Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Jeff Scott Soto s’est construit au fil des années une solide fanbase et une réputation presque sans tâche d’une des plus belles voix du hard rock et ce malgré la multiplicité de ses participations à plus de 80 disques. Toutefois, depuis quelque temps, il faut dire que JSS se consacre principalement à sa carrière personnelle, plus qu’à des collaborations extérieures, lucratives mais souvent décevantes, bien qu’on ait pu l’entendre récemment sur Coexist d’Octavision (sur lequel il chante deux morceaux). Cette carrière est à plusieurs faces : il y a le supergroupe WET qui vient de sortir un nouveau disque, Retransmission et ses deux projets plus spécifiquement solo, Soto – son groupe de métal moderne – et Jeff Scott Soto qui œuvre dans un hard mélodique plus classique. Je vais être direct : je ne suis pas très amateur de la facette « moderne » de la musique de Soto et lui préfère son orientation traditionnelle. Coup de chance, ce Wide Awake (In My Dreamland) relève de cette dernière facette et comme j’avais un bon souvenir de Retribution, j’étais plutôt bien luné pour écouter ce nouvel opus.

Premier constat : ce disque a été composé avec Alessandro del Vecchio, producteur et multi-instrumentiste de Frontiers, assurément compétent. J’ai personnellement des réticences quand je vois son nom apparaitre car il traine la réputation pas entièrement usurpée de « mercenaire » et de « faiseur » plus que d’authentique créatif. Les autres musiciens sont italiens liés sans doute au label napolitain. Toutefois, ils sont très compétents (avec une mention particulière pour le guitariste Fabrizio Sgattoni qui propose de superbes solos) et c’est en fait l’essentiel.

Car le roi est ici en fait Jeff Scott Soto qui éclaire toujours sa musique de sa voix superbe, à la fois chaude, lyrique mais aussi tout de suite identifiable. La présence de bons riffs (« Love Will The Way », le heavy « Mystified ») est évidente tout comme un soin apporté aux solos mais une grande partie du charme de ce Wide Awake (In My Dreamland) tient aux refrains ultramélodiques de Jeff Scott Soto (« Between The Lines »). Ce n’exclut pas la hargne et la vigueur – qui nous rappellent que jadis JSS chanta pour Malmsteen sur le puissant Marching Out –, mais à chaque fois une mélodie est ajoutée qui porte l’ensemble (« Living In A Dream » où Fabrizio Sgattoni shredde à tout va de manière assez impressionnante). Le titre éponyme lent et heavy à la manière du Black Sabbath de l’époque Dio est d’ailleurs très peu représentatif du reste du disque ; il est étrange de lui avoir donné le titre du disque.

Ces qualités indéniables qui font de l’écoute de ce Wide Away (In My Dreamland) un moment très agréable me pousseront à mettre de côté quelques réserves : oui, il n’y a rien très neuf ici et ce que propose ici JSS, il aurait pu le proposer sur Damage Control par exemple ; oui tout ceci est d’un classicisme très prononcé (« Without You » est une power ballade comme JSS en a écrite et en écrira d’autres d’ailleurs) ; oui ce n’est pas son meilleur disque. Toutefois, Wide Awake reste un très bon moment de hard rock mélodique, excellemment bien chanté et interprété qui ne sonne jamais comme du rabâché laborieux. JSS a et conserve sa capacité à transmettre une fraîcheur et un charme dans le genre où il est le plus à l’aise. Qu’il continue de la sorte !

Baptiste (7,5/10)

Frontiers / 2020

Tracklist : 1. Someone To Love 2. Mystified 3. Love’s Blind 4. Without You 5. Lesson Of Love 6. Paper Wings 7. Love Will Find The Way 8. Between The Lines 9. Living In A Dream 10. Wide Awake (In My Dreamland) 11. Desperate

The Amenta – Revelator

Après 8 ans de silence, les Australiens de The Amenta sont (enfin) de retour. Et ça faisait longtemps qu’un come-back m’avait autant enthousiasmé. Parce qu’à l’époque, The Amenta, c’était un rouleau compresseur, un assaut industriel d’une intensité rare et d’une efficacité sans faille tant sur album qu’en live. L’annonce de leur signature chez Debemur Morti (davantage réputé pour ses artistes Black Metal) m’intriguait : le groupe reprendrait-il là où il s’est arrêté ou devions-nous nous attendre à une (r)évolution ?

