Archive for the ‘ Live Reports ’ Category

Cette dernière journée à l’Alcatraz nous propose un menu copieux et varié. C’est sous un soleil de plomb que nous débarquons à Courtrai pour enquiller quelques heures de bonne musique…

13H45. DAD (comprendre Disneyland After Dark) arrive sur une Prison Stage accueillante. Mieux encore, le public est nombreux pour célébrer ces vaillants Danois. En grande forme, ils enchaînent les tubes hard-rock pour le plaisir de tous. Jesper Binzer possède un sacré brin de voix et taquine le public. Ses acolytes sont dans la même veine, particulièrement Stig Pedersen et sa fameuse basse à deux cordes. Ce concert extrêmement fun, mais bien trop court, se termine en apothéose avec les tubes « Bad Craziness » et « Sleeping my day away ». Il nous fait aussi nous poser cette question : pourquoi ce groupe n’a-t-il jamais obtenu le succès qu’il méritait ?

Un concert de Gaerea est une expérience sensorielle, visuelle, immersive. Le groupe portugais nous le démontre en sept titres (dont les titanesques « The poet’s ballet » et « Laude ») tirés de l’ensemble de son œuvre. Son post black-metal (à cagoule) transcende le public. Une belle puissance se dégage de ce set. Guilherme Henriques a une forte présence et se déplace tel un insecte chassant sa proie. C’est du grand art… noir évidemment.

Vieux thrasheur que j’aimais, c’est à ton tour de passer. Forbidden est de retour sur la Prison Stage. Et le résultat est PER-CU-TANT! De la formation d’origine, il ne reste que le guitariste Craig Locicero et Matt Camacho à la basse. Mais les deux lascars ont recruté une belle équipe pour fêter leurs quarante années de thrash : Chris Kontos (ex Machine Head, Konkhras…), Dan Mongrain (Voivod) et Norman Skinner qui remplace Russ Anderson au chant. Tout le monde est heureux de jouer. Les guitares sont affûtées : Mongrain et Locicero offrent de jolis échanges. Skinner fait oublier son légendaire prédécesseur et insuffle une belle énergie à l’ensemble. Le concert se focalise sur les deux premiers albums et nous assistons à une excellente prestation qui se termine évidemment avec « Chalice of blood ». C’est impeccable.

Pig Destroyer s’est placé, dès le début de sa carrière, en haut de la chaîne alimentaire du grind. Sur la Swamp, il démontre par A+B qu’il en est de même sur scène. Le groupe de Scott Hull (Agoraphobic Nosebleed, Anal Cunt) nous inflige la bonne grosse fessée du jour. Cette déflagration ne laisse pas indifférent. En dix-neuf titres, les Américains offrent un grand moment d’ultra violence musicale. L’herbe ne repoussera pas.

Dope a toujours été un groupe de série B. Pas d’album marquant au compteur, une musique pas transcendante mais assez cool pour l’époque, et surtout un leader avec la bonne attitude (Edsel Dope). Bref, un groupe auquel, on ne sait pas pourquoi, nous nous sommes attachés. Dope est venu en Europe pour fêter les 25 ans de Felons and revolutionaries. C’est un bon prétexte. La formation enchaîne ses titres indus-metal avec conviction. Edsel, attitude gansta, harangue le public. Le groupe finit avec un quart d’heure d’avance sur le timing avec « la plus stupide chanson que vous ayez entendue »: la reprise attendue de « You spin me ‘round (like a record » de Dead Or Alive. Conclusion : Dope est un joli groupe de branleurs.

Tsjuder respire la haine par tout les pores. Le trio norvégien nous assène un black-metal violent, rude, abrupte. Il est une des incarnation les plus pure du genre. Et là où il passe, la plupart trépassent. Sous la Swamp, nous assistons à un show d’une virulence incroyable où qui nous emmène dans un maelstrom de noirceur. Beaucoup n’en sortirons pas indemnes. Tsjuder nous a offert une prestation totale, définitive.

Nous n’attendions pas grand chose de la prestation de Downset, groupe reformé autour du seul membre originel, le guitariste Rogerio Lozano. Mais, cette saloperie nommée « nostalgie » n’a pas pu nous empêcher de nous diriger vers l’Helldorado avec l’espoir de beugler leur hit-single« Anger ». Bien nous en a pris car la prestation du quartet de L.A. a été gigantesque. Une rafale de tubes rap-metal du plus bel effet avec pas mal de titres tirés de l’excellent Check your people (« Play big, « Pure trauma »…). Les gamins accompagnant Lozano sont motivés et font honneur à l’héritage du groupe. Comme nous, l’Helldorado est en feu.

