En Black Metal, du moins, personne ne semble en mesure de rivaliser. Fer de lance d’une des scènes BM les plus prolifiques du moment, Misþyrming serait-il en train de devenir un des leaders d’une nouvelle vague du Black Metal européen ? La question mérite d’être posée.

Mister Patate (9,5/10)

Facebook officiel 

Norma Evangelium Diaboli / 2019
Tracklist (46:16) 1. Orgia 2. Með svipur á lofti 3. Ísland, steingelda krummaskuð 4. Hælið 5. Og er haustið líður undir lok 6. Allt sem eitt sinn blómstraði 7. Alsæla
8. Algleymi

 

 

Ingested – Call Of The Void

En 2015, je disais ceci au sujet de nos amis d’Ingested et de leur album The Architect Of Extinction  : « Penance », un interlude instrumental bien plus posé que le reste de la galette, en rupture totale… et honnêtement, je serais curieux de voir ce que le groupe pourrait proposer s’il se lançait dans cette voie plus « mélodique » sur un album entier.

À l’époque (et jusqu’à l’année passée), le groupe officiait dans le Deathcore/Slam de haut niveau, avec tout ce qui fait le « charme » du genre, et les rares tentatives du groupe de faire autre chose laissaient entrevoir un potentiel réel. Quatre ans plus tard, nous voici donc avec Call Of The Void, nouvel EP sorti chez Unique Leader Records (on pourra dire que le passage des Anglais chez Century Media Records a été très bref). Nouvelle identité visuelle, nouveau label, nouveau logo… et nouvelle orientation musicale. Ingested frappe fort, mais pas là où on l’attendait.

Ingested offre ici un EP plus sombre, où la brutalité sonore laisse la place à davantage d’atmosphère, d’ambiances lourdes et de mélodies. Il semble bien loin, le temps où le groupe assénait des titres bourrins et « cons » comme « Skinned And Fucked ». Ici, pas une trace de ces growls inhumains ni de breaks pachydermiques, mais bien 3 titres et un interlude qui dévoilent une autre facette du groupe. La pièce maîtresse de cet EP est clairement le diptyque Eternal Kingdom et, plus particulièrement, son deuxième volet tout en mélodie. Le groupe ose, le groupe évolue, mais cette évolution est clairement maîtrisée et semble naturelle.

Est-ce là le début d’une reconversion du groupe ? Il est trop tôt pour le dire, mais avec ce qu’Ingested vient de dévoiler en un peu moins de 20 minutes, il serait dommage que le groupe ne persévère pas dans cette direction, quitte à perdre en chemin une frange de son public.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel

Unique Leader Records / 2019
Tracklist (17:21) 1. Mouth Of The Abyss 2. Eternal Kingdoms (Part I) 3. Eternal Kingdoms (Part II) 4. The Empyrean Creed

Vader – Thy Messenger

Plus de 30 ans de carrière, une discographie longue comme le bras et un line-up stabilisé depuis maintenant 8 ans : Vader n’a plus rien à prouver, mais il ne se passe quasiment pas une seule année sans au moins un petit EP des tauliers du Death polonais. Après Dark Age, qui n’était au final qu’une « vulgaire » compilation de morceaux réenregistrés pour l’occasion, Peter et sa bande reviennent avec un EP court mais efficace.

Au programme : 3 inédits, une nouvelle version d’un classique (le monstrueux « Litany » tiré de l’album portant le même nom) et une reprise de Judas Priest. Au niveau des nouveaux morceaux, on reste un peu sur sa faim : tous sous la barre des 3 minutes. Cependant, cette faible durée permet aussi de condenser toute l’énergie du groupe et de la délivrer en autant d’assauts bien sentis. Pour le reste, on retiendra que « Litany » semble encore avoir gagné en patate grâce à une prod’ bien plus massive qu’à l’époque. Pour ce qui est de la reprise de Judas, je dois avouer que d’autres groupes de Death ont déjà été plus convaincants en reprenant une compo de tonton Halford (je pense plus particulièrement à l’énorme « Leather Rebel » de Blood Red Throne).

En moins d’un quart d’heure, Vader se rappelle à notre souvenir. Rien d’exceptionnel, mais une qualité constante depuis maintenant quelques années (j’irais même jusqu’à remonter à 2006 et Impressions in Blood).

Mister Patate (7/10)

Facebook officiel

Nuclear Blast Records / 2019
Tracklist (13:23) 1. Grand Deceiver 2. Litany 3. Emptiness 4. Despair 5. Steeler (Judas Priest Cover)