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Kristian Eivind Espedal est un personnage complexe. Atypique, il est un acteur incontournable de la scène black-metal norvégienne ; tout en traînant derrière lui une réputation sulfureuse. Après quelques mésaventures (tour par la case prison, procès avec Gorgoroth, split de God Seed), il décide enfin de prendre son destin en main en formant SON groupe, Gaahls WYRD.

Seul maître à bord, Gaahl se libère et se révèle sous son meilleur jour. GastiR – Ghosts Invited est une œuvre cathartique, reflétant avec fidélité l’univers du chanteur. Il s’agit ici d’une transcription musicale de ses nombreux démons intérieurs.
Le black-metal est évidemment au centre du débat (« Ek Erilar », « Veiztu Hve »), mais le rendu est très nuancé. Gaahls WYRD offre ici une musique introspective et surprenante qui se permet toutes les audaces (les vocaux du titre éponyme, le mélancolique « Carving the voices »). Les influences heavy-metal sont nombreuses et ajoutent une réelle valeur ajoutée à l’ensemble (« The speech and the self »). Sur la longueur, ces huit titres profonds et intenses envoûtent et s’enfilent d’une traite.

Gaahl réussit donc le pari d’exister pour lui-même au travers de sa musique. Fruit d’une collaboration avec Lust Kilman, ex-partenaire de God Seed, ce premier Gaahls WYRD est un succès. Un album exigeant au potentiel énorme dont on attend la suite avec impatience.

Nico (9/10)

Site Officiel : https://www.facebook.com/gaahlswyrd

Season Of Mist /2019

01. Ek Erilar 02. From the Spear 03. Ghosts Invited 04. Carving The Voices 05. Veiztu Hve 06. The Speech And The Self 07. Through And Past And Past 08. Within The Voice Of Existence

Depuis 1999 et sa signature sur le label Roadrunner, Slipknot a enchaîné réussites sur réussites (Slipknot, Iowa, Volume 3 : The Subliminal Verses) pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : une référence pour une génération entière de métalleux. Après une période compliquée, suite à la perte de leur bassiste Paul Gray, Slipknot a pris son temps. Il a fallu cinq années pour que Corey Taylor and co. accouchent de We Are Not Your Kind.

Bonne nouvelle, l’attente valait la chandelle. Après le cathartique, mais raté, .5 : The Gray Chapter, la troupe de Des Moines redresse la barre. Ce septième album commence avec un tube plaqué or. Deux, trois écoutes de « Unsainted » suffisent pour que son refrain reste en tête. Agressif et mélodique, le méchant « Birth of the cruel » est la pépite de cette nouvelle collection. Poursuivons avec « Nero forte », qui assomme l’auditeur, et « Spiders » qui surprend par sa subtilité. C’est en s’inspirant d’un passé personnel et professionnel perturbé (on parle ici de changement de line-up, de divorce, de poursuites judiciaires, etc.) que Slipknot se révèle le plus accrocheur (« Critical darling », « A liar’s funeral »).

Mais attention, We Are Not Your Kind n’est pas pour autant parfait. Les deux interludes (« Death because of death » et « What next ») cassent nettement le rythme et les quatre derniers morceaux en sont le ventre mou.

Le constat est malgré tout positif pour ce mastodonte du metal moderne. Sortir un album réussi aux deux-tiers est respectable. Pas mal de groupes devraient s’en inspirer.

Nico (7,5/10)

Site Officiel : https://slipknot1.com/

Roadrunner/2019

01. Insert Coin 02. Unsainted 03. Birth Of The Cruel 04. Death Because Of Death 05. Nero Forte 06. Critical Darling 07.A Liar’s Funeral 08. Red Flag 09. What’s Next 10. Spiders 11. Orphan 12. My Pain 13. Not Long For This World 14. Solway Firth

Amon Amarth – Berserker

Même les meilleures lames s’émoussent. Et au final, même si nous n’assistons pas ici au naufrage du drakkar de la bande à Johan Hegg, il faut se rendre à l’évidence : tôt ou tard, les groupes arrivent à un tournant. Certains s’arrêtent alors au sommet de leur gloire (Emperor étant, à mes yeux, le meilleur exemple), tandis que d’autres s’engagent dans une spirale plus ou moins lente les conduisant sûrement vers une disparition bien moins glorieuse.

Dans le cas présent, il est compliqué d’identifier le point de rupture dans la discographie du groupe, tant Amon Amarth a toujours exploité le même filon et que, tout bien réfléchi, l’évolution stylistique du groupe est très limitée depuis maintenant plus de 10 ans (les mauvaises langues diront que le groupe sort le même album depuis 1998, avec plus ou moins de mélodie). Toujours est-il que Berserker, à mes yeux, est le premier album où le groupe semble réellement en quête d’un second souffle qui ne vient pas. Mis à part quelques petits sursauts d’orgueil, Berserker suscite en moi un sentiment de nostalgie, de l’époque où le groupe était encore une machine à tubes.

Le groupe a-t-il atteint son plafond ? Tout dépend de ce que l’on entend par plafond. Dans un certain sens, le groupe a déjà atteint son plafond il y a des années, et il se contentait de répéter avec succès une formule éprouvée. Ici, la machine a des ratés. « The Berserker at Stamford Bridge », par exemple, semble interminable, et ce n’est pas son final mélodique qui viendra sauver la mise. « Fafner’s Gold » est probablement l’opener le plus faible du groupe depuis Fate Of Norns. Faites le calcul, ça fait 15 ans que le groupe n’avait pas été aussi faiblard en matière de premier enfonçage de tympans.

Le cahier des charges du Petit Viking a beau être suivi à la lettre, on distingue ça et là les défauts dans la cuirasse. La corne à boire n’est plus en corne, mais en résine. Le drakkar est en carton. Les haches peineraient même à couper un saucisson. Le groupe pourra toujours se consoler sur scène en proposant un best of des compos qui ont fait la réputation des Vikings.

Mister Patate (5/10)

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Metal Blade Records / 2019
Tracklist (56:45) 1. Fafner’s Gold 2. Crack the Sky 3. Mjölner, Hammer of Thor 4. Shield Wall 5. Valkyria 6. Raven’s Flight 7. Ironside 8. The Berserker at Stamford Bridge 9. When Once Again We Can Set Our Sails 10. Skoll and Hati 11. Wings of Eagles 12. Into the Dark