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Couch Slut- You Could Do It Tonight

Avec le temps et la quantité astronomique de sorties chaque année, on pense parfois avoir fait le tour de la question. C’est moche, non ? Se dire que plus rien ni personne ne parviendra à vraiment nous surprendre, à nous prendre à contrepied, à nous faire vaciller. On a tout vu, tout entendu, les sens sont presque émoussés, le rythme cardiaque peine à s’élever, si ce n’est pour quelques groupes fétiches où l’engouement tient plus du réflexe pavlovien que d’autre chose. Et puis, au détour d’une discussion / d’une recommandation sur Facebook / d’une annonce de tournée avec des premières parties inconnues au bataillon, la surprise nous saisit. Enfin quelque chose qui remue les tripes, qui interpelle, qui donne envie de creuser encore plus pour tirer au clair la source de ces émotions. Cette sensation, je l’ai ressentie en découvrant cette nouvelle plaque brûlante de Couch Slut.

Au menu : de la haine, de la rancœur, du malaise… En termes d’émotions, Couch Slut joue sur le terrain du Black Metal, mais loin des thématiques abstraites du genre. Ici, la crasse est tirée de la vie réelle. Et c’est peut-être la raison pour laquelle You Could Do It Tonight frappe si fort : parce qu’il exsude la vraie vie et toute ses vicissitudes. Prenez « The Donkey » : 5 minutes qui semblent durer une éternité, ce son rugueux et, surtout, cette capacité à raconter une histoire en alternant spoken word et hurlements. Si je devais faire un parallèle ici avec un autre groupe, j’évoquerais spontanément les Frenchies de Cowards et leur « One Night In Any City ».

Loin du « vrai » Metal, le noise de Couch Slut prend par la gorge et/ou les couilles. Alors que des dizaines de groupes essaient d’impressionner les fans de sensations fortes à grands renforts de textes brutaux, Couch Slut semble livrer une autobiographie placée sous le signe de l’atrocité ordinaire de l’existence. Viscéral comme les Cumshots, abrasif comme le béton sur lequel on se rétame, You Could Do It Tonight est une giclée acide dans la marmite musicale. Il ne s’écoute pas, il se subit. Et c’est douloureusement bon.

9/10

Facebook officiel

(Brutal Panda Records – 2024)
Tracklist (38:07) 1. Couch Slut Lewis 2. Ode To Jimbo 3. CENSORED 4. The Donkey 5. Presidential Welcome 6. Energy Crystals For Healing 7. Downhill Racer 8. Laughing And Crying 9. The Weaversville Home For Boys

Hellbutcher – Hellbutcher

Hellbutcher est un sacré personnage. Le chanteur de Nifelheim s’est surtout fait connaître par son look improbable (moustache classieuse, combo crâne dégarni/mulet du plus bel effet) , une attitude et des poses (roulement des yeux, mâchoire serrée , tenue plus cloutée qu’un Rob Halford top bondage) flirtant régulièrement avec le ridicule. Heureusement, les Suédois se rattrapaient avec un black/thrash sauvage totalement « over the top ». Malgré cette combinaison improbable, Nifelheim restait une curiosité hilarante. Alors que le quartet est en « stand by » pour une durée indéterminée, il ne restait plus qu’à Hellbutcher de se lancer dans la grande aventure de l’album solo.

De prime abord, ce premier album est plutôt réussi. Hellbutcher a su s’entourer de mercenaires aguerris ayant bossé chez Unleashed, Bloodbath ou encore Gaahls Wyrd. Les mecs connaissent le job et le font bien. Pas une note ne dépasse, tout est parfaitement exécuté. C’est une affaire qui roule et ces trente-cinq minutes passent à la vitesse de la lumière.