Borknagar envoûte une Swamp quasi complète. Le groupe de Øystein G Brun délivre une grande prestation. Le black folk pâgan prog (pour faire simple) s’écoute avec attention. Nous fermons les yeux et nous nous retrouvons dans le grand Nord, au sommet des montagnes de Norvège. Musicalement, c’est la panacée. L’alternance vocale entre Lars A. Nedland (aussi aux claviers) et ICS Vortex est cohérente et apporte un vrai plus. L’excellence des musiciens n’est plus à prouver. Le tout est évidemment sublime. Borknagar est un grand groupe.

C’est un Prong en petite forme que nous retrouvons sous l’Helldorado. Mais, même à demi régime, Tommy Victor y croit et balance une palanquée de titres imparables. « Beg to differ » et « Unconditional » ouvrent le bal pour le bonheur des fans. Mais le set se déroule de façon trop pépère malgré quelques bons moments (« Broken peace » et « Prove your wrong »). En fin de parcours, le trio joue ses derniers jokers. « Whose fist is anyway » et « Snap your fingers, snap your neck » font remuer l’assistance avant « However it may end ». Concert sympa, mais nous attendions plus d’enthousiasme de la part de Victor et de ses acolytes.

La nuit tombe. C’est le moment où Dimmu Borgir décide d’investir la Prison stage. Le groupe a mis les moyens : lights, fumées, décors, tout en met plein la vue. Shagrath arrive en maître de cérémonie. Le groupe entame « Puritania ». Le spectacle est total, notamment avec les morceaux phares (« Stormblåst », « Progenies of the great apocalypse »…). Dimmu Borgir retrouve sa superbe après quelques années moins marquantes. Alors que nous nous éloignons pour rejoindre la Swamp, le sublime « Mourning palace » résonne à nos oreilles, attestant du retour gagnant des Norvégiens.

Emperor est un grand groupe. Sur la Swamp, il le prouve encore en offrant une série de titres imparables (« Curse you all men », « I am the black wizard », « Cosmic keys to my creations and times »…). Sans surprise, l’interprétation est parfaite. La formation maîtrise sa partition du bout des doigts. Les riffs de Samoth nous transpercent tandis que la voix d’Ihsahn nous entraîne dans l’univers noir du groupe. Véritable pilier d’Emperor, le chanteur impose le respect avec son attitude habitée. Il n’oublie pas de jouer la plus grande chanson du répertoire d’Emperor, le belliqueux « Inno a satana ». Et clôture avec « Ye Entrancemperium » qui met tout le monde d’accord. Notre première visite à l’Alcatraz est terminée. On ne passe pas après Emperor.

Nico.

Site Officiel: https://www.alcatraz.be

Les galeries photos du festival sont ici.

 

L’Alcatraz Festival existe depuis 2008. Basé depuis 2013 à Courtrai en Belgique, il se distingue avec une programmation éclectique. Indus, Thrash, Death, Heavy, Grind, tout y passe dans un cadre sympathique et assez bien organisé. Le public ne se marche pas dessus car la jauge est raisonnable : 60000 personnes en 2025. C’est un grand succès pour les organisateurs. Metalchroniques a donc décidé de s’intéresser à ce festival qui ne cesse de gagner en notoriété.

Between the buried and me prend place sur la scène Helldorado. Leur mélange de prog, de death, d’alternative rock et de metalcore trouve preneur auprès d’une assistance attentive. Cette musique passionnante envoûte. En six titres (dont l’exaltant « The coma machine » tiré de Coma ecliptic), les Américains donnent une prestation à la hauteur de nos attentes : technique, intéressante et gorgée de feeling.

Depuis la sortie de Theories of emptiness, Evergrey enchaîne les tournées et ravive les souvenirs d’un temps où il prétendait à bien plus que maintenant. La prestation de ce jour est plutôt cool (« Falling from the sun ») malgré une setlist, festival oblige, faisant l’impasse sur quelques indispensables (quid de « The masterplan » et « Recreation day »?) C’est très pro, mais l’on sent que le groupe de Tom S Englund est en pilotage automatique. Hormis l’enthousiasme débordant de Henrik Danhage aux guitares, nous en attendions un peu plus.

Psycroptic, groupe de tech/death australien, déboule sur la Swamp, la scène consacrée aux musiques extrêmes. Basique, le groupe tabasse avec conviction, il est précis et frappe là où ça fait mal. Maintenant, quant à y trouver de l’intérêt, c’est une autre histoire…

Drowning Pool débarque sur la Prison Stage au son du « I was made for loving you » de Kiss. Le quatuor nous offre un show efficace et musclé. Son néo/metal moderne fait le taff, les tubes s’enchaînent. le groupe se permet même une mignonne reprise de « Rebel Yell » de Billy Idol. C’est carré, très ricain dans la façon d’être. Le quatuor clôture son set avec l’inévitable tube « Bodies » où le public scande les paroles jusqu’à plus soif.

