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Le Motocultor, c’est un peu l’histoire d’un mec qui creuse. Toujours plus bas, en quête d’une précieuse pépite d’or. Celle qui le renflouera. Celle qui lui permettra de se remettre à flot, qui récompensera ses efforts. Mais dans son dur labeur, il oublie un détail : son échelle sera-t-elle assez grande pour sortir du trou qu’il creuse ? Non. Alors, il crie fort, jusqu’à ce que quelqu’un lui tende une corde assez longue pour le sortir de son pétrin.

En dix ans d’existence, ce festival aura donc amassé pas moins de 120.000 euros de dettes. Dans ma région, 120.000 euros, c’est le prix d’une petite maison à rénover. Ce gouffre financier ne s’est pas creusé en une nuit. L’orga le reconnait : ces dettes sont dues notamment aux premières éditions… Mais quand on voit l’évolution fulgurante du festival, n’est-on pas en droit de se demander si le Motocultor ne souffre pas du syndrome d’Icare, obnubilé par un soleil inatteignable et maintenant en pleine chute, les ailes brûlées par une ambition mal calculée ?

Il y a trois ans, je finissais mon article sur la flambée des prix des festivals par ces mots :

soit les grands festivals seront les seuls à survivre et un week-end de son coûtera plus cher qu'une semaine au soleil, soit ces colosses aux pieds d'argile se casseront la gueule et nous passerons du "caviar" au "toast au pâté"… à condition qu'il reste alors encore suffisamment de petites orgas pour mettre sur pied des alternatives bon marché à ces machines à sous.

Aujourd’hui, j’ai l’impression d’assister tout doucement à la concrétisation du premier scénario : les Hellfest, Graspop et autres Wacken drainent un public toujours plus important (en les allégeant, au passage, d’un beau paquet de pognon), et quelques assos locales, comme le Motocultor, sont obligés de mendier pour ramasser quelques miettes. Faut-il pour autant les défendre ? Les aider financièrement ? Personnellement, je ne donnerai pas un euro au Motoc’, malgré la qualité de ses affiches. L’orga a creusé sa propre tombe, accumulant année après année les dettes jusqu’à atteindre un point de non-retour. D’autres orgas, elles, ont eu le courage de s’arrêter avant que la facture ne soit trop salée…

Pour ceux qui voudraient tout de même aider le festival, cliquez ici

Annulation en Allemagne, annulation en Norvège, concert secret en France : si Peste Noire fait parler de lui aujourd’hui, ce n’est pas par la qualité de sa musique, mais uniquement en raison de remous extra-musicaux liés à sa réputation. Depuis le Ragnard Rock Festival et mon article sur la complaisance de ce festival envers une frange de son public attirée par certains groupes, je reçois régulièrement des messages d’antifas m’invitant à faire barrage face à des groupes comme Peste Noire. Je ne réponds jamais à ces messages. Parce qu’en optant pour la voie de l’annulation, des pressions envers les orgas et autres menaces à peine voilées, ils aggravent encore la situation.

Soyons clairs : je ne partage pas les avis de Famine (la personne) et de son entourage. J’ai vu le documentaire « À La Chaise-Dyable »  et plusieurs de leurs positions me hérissent le poil. Par contre, je respecte beaucoup Famine (l’artiste). Dans la scène BM actuelle, il fait partie des rares artistes qui osent. Un des rares qui sortent des sentiers battus, qui brisent les codes, qui métissent sa musique. Ses albums valent la peine d’être écoutés, bien plus que 95 % des sorties actuelles.

En poussant des orgas respectables à annuler la venue de Peste Noire, les antifas poussent ce groupe dans la clandestinité. Est-ce une bonne chose ? Non, certainement pas. Au contraire, ces rares concerts « clandestins » se transforment de facto en meetings de « personnes aux idées bien tranchées ». Dans un festival comme le Blastfest, la concentration de telles personnes aurait été réduite, et il y a fort à parier que l’orga aurait réagi vivement à tout débordement ou signe extérieur incitant notamment à la violence. Pareil en Allemagne. Là-bas, un « simple » salut nazi fait l’objet de poursuites (ça peut monter jusqu’à 3 ans de prison). Plutôt que d’exposer le problème, ces annulations et ces pressions le dissimulent. Parce qu’en fait, le problème n’est pas vraiment Peste Noire, mais une partie de son public. « Pour vivre heureux, vivons cachés » : en étant poussés dans la clandestinité, ce public est libre de faire ce qu’il veut. Est-ce souhaitable ? Certainement pas. Rendre le problème invisible ne le résout pas, au contraire.

