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« Si tu ne pouvais garder qu’un seul morceau de The Haunted, tu choisirais lequel ? »

Un peu comme pour Cannibal Corpse dans l’épisode 2 de cette série, avant de choisir un morceau ultime de The Haunted, il faut choisir son camp.

Dans le coin rouge sang, Marco Aro : exit la finesse, bonjour l’approche frontale. Ce que ce frontman perd en versatilité, il le compense par une conviction presque religieuse. Oui, il te hurle à la face et oui, il peut y passer la soirée entière. La doublette Made Me Do ItOne Kill Wonder, plus de 20 ans après sa sortie (Made Me Do It passe le cap du quart de siècle cette année), reste une leçon de tabassage en règle.

Dans le coin bleu, Peter Dolving : initialement aussi frontal que son compère Marco sur le premier opus du groupe, il a su, dès son retour au sein de la formation, insuffler un supplément d’âme au groupe sur l’indispensable rEVOLVEr. Cependant, il faut aussi avouer que le reste de ses interventions au sein du groupe n’a pas toujours été du même tonneau (qui a dit Unseen ?)…

En 2004, pour le jeune con en plein façonnage de ses goûts musicaux que j’étais, The Haunted, c’était la bande à Peter. Je me revois à Bruxelles, en pleine pause de midi. Le rituel était bien huilé : manger un bout au resto d’entreprise, puis filer chez Métrophone, à deux pas du bureau. Je passe la porte, je dis bonjour à Gary ou à Phil et je me précipite vers le mur du fond. Les nouveautés. Et quelque part en 2004, parmi toutes mes découvertes, il y a rEVOLVEr (et Stabbing The Drama de Soilwork le même jour. Croyez-moi, l’après-midi est passé en un éclair).

Ce premier contact avec The Haunted explique en très grande partie pourquoi mon cœur penche pour Dolving malgré ses prestations en dent de scie à la tête du groupe. Avant même d’apprécier At The Gates, je biberonnais rEVOLVEr. Oui, j’ai pris les choses à l’envers. Et parmi cette enfilade de bangers, il y a – à mes yeux – leur hit ultime. « All Against All ».

Tout d’abord, il y a cette efficacité instantanée. Dès la première écoute, le morceau se grave dans les neurones de l’auditeur. On en est presque au niveau de la pop en termes d’assimilation rapide. Mais ce n’est pas pour autant que le propos est adouci ou léger, loin de là. Peter est au sommet de son art, tant au chant clair qu’au chant crié/hurlé. La section rythmique est efficace sans faire de chichis et les guitares… Si ce solo ne vous met pas les poils, vous êtes morts à l’intérieur. On est loin des soli slayeriens des premiers albums. Ici, c’est maîtrisé de bout en bout.

Dans cet album qui, selon moi, tutoie la perfection, « All Against All » est LE morceau le plus efficace. Celui qui fait office de synthèse entre les brûlots presque thrash et les expérimentations (souvent, mais pas toujours) maîtrisées du groupe (dans le bon, je retiens « Abysmal » et « My Shadow » sur cet album, ainsi que le très groovy « No Ghost » sur Unseen).

Paleface Swiss – Cursed

Commençons par un aveu : sans l’annonce du retour de The Acacia Strain en tournée en Europe en première partie de Paleface Swiss, il y a fort à parier que je n’aurais pas accordé une oreille attentive à ce nouvel effort des Helvètes. À une époque où nous sommes confrontés à une avalanche de sorties tous les vendredis, il devient ardu de faire un tri préalable et de dénicher des pépites. Headliner d’une date que je ne pouvais manquer, la bande à Zelli (c’est le petit nom du frontman pour ceux qui ne suivent pas) a donc eu la chance de passer par la case découverte, histoire de voir si j’allais reprendre la route dès la fin du show de TAS ou si j’allais au contraire prolonger ma présence à Anvers.

Au menu de Cursed : le croisement parfait entre le Deathcore qui fait recette aujourd’hui et Slipknot époque deux premiers albums. Mettez « Hatred » à fond, fermez les yeux et imaginez une bande de zicos masqués et en tenue rouge. Voilà. C’est du Slipknot dans le texte, le tout recouvert d’un vernis très Deathcore 2020s. C’est bien branlé, ça chasse sur les terres de Slaughter To Prevail (l’autre groupe qui tire grossièrement son inspiration de la bande des 9) sans avoir la réputation sulfureuse d’Alex Terrible. Cette ombre de Slipknot, elle plane sur une bonne partie de ce nouvel opus des Suisses, et je dois avouer que ça fait presque bizarre de voir un groupe que j’ai découvert quand j’avais à peine 20 ans devenir aujourd’hui une source d’inspiration pour une nouvelle génération de groupes.

