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Slayer – Diabolus In Musica

Diabolus In Musica : (litt. « le diable dans la musique ») était le nom donné à la présence d'un intervalle de trois tons (aujourd'hui appelé triton). Cet intervalle (quinte diminuée ou quarte augmentée) engendre une attente ou tension pour l'auditeur, contrairement à une quarte ou une quinte parfaite qui produit un effet conclusif et apaisant appelé aussi résolution.

1998 : Slayer sort le bien nommé Diabolus In Musica. En effet, comme dans la définition ci-dessus, cet album engendre une tension pour l’auditeur, tant le produit proposé par Tom et ses comparses est différent de tout ce que Slayer a pu proposer auparavant. Depuis 1990 et Seasons In The Abyss, Slayer court après son succès, et bien qu’il soit parvenu à mieux négocier cette période que d’autres groupes de Thrash, Slayer n’est plus que l’ombre de lui-même, et ce Diabolus In Musica marque le moment où le groupe touche le fond musicalement.

Bon, la formulation est peut-être sévère, mais comment défendre cet album, même avec la meilleure volonté du monde ? Mis à part quelques exceptions notables (sur lesquelles je reviendrai dans un instant), Diabolus In Musica ne décolle pas. Pis encore, contrairement à Seasons In The Abyss (l’album le plus long du groupe, avec 42 minutes au compteur), il se traîne péniblement, et les rares fulgurances ne parviennent pas à masquer l’ennui. Pour faire simple : avec les bons morceaux, Slayer aurait pu se contenter d’un EP 4 titres : « Bitter Peace », « Death’s Head », « Stain Of Mind » et « Point », soit les 3 premiers et le dernier morceau. Le reste ? Du remplissage pataud et pas inspiré.

Avec Diabolus In Musica, Slayer nous livre son seul album vraiment mauvais de son histoire. 4 bons morceaux sur 11 (12 si l’on compte « Wicked », le bonus), cela fait très léger. Heureusement pour nous, cet accroc resterait (du moins, à l’heure où j’écris ces lignes) un accident de parcours unique, et l’effort suivant allait remettre les pendules à l’heure de la plus belle des manières.

Mister Patate (03,5/10) 

Site officiel : www.slayer.net
Myspace officiel : www.myspace.com/slayer

American Recordings / 1998
Tracklist (40:19) 1. Bitter Peace 2. Death's Head 3. Stain of Mind 4. Overt Enemy 5. Perversions of Pain 6. Love to Hate 7. Desire 8. In the Name of God 9. Scrum 10. Screaming from the Sky 11. Point

 

Slayer – Undisputed Attitude

1996 : le Thrash n’est pas au mieux de sa forme, loin de là. Metallica, Anthrax, Megadeth, Kreator… Tous sont, à des niveaux divers, dans le creux de la vague et courent après leur gloire d’antan. Et Slayer, dans tout cela ? Eh bien, Slayer prend le monde du Thrash à contrepied avec une idée assez étonnante : un album de reprises punk. Voilà qui a dû en surprendre plus d’un il y a 15 ans ! Au-delà de la surprise, une question s’impose : cet album n’est-il qu’un petit bonus sympa, un à-côté rafraîchissant dans la discographie ou y mérite-t-il sa place au même titre qu’un Divine Intervention ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître : ABSOLUMENT ! Certes, le style pratiqué ici par le groupe est à mille lieues d’un Reign In Blood, mais ce constat s’applique aussi à un Divine Intervention ou à un Diabolus In Musica. Par ailleurs, même s’il ne s’agit au final que de punk sur 13 des 14 morceaux, Slayer y apporte sa touche personnelle, son énergie. Prenez « I’m Gonna Be Your God », réinterprétation d’un des classiques des Stooges. Ici, le Lézard est remplacé par un crocodile affamé qui attaque toutes dents dehors et le propos se fait plus incisif, plus agressif. Slayer ne se contente pas de reprendre les morceaux, il leur insuffle une nouvelle vie. Chaque plage est courte et percutante et, s’il ne s’agit pas du bon vieux Thrash de Tom & Cie, Undisputed Attitude n’en reste pas moins un bon album. En guise de cerise sur le gâteau, « Gemini », seule véritable chanson de Slayer, vient clôturer l’album sur une note bien plus sombre, plus rampante. Du punk, on passe presque au Doom, ou plutôt à ce que donnerait le Doom si Slayer s’intéressait vraiment au genre et l’adaptait à sa musique.