KPN flirte avec les limites. Mais ce n'est pas en plaçant le groupe dans la posture de la victime que la "Lumière" va triompher. Parce que les petits procureurs antifascistes ne sont pas des phares de la pensée. On peut aussi faire appel à l'intelligence de ses auditoires. Si quelques crânes rasés ne sont pas dupes. Les autres non plus.

Après l’édition de l’année passée et la controverse Nokturnal Mortum (un de ces groupes pour lesquels il est difficile de faire la part des choses entre génie musical et idéologie douteuse qui évolue sur un terrain bien glissant avec plein de marques de bottes dessus), le Ragnard Rock Festival se retrouve à nouveau au centre d’une polémique – XXL cette fois – en raison de la présence sur son affiche de plusieurs groupes aux idées tranchées. Je dis « tranchées » pour ne pas brusquer le public sensible de ce festival. Alors que bon, dans le tas, y’a quand même Naer Mataron, dont un des membres fait partie de l’Aube Dorée. Un fasciste de merde, donc

UN FASCISTE DE MERDE

Et l’orga se la joue apolitique, « nous, c’est la musique qui compte blabla », « aucune idéologie, blabla » et lave plus blanc que blanc (forcément, vu le public). Mais bon, à une époque où un seul artiste (Philou, pour ceux qui ne suivent pas) a réussi à déclencher une tempête de merde avec un White Power aviné, il était pour ainsi dire acquis que le RRF ferait des vagues avec des groupes comme Graveland à l’affiche.

On me dira : « oui, Patate, mais bon, il faut savoir faire la part des choses entre la musique et l’idéologie ». Et c’est vrai. Par exemple, j’apprécie beaucoup la musique de Nokturnal Mortum. Je ne m’en cache pas, et je suis persuadé que bon nombre de personnes qui se rendront au Ragnard Rock Festival seront là pour la musique. Et uniquement pour la musique. Enfin, non, ils seront aussi là pour picoler et montrer aux filles qu’ils ne portent rien sous leur kilt. Les beaufs.

Mais (et ça, on ne peut pas le nier non plus), le Ragnard Rock Festival risque aussi d’être un aimant à connards extrémistes, un gros caca bien brun autour duquel gravitera une nuée de mouches. Et la question qui me turlupine le plus est : l’orga aura-t-elle les couilles de ramener gentiment mais fermement ces connards vers la sortie ? La sécu veillera-t-elle à ce que ce festival soit une fête de la musique et de la fraternité métallique (oui, j’ai écrit ça, et mes doigts picotent déjà d’avoir utilisé ces deux mots d’une mièvrerie absolue, mais à en croire pas mal de monde, c’est bien ça, l’esprit des fests) ? Après avoir lu quelques témoignages de l’année passée, j’ai déjà quelques doutes. Le RRF n’en est pas à son coup d’essai. Voir des zines supporter inconditionnellement ce festival me turlupine un peu.

Comme je le disais au sujet de Phil Anselmo « ce qui me gêne le plus, c’est ce raz-de-marée de personnes qui prennent la défense de Phil, qui banalisent ces propos (même s’ils n’étaient pas pensés et, je le répète, j’accorde le bénéfice du doute), une marée humaine face à quelques-uns qui ouvrent leur gueule pour dénoncer cette banalisation du racisme, cet « humour » qui n’en est pas et une écrasante majorité de gens qui ferment leur gueule. Je suis moins dérangé par l’auteur du geste que par cette foule silencieuse qui ne lève pas le doigt et s’en fout royalement ». On assiste exactement au même phénomène, sans la moindre remise en question.

Au Ragnard Rock Festival, tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc, mais nier l’existence d’un problème en se retranchant derrière des arguments naïfs n’est pas une solution. Si l’orga était honnête avec elle-même, elle reconnaîtrait que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur de ses mondes.