Direction la Swamp où Vader prend d’assaut la scène pour un set dédié à l’album Litany. Piotr Paweł Wiwczarek, taulier de Vader, a l’assurance de ceux qui ont tout traversé. Nous le sentons prêt à en découdre ; nous n’avons pas tort. L’ensemble de la prestation charrie une puissance de feu énorme. Ici, tout n’est qu’agression et violence. L’affaire se termine avec un hommage à Ozzy et une version gargantuesque du morceau « Black Sabbath ». Après tant d’années à arpenter les routes, Vader reste une référence et impose encore aujourd’hui une seule chose : le RES-PECT !

Grosse affluence pour le « retour » de Nailbomb sur la Prison Stage. Retour est un bien grand mot, parlons plutôt d’exploitation du passé par notre bon Max Cavalera. Ce que le Brésilien fait depuis au moins une dizaine d’années. Contre toute attente, Cavalera s’en tire avec les honneurs. Les « Wasting away » et autres brûlots nous foutent une bonne claque. Même sans Alex Newport.

Suffocation est un groupe qui n’a plus rien à prouver à personne. Ce vétéran, chantre du death-metal option poids-lourd, ÉCRASE littéralement le public de la Swamp avec une sélection de classiques bien sentis (« Pierced from within », « Breeding the spawn »). Terrence Hobbs et ses acolytes tricotent riffs mortels et breaks assassins. Ricky Myers est le digne successeur de Frank Mullen. Conclusion : Suffocation c’est du SOLIDE !

Quand Doro arrive sur la scène principale, la foule est nombreuse et accueille la chanteuse avec ferveur. Généreuse, Doro et son groupe le leur rendent bien. L’enthousiasme est général. Nous avons droit à une série ininterrompue de hits, que ce soit ceux de Warlock (« I rule the ruins », « Burning the witches », « All we are »…) où de sa carrière solo (« Raise your fist in the air »…). Le public, heureux, chante à tue-tête ces hymnes 100 % heavy-metal. C’est l’un des concerts de la journée qui laisse notre voix dans un piteux état.

Extreme est un excellent groupe. Que ce soit sur disque où sur scène, les gars de Boston ont toujours visé juste. Que s’est-il donc passé ce soir sur la Prison Stage ? Après un départ en fanfare (« It’s a monster », « Decadance dance »), le groupe se ratatine au fil des morceaux… Au point de foirer un « More than word » attendu. Il faut dire que le public est assez timoré, ce qui visiblement agace Nuno Bettencourt… Peut-être que le groupe était trop haut sur l’affiche ? Y-a-t-il eu des problèmes en interne ? Bref, c’est un jour sans pour Extreme. Quoiqu’il arrive nous continuons de les aimer plus que de raison.

Swamp. 22H30. Candlemass prend possession de la scène. Pas de répit, après l’intro de rigueur, les Suédois nous offrent d’entrée un « Bewitched » clinquant ! Candlemass est en forme et délivre une suite de titres imparables. Les musiciens ferraillent dur, Johan Längquist est particulièrement en voix. C’est du tout bon. Les classiques « Mirror, mirror », « Crystal ball » ou les plus récents « Sweet evil sun » et « Under the oak » sont célébrés comme il se doit, avec pour conclusion l’indispensable « Solitude ».

Finir une journée de festival avec Obituary est un bonheur. Les jambes sont usées, la fatigue est à plus 200 %, les paupières sont lourdes. Et pourtant le miracle se produit à chaque fois. Dès les premiers accords du mythique instrumental « Redneck Stomp », nous retrouvons énergie et vigueur. C’est l’effet Obituary. L’enchaînement fatal « Threatening skies »/ »By the light » terrasse le public de la Swamp. La suite consiste en une série de tubes ultra groovy (« Cause of death », « Chopped in half »…) portés par la voix unique de John Tardy. Le public sourit ; les pogos et slams se font dans le meilleur esprit possible. C’est l’euphorie. Nous terminons, joyeux, notre journée avec le classique « Slowly we rot ».

Nico.

Site Officiel: https://www.alcatraz.be

Galeries photos du festival sont ici.

Alcatraz Festival Open Air 2025 – 8 Août

Son : bon dans l’ensemble
Lights : jolis sur la grande scène et l’Helldorado, parfois à la limite de provoquer une migraine ophtalmique sur la Swamp Stage
Affluence : des dizaines de milliers
Ambiance : plutôt bienveillante, quelques rares trolls, avinés trop tôt, à signaler.

Enfin nous voilà à l’Alcatraz ! Un rendez vous manqué trop souvent, notamment en raison de vadrouille au fin fond de la