Undisputed Attitude n’est pas un album de Thrash… et pourtant, il figure en bonne place, à mes yeux, dans la discographie du groupe. Nous sommes en 1996, et malgré ce que disent les mauvaises langues, Slayer ne s’en sort pas si mal, certainement si on le compare à d’autres représentants du Big 4 pour qui 1996 a marqué le début d’une très très longue traversée du désert…
 

(07/10) Mister Patate

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American Recordings / 1996
Tracklist (32:54) 1. Disintegration / Free Money (Verbal Abuse cover) 2. Verbal Abuse / Leeches (Verbal Abuse cover) 3. Abolish Government / Superficial Love (T.S.O.L. cover) 4. Can't Stand You 5. Ddamm 6. Guilty of Being White (Minor Threat cover) 7. I Hate You (Verbal Abuse cover) 8. Filler / I Don't Want To Hear It (Minor Threat cover) 9. Spiritual Law (D.I. cover) 10. Mr. Freeze (Dr. Know cover) 11. Violent Pacification (D.R.I. cover) 12. Richard Hung Himself (D.I. cover) 13. I'm Gonna Be Your God (The Stooges cover) 14. Gemini

 

Slayer – Divine Intervention

1994 : Slayer n’a plus rien à prouver. Depuis ses débuts, chaque album a été une réussite et, non content d’avoir livré une discographie aussi solide, il s’offre le luxe de sortir en 1991 un de ces albums live légendaires, le monstrueux Decade Of Aggression. Toutefois, le vent a entre-temps tourné : Dave Lombardo, cœur battant du groupe, quitte le navire et ce départ marque une rupture dans la carrière du groupe. Pour le remplacer, Paul Bostaph, qui officiait jusqu’alors au sein de Forbidden. Par ailleurs, la barre ayant été mise si haut avec Seasons In The Abyss, on voyait mal Slayer réitérer l’exploit de nous sortir un album majeur. L’inquiétude était donc de mise.

Et pourtant, Divine Intervention, sans véritablement parvenir à s’approcher du génie de son prédécesseur direct, comporte son lot de morceaux implacables. Tout d’abord, il y a ce « Killing Fields » en entrée. Certes, il n’a pas la force de frappe d’un « War Ensemble », mais il ouvre les hostilités de manière efficace. Ensuite, il y a « Dittohead » : 2:30 de haine crachée à la face, une avalanche presque punk, ce solo typiquement slayérien, et ce bon vieux diable de Tom qui hurle « Nothing To Regret ». Ce morceau prend par les burnes, il secoue les tripes et nous ramène quelques années en arrière quand la machine à claques Slayer pondait des brûlots courts et abrasifs. Mais cette rage est rapidement tempérée par le morceau éponyme, 5 minutes posées, réfléchies, presque progressives. Slayer souffle ici le chaud et le froid, alterne assauts virulents et mid-tempos pesants. Cependant, cette fois, Slayer peine à trouver un équilibre et nous propose un album quelque peu bancal, où les transitions ont du mal à se faire.

Divine Intervention est assez loin derrière ses prédécesseurs. Toutefois, en le remettant dans son contexte (n’oublions pas que le Thrash, à l’époque, n’était plus aussi prisé et que les autres groupes du genre, contrairement à Slayer, peinaient à gérer ce revirement de situation), cet album reste plus que correct. Moins bon que Seasons In The Abyss ? Oui, clairement, mais Slayer avait touché la perfection du doigt sur cet album, il était très peu probable qu’un groupe frappé par un important changement de line-up répète cette performance. Nous sommes en 1994, Slayer a limité les dégâts, les années difficiles ne font que commencer…

Mister Patate (06,5/10)
 

Site officiel : www.slayer.net
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American Recordings / 1994
Tracklist (36:33) 1. Killing Fields 2. Sex, Murder, Art 3. Fictional Reality 4. Dittohead 5. Divine Intervention 6. Circle of Beliefs 7. SS-3 8. Serenity in Murder 9. 213 10. Mind Control