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Bloodbath – The Arrow Of Satan is Drawn

On se souvient de ma perplexité quant au choix de Nick Holmes en guise de frontman de Bloodbath au moment de la sortie de Grand Morbid Funeral. Entre-temps, de l’eau a coulé sous les ponts, l’album s’est avéré une bonne surprise, Nick a su tenir la baraque en live (du moins lorsque je l’ai vu à Tilburg)… Les voyants étaient dans le vert, et l’annonce de cette nouvelle offrande de Death suédois m’a réjoui. Bon, on était pas dans l’euphorie totale, certes, mais j’étais impatient de voir si le groupe parviendrait à poursuivre sur sa lancée.

Eh bien, pour une surprise…

Est-ce dû à l’ajout d’un deuxième guitariste (officiant habituellement au sein de Craft) ? Ou à ce bon vieux Papy Holmes qui revient de mieux en moins dans son rôle de growleur ? Ou tout simplement au fait que ce n’est pas aux vieux singes de Bloodbath qu’il faut apprendre à faire des grimaces ? Toujours est-il que ce nouvel opus confirme le retour gagnant du groupe. Dès l’opener « Fleischmann », Bloodbath déverse un Death Metal gras et putride qui colle parfaitement avec l’imagerie des derniers shootings promotionnels du groupe. Loin des prods aseptisées de certains concurrents, Bloodbath a su trouver l’équilibre pour que le son soit à la fois « sale » (dans le sens gras… cette basse sur « Bloodicide » !) et « propre » (dans le sens où chaque instrument reste audible).

Mais pour qu’un album soit séduisant, il faut non seulement un bon son, mais aussi de bonnes compos, et là aussi, Bloodbath propose quelques morceaux très efficaces : « Bloodicide », le pachydermique « Levitator » et l’efficace « Chainsaw Lullaby » sortent du lot d’un album déjà très relevé.

De tous les comebacks des dernières années, celui de Bloodbath était celui auquel j’accordais le moins de chances de réussite. Et pourtant, en l’espace de deux albums, le groupe a su revenir de manière convaincante. Sans surenchère de moyens. Bloodbath a beau rester classique, il n’en est pas moins très efficace.

Mister Patate (8,5/10)

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Peaceville Records / 2018
Tracklist (41:07) 1. Fleischmann 2. Bloodicide 3. Wayward Samaritan 4. Levitator 5. Deader 6. Marc Of The Crucifiers 7. Morbid Antichrist 8. Warhead Ritual 9. Only The Dead Survive 10. Chainsaw Lullaby

Au fil des ans, certains m’ont fait une réputation de chroniqueur francophobe, d’Enemy Of The French Music Business. Mon tort aura certainement été de ne pas encenser certaines vaches sacrées de la grande famille du Metal hexagonal. Mais en se focalisant sur mes avis négatifs, ils oublient aussi à quel point j’ai apprécié et encensé d’autres formations d’outre-Quiévrain. Les chroniques au vitriol marquent davantage les esprits et laissent plus de traces (certaines formations en parlent encore pendant des années).

Et aujourd’hui, je me penche sur le cas d’Ad Patres qui nous propose enfin un successeur au très bon Scorn Aesthetics sorti il y a déjà 7 ans. L’attente a été longue, mais elle en valait la peine.

Ad Patres propose un Death Metal « simple », dans ce sens qu’il n’entre pas dans la course à la technicité, à la brutalité ou à la production la plus étouffante. Après une brève intro, « Mechanical Enlightenment » entame les hostilités avec brio. La production n’est pas énorme comme chez les grosses écuries du genre, le growl ne semble pas aussi agressif que celui des concurrents, mais le morceau est accrocheur, et c’est justement ce qui est frappant chez Ad Patres : le groupe n’a pas besoin d’artifices pour en imposer. La compo se suffit à elle-même. À ce titre, Ad Patres me rappelle feu Deviant Surgeons, autre groupe français disparu quant à lui après un album très recommandable (et dire qu’à l’époque, je pointais cette prod’ moins clinquante comme un défaut…).

Pas d’artifices, pas de chichis, « juste » du Death Metal honnête et efficace. En faut-il plus pour être heureux ? Non. Voilà, c’est officiel, je deviens un vieux con. On dirait un slogan de pub Herta. Le goût des choses simples. En 8 morceaux, deux interludes et un peu moins de 35 minutes, Ad Patres m’a séduit par sa « simplicité ». Pas la simplicité de ses compos, mais plutôt par sa manière de les présenter, sans pour autant sonner amateur ou approximatif.

Mister Patate (8,5/10)

Facebook officiel 

XenoKorp – 2019
Tracklist (34:13) 1. Shock Therapy 2. Mechanical Enlightenment 3. The Disappearance of I 4. Led by Flesh 5. Symbiosick 6. Sermon 7. Verses Void 8. Spellbound 9. Enclosing Terror 10. The Floating Point  

Gruesome – Twisted Prayers

Avis peu populaire : avec Spiritual Healing, Death a mis le doigt dans un engrenage qui a fait le bonheur de bien des fans du genre, mais qui a marqué, pour moi, le début d’un « désamour » entre ce que faisait la bande à Chuck et mes oreilles. Ho, j’avoue que les albums post-Spiritual Healing sont des monuments du Death technique et que, sans eux, nous n’aurions peut-être jamais connu l’émergence de nombreux autres groupes, mais j’ai toujours gardé une préférence marquée pour les débuts du groupe, ce côté brut, et Spiritual Healing était le moment où tout a basculé pour moi.

Vous me direz que vous vous en foutez, que j’ai des goûts de merde. Les coups et les douleurs, comme on dit par chez moi, mais toujours est-il qu’il me fallait bien une intro pour pisser un peu de la ligne avant d’aborder Twisted Prayers, troisième hommage à Death par la bande à Matt Harvey.

Twisted Prayers, donc, est l’hommage appuyé à Spiritual Healing. Que ce soit au niveau de l’artwork, des thèmes abordés, du son et du mode de composition, tout rappelle l’œuvre de Chuck. Et on revient donc toujours à cet éternel dilemme. Doit-on saluer cette volonté de perpétuer la mémoire de Chuck ou au contraire regretter que le groupe ne se foule pas et bénéficie donc d’une renommée purement liée à la nostalgie des fans ?

Pour ma part, la question est vite réglée : Gruesome s’étant penché (pour l’heure) sur mes albums favoris de Death, je savoure ces albums/hommages avec le sourire, notamment parce que je n’ai pas eu la chance de voir Death avec Chuck en live (et à ce niveau, Gruesome tient vraiment la route en live de par son line-up très expérimenté). Tiendrais-je un autre discours si Gruesome avait débuté par les albums les plus récents de Death ? Probablement, parce que je n’ai pas le même rapport sentimental avec ces albums.

Parmi tous ces clones et ces groupes inspirés par Chuck, Gruesome est probablement le plus honnête, celui qui reconnait sans rougir qu’il rend hommage à l’œuvre de Chuck en pompant allègrement dans sa discographie. C’est peut-être aussi pour cela que je suis si indulgent avec eux.

Mister Patate (Spiritual Healing/10)

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Relapse Records / 2018
Tracklist (42:35) 1. Inhumane 2. A Waste of Life 3. Fate 4. Lethal Legacy 5. Fatal Illusions 6. Crusade of Brutality 7. At Death’s Door 8. Twisted Prayers