Mais réduire Paleface Swiss à un Slipknot des temps modernes est plutôt réducteur. Sur certains morceaux, le groupe pousse plus loin dans l’expérimentation, avec un « Enough? » qui s’aventure dans le rap ou un « River Of Sorrows » presque mélancolique en clôture. Petit à petit, on sent l’évolution d’une formation qui s’affranchit de ses racines purement Deathcore (et quand je dis ici Deathcore, c’est vraiment le Deathcore sous sa forme la plus moche, sans le moindre intérêt), mais sans les renier pour autant. Si vous me cherchez le 23 février en fin de soirée, il y aura de fortes chances que je sois bien placé au Trix pour voir ce que Cursed donne en live. Pas l’album de l’année, mais suffisamment énergique pour me motiver à repousser l’heure du dodo : c’est déjà un exploit.

7,5/10

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Blood Blast Distribution / 2025
Tracklist (28:39) 1. Un Pobre Niño Murió 2. Hatred 3. …And With Hope You’ll Be Damned 4. Don’t You Ever Stop 5. Enough? 6. Youth Decay 7. My Blood On Your Hands 8. Love Burns 9. River Of Sorrows 

À moins d’avoir vécu dans une grotte au cours des 6 derniers mois, il est quasi impossible d’être passé à côté de la déferlante Knocked Loose. Nomination aux Grammy Awards, performance live avec Poppy chez Jimmy Kimmel : 2024 a été l’année de la consécration pour la bande à Bryan Garris. Et à l’écoute de ce troisième album sorti chez Pure Noise Records, je ne peux que reconnaître que cette consécration est méritée.

Bon, commençons par LE point « négatif » de l’album : le chant de Bryan. Si vous n’aimiez pas son ton qui vrille les tympans (j’ai lu quelque part « on dirait Mickey en crise d’adolescence »), cette nouvelle plaque ne va pas vous réconcilier avec le groupe. C’est toujours aussi agressif, toujours aussi vrillant, toujours aussi aigu (même s’il a prouvé sur scène, chez Jimmy Kimmel, qu’il est aussi capable de sortir un pig squeal particulièrement réussi). Perso, je trouve au contraire que ce timbre si particulier ajoute un petit je-ne-sais-quoi qui aide le groupe à sortir du lot.

Et au niveau des compos ? Le mot d’ordre est la lourdeur. Les riffs sont pesants ; les breaks, pachydermiques. On frise le Deathcore par moments et, ici et là, certains passages me rappellent même Fange (j’associe automatiquement le premier riff de « Suffocate » avec l’intro de « Tombé Pour La France »). Rares sont les groupes de Metalcore capables de pondre, en moins d’une demi-heure, un tel enchaînement sans véritable temps mort… si l’on fait abstraction de la doublette « Moss Covers All » – « Take Me Home » qui lève un peu le pied avant un retour aux affaires plus énervé avec Chris Motionless sur « Slaughterhouse 2 ».

Depuis A Tear In The Fabric Of Life, le groupe a entamé une mue pour devenir une des formations les plus excitantes, un groupe qui dégueule la confiance et n’a qu’une envie : partir à la conquête de notre microcosme Metal. Avec ce troisième album qui marque une nouvelle ascension pour le groupe et une tournée européenne avec Harm’s Way d’ici quelques mois, 2025 s’annonce un très grand cru. Et on a hâte de voir ce que l’avenir lui réserve. Espérons juste que leur rythme de sortie s’accélère un peu, parce qu’à peine 30 minutes après 3 ans d’attente, cela ne suscite qu’un seul sentiment : le manque.

9/10

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Pure Noise Records / 2024
Tracklist (27:34) 1. Thirst 2. Piece By Piece 3. Suffocate (feat. Poppy) 4. Don’t Reach For Me 5. Moss Covers All 6. Take Me Home 7. Slaughterhouse 2 (feat. Chris Motionless) 8. The Calm That Keeps You Awake 9. Blinding Faith 10. Sit & Mourn