En 8 ans, The Amenta est devenu plus « humain ».

Sur les albums précédents, le son de The Amenta était froid, déshumanisé sans pour autant être clinique. Aujourd’hui, si on m’avait fait écouter « Silent Twin » ou « Twined Towers » en aveugle, sans indication du nom du groupe, je ne sais pas si j’aurais immédiatement dit « ça, c’est The Amenta ». La voix m’aurait semblé familière, mais pour le reste, le groupe a su s’écarter de ses racines (sans les renier, comme on peut le constater sur l’opener « An Epoch Ellipsis »), se renouveler. Au niveau du chant, par exemple, Cain nous livre une prestation XXL et plus variée que sur ses méfaits précédents, entre chuchotements, hurlements et chant clair (le final de « Parasight Lost » me faisant d’ailleurs un peu penser au chant clair sur l’album 777 – Cosmosophy de Blut Aus Nord).

Revelator dévoile de nouvelles facettes du groupe tout en mettant en exergue ses atouts passés. Autrefois un « simple » groupe de Death industriel de qualité supérieure, The Amenta est devenu avec cet album une formation qui jongle avec les genres, qui ose. Dans un univers où les sosies de copycats sont devenus légion, il est rassurant de voir que quelques groupes, comme The Amenta ou Imperial Triumphant dont je parlais l’été passé, parviennent encore à apporter quelque chose de neuf dans leur discographie.

Mister Patate (8,5/10)

Facebook officiel
Bandcamp officiel

(Debemur Morti Productions – 2021)
Tracklist (45:39) 1. An Epoch Ellipsis 2. Sere Money 3. Silent Twin 4. Psoriastasis 5. Twined Towers 6. Parasight Lost 7. Wonderlost 8. Overpast 9. Parse Over

Therion – Leviathan

Adulé par certains, détesté par les autres, Therion est un groupe qui ne laisse pas indifférent. Du death-metal rêche des débuts au metal symphonique grandiloquent actuel, le projet de Christopher Johnsson a toujours osé se remettre en question ; pour le meilleur (Theli), mais aussi pour le pire (le nanardesque Les fleurs du mal). Hélas, nous constatons que depuis l’excellent Gothic Kabballah, rien ne va plus. Therion a entamé une descente aux enfers ponctuée d’albums inintéressants et prétentieux (Sitra Ahra et Beloved antichrist). Au point de se poser la question qui nous intéresse aujourd’hui : Leviathan, va t-il changer la donne ?

L’affaire commence plutôt bien. « The leaf on the oak of far » est un morceau vif et entraînant. Rien de révolutionnaire, mais ce premier titre accroche l’oreille et fait espérer une suite tout aussi entraînante. Bingo ! Mené de main de maître par Marco Hietala (Tarot, ex Nightwish), « Tuonela » est LE tube de l’album : refrain imparable, mélodie irrésistible… L’ensemble nous ramène au Therion des grands jours.

Hélas, la débandade commence avec le poussif titre éponyme. A l’image de ce qui va suivre, tout semble forcé, artificiel. Là où nous attendions de la grandeur, nous n’avons que de la décadence : production en carton et compositions sans intérêt sont au programme.

Si jadis, Johnsson a toujours su s’entourer, le Therion 2021 pêche par un casting faiblard. Si le pauvre Thomas Vikström fait ce qu’il peut au chant, nous ne pouvons nous empêcher de penser que Hietalia, l’excellent Mats Levén (présent sur le très bon « Psalm of retribution ») ou encore Snowy Shaw auraient mieux fait l’affaire. Idem pour Christian Vidal qui n’a pas le talent d’un Kristian Niemann beaucoup plus rigoureux. Une refonte s’impose au plus vite si le soldat Therion ne veut pas sombrer encore plus.

Leviathan ne fait que confirmer la déchéance d’un groupe qui a été grand. Composé uniquement dans le but de faire des « hits », il se révèle être un des plus mauvais efforts du groupe. Car, contrairement au très mauvais Les fleurs du mal, ce dix-septième album ne nous fait même pas rire.

Nico (3/10)

Site Officiel : https://www.therion.se/

Nuclear Blast /2020

01. The Leaf on the Oak of Far 02. Tuonela 03. Leviathan 04. Die Wellen der Zeit 05. Aži Dahāka 06. Eye of Algol 07. Nocturnal Light 08. Great Marquis of Hell 09. Psalm of Retribution 10. El Primer Sol