Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Ultha – Converging Sins

C’est donc en plein confinement, dans un monde où la connerie humaine et le coronavirus se chamaillaient le titre de « pire fléau de l’humanité 2020 », que j’ai enfin eu la chance de (re)découvrir Ultha, et plus particulièrement Converging Sins sorti en décembre 2016. D’Ultha, je ne connaissais que l’EP Belong, un deux titres sorti chez Vendetta Records. Et justement, le nom de ce label revenant régulièrement lorsqu’il est question de Black Metal de qualité (la claque Anagnorisis, pour ne citer qu’elle), Converging Sins est devenu la bande-son de mes sorties nocturnes, loin des gens, loin du bruit.

People cling closer, as the world falls apart

Et c’est peut-être justement cette combinaison de la musique et des promenades dans l’obscurité qui rend le tout si beau, si majestueux. Ultha ne cherche pas à faire bonne impression dès la première écoute. Le quintet prend le temps de poser l’ambiance, et ce, dès l’opener : 17 minutes qui passent en un éclair tant le morceau est bien construit. Montée en puissance, explosion, apaisement, lourdeur, sérénité… En un seul morceau, Ultha nous emmène dans un rollercoaster d’une noirceur peu commune. Si les différents mouvements qui composent ce morceau avaient été quelque peu allongés, le groupe aurait pu en faire un EP à part entière.

Et nous n’en sommes qu’à un quart de l’album entier.

Avec l’ajout d’un chant féminin (par Rachel Davis d’Esben And The Witch) sur « Mirrors in a Black Room », on passe encore à un niveau supérieur en termes d’ambiance. Ici aussi, la montée en puissance se fait tout en douceur, jusqu’à ce que la mélancolie laisse place à une déferlante… et ce final, avec la combinaison du chant féminin et du chant hurlé !

Tout au long des 63 minutes de cet album, Ultha parvient à rester pertinent. À aucun moment, je n’ai ressenti une lassitude ou une envie de passer en accéléré sur un passage ou un morceau. Chaque élément est à sa place, les compos ne souffrent d’aucun temps mort. Au contraire, les interludes plus calmes viennent alléger certains morceaux et sont autant de petites pauses avant un nouvel assaut.

Cerise sur le gâteau : le son, avec un enregistrement et un mixage effectués par Andy Roszcyk, un des membres du groupe. C’est clair, c’est net, le mix est bien équilibré… à tel point qu’au final, Ultha ne mérite pas cette simple étiquette « Black Metal ». Converging Sins rend presque anecdotique tous ces groupes pour qui le Black équivaut à blaster sans cesse en criant à la gloire de Satan avec un son pourri. Ultha transmet une chiée d’émotions humaines : la mélancolie, le regret, la colère. Converging Sins est cathartique. Et c’est peut-être pour cela qu’il est si efficace. Un des meilleurs albums de Black Metal de la décennie 2010-2019, tout en haut avec Peripeteia d’Anagnorisis.

Mister Patate (9,5/10)

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Vendetta Records – 2016
Tracklist (63:31) 1. The Night Took Her Right Before My Eyes 2. Mirrors in a Black Room 3. Athame | Bane Emanations 4. You Will Learn About Loss 5. Fear Lights the Path (Close to Our Hearts)

BPMD – American Made

Dans le milieu du rock’n’roll, l’art de la reprise est une tradition ancestrale. Au point qu’il est difficile de trouver un artiste ne s’étant pas encore frotté à l’exercice. L’album rejouant réinventant ? les tubes des autres est surtout un bon moyen de fournir aux fans un produit de plus sans trop se fouler. Si pour certains l’exercice est réussi, d’autres sont franchement ratés. C’est pourquoi, nous avions un sale préjugé au moment de découvrir American made.