Mais même si ce black-metal teinté d’influences heavy pourrait, en temps normal, nous contenter, il a un défaut : ces huit morceaux sont beaucoup trop propres. Hellbutcher manque cruellement de fange, de danger, d’un son sorti d’une cave, d’un chanteur qui crache sa bile à la face du monde. De cette impression « too much » qui prédominait chez Nifelheim, ici, nous avons l’impression que tout est en pilote automatique. Et c’est bien triste au vu du pedigree des exécutants.

Hellbutcher est donc une vraie semi-déception (l’album se tient ; il est loin d’être aussi fade que le dernier album d’Abbath par exemple) en regard de ce que nous en attendions.

Nico (7/10)

Site Officiel : https://hellbutcher.com/

Metal Blade /2024

1. The Sword Of Wrath 2. Perdition 3. Violent Destruction 4. Hordes Of The Horned God 5. Death‘s Rider 6. Possessed By The Devil‘s Flames 7. Satan‘s Power 8. Inferno‘s Rage

Deicide – Banished By Sin

Avec maintenant 35 années au compteur, ce bon vieux Glen fait partie des meubles du Metal de la mort made in Florida. Et qui dit 35 années de carrière, dit aussi « une vision assez traditionnelle de la scène ». À la sortie de ce Banished By Sin, il comparait ainsi les nouveaux groupes de Wannabe-Weezer-Looking Dudes, comme si le fait, par exemple, de porter un t-shirt blanc n’était pas Metal. Haaa, Glen. S’il était français, il s’appellerait Gérard, il roulerait en C15 et mangerait du saucisson avec son Opinel. Un jour, il a atteint son équilibre parfait et il a décidé que toute évolution, passé ce moment, serait « une connerie de tous ces wokes » (prononcé « wok », parce que Gérard est un boomer).

Et pourtant, preuve de sa volonté de vivre avec son temps, Gérard Benton (ou un gars de son label, cette hypothèse étant la plus probable vu les similitudes entre cet artwork et celui de Kerry King signé dans la même crèmerie) a utilisé l’IA pour l’artwork de sa galette n°13. Bon, on sent une maîtrise toute relative, mais si l’artwork était un élément indispensable pour apprécier un album, tout le monde aurait cancel le dernier Gojira. Perso, je l’ai cancel parce que CDLM, mais c’est un autre débat, revenons à nos boucs.

Sur le plan musical, Deicide persévère dans sa formule initiée dès The Stench Of Redemption : adieu le blasphème et la radicalisation musicale à tous les étages, place au blasphème à tous les étages, mais avec un apport plus « mélodique ». J’évoquais déjà cette évolution lorsque je m’étais penché sur To Hell With God et In The Minds Of Evil, et force est de constater que, depuis lors, Deicide a poursuivi clairement sur cette voie qui ne plaisait pas à tout le monde à l’époque et qui doit très probablement toujours hérisser le poil des fans de la première heure. Pour ma part, cette évolution me convient parfaitement. Et je dois dire que sur album, le père Benton reste convaincant tant au growl qu’au cri plus black. Espérons que ce soit aussi le cas en live (même si le boss, avec son sens de la formule bien à lui, m’avait dit que « c’est aussi chiant que la pluie, Deicide »).

On peut ne pas aimer le personnage – qui a probablement déjà une placé réservée au panthéon des trouducs du Metawl –, il faut reconnaître que Glen Benton parvient encore, après 35 ans de Death Metal, à sortir un album plus que recommandable. Pas suffisamment bon pour truster le top 10 de l’année, mais largement assez bon pour ne pas égratigner la carrière du groupe.

7/10

Facebook officiel

(Reigning Phoenix Music / 2024)
1. From Unknown Heights You Shall Fall 2. Doomed to Die 3. Sever the Tongue 4. Faithless 5. Bury the Cross… with Your Christ 6. Woke from God 7. Ritual Defied 8. Failures of Your Dying Lord 9. Banished by Sin 10. A Trinity of None 11. I Am I… a Curse of Death 12. The Light Defeated