Sans compter que BPMD est un « all stars band ». Un terme affreux désignant, en règle générale, un groupe capitalisant sur la notoriété de ses membres. Et aboutissant une fois sur deux à une œuvre oubliable. American Made ne déroge pas à la règle. Pourtant, le groupe de Bobby Blitz (Overkill), Mike Portnoy (ex Dream Theater), Phil Demmel (Vio-Lence) et Mark Menghi (inconnu au bataillon) se distingue par un enthousiasme prégnant.

BPMD s’est fait plaisir en piochant dans le répertoire de groupes incontournables « made in America ». Le quatuor ne joue pas la facilité et propose une sélection plus pointue que la moyenne. Notre préférence va vers « Evil » de Willy Dixon et « Beer Drinkers & Hell Raisers » de ZZ Top. Mais mieux encore, American made nous permet de nous intéresser à deux groupes moins connus (James Gang et Bloodrock).

A l’image de l’interprétation véloce du quatuor, c’est du tout bon. Demmel, figure centrale, insuffle un feeling monstrueux avec un riffing imparable. La section rythmique assure tandis que la voix acide de Blitz surprend dans un registre où on ne l’attendait pas.

Au final, American made, même s’il est anecdotique, accompagnera votre été. Le truc idéal à mettre dans la bagnole pour enquiller les kilomètres. Une fois les beaux jours passés, il se rangera dans votre discothèque pour peut-être ne plus en sortir. Jusqu’à l’été prochain ?

Nico (7,5/10)

Site Officiel : https://www.bpmdmusic.com/

Napalm Records /2020

01. Wang Dang Sweet Poontang (TED NUGENT cover) 02. Toys In The Attic (AEROSMITH cover) 03. Evil (CACTUS cover) 04. Beer Drinkers & Hell Raisers (ZZ TOP cover) 05. Saturday Night Special (LYNYRD SKYNYRD cover) 06. Tattoo Vampire (BLUE ÖYSTER CULT cover) 07. D.O.A. (BLOODROCK cover) 08. Walk Away (THE JAMES GANG cover) 09. Never In My Life (MOUNTAIN cover) 10. We’re An American Band (GRAND FUNK RAILROAD cover)

Witches – The Fates

Souvent, le talent n’est jamais reconnu à sa juste valeur. Pour preuve : Witches. Bourlinguant depuis plus de trente ans, ce groupe de thrash/speed/death reste injustement méconnu du grand public. Et ce, malgré de nombreuses tournées allant jusqu’au Japon ; sans oublier une discographie fournie comptant bon nombre de démos, E.P’s et trois longs formats. Le dernier, The fates, nous intéresse aujourd’hui.

« WE ARE », nous sommes ! Witches s’impose dès le premier titre ! Il annonce la couleur à venir ; The fates sera thrash, death, moderne et efficace. Sibylle Colin-Tocquaine a l’expérience nécessaire pour mener sa barque à bon-port. La suite persiste et signe ; les potards sont la plupart du temps dans le rouge. Witches réalise un melting-pot de ses influences. On y entend quelques réminiscences de Carcass (« Damned skin is mine », « Feared and adored ») ; certains riffs évoquent la scène black norvégienne (le bien nommé « Black from sorrow ») tout en gardant une identité forte. Neuf titres, neuf uppercuts taillés pour la scène ! Et au contraire d’un At The Gates ou d’un Toxic Holocaust, Witches ne ronronne pas et va au charbon, malgré ses kilomètres au compteur.

The fates est une nouvelle montée en puissance pour Witches. Avec neuf titres accrocheurs, il prouve que c’est un groupe avec lequel il faut compter. Alors n’hésitez pas à pencher une oreille sur ce troisième opus.

Nico (8,5/10)

Site Officiel : http://www.witches.fr/

Mighty Spell Records /2020

01. We are 02. Inside 03. Damned skin is mine 04. Black from sorrow 05. Feared and adored 06. Off the flesh 07. Let stone fall 08. Last wishes 09. Death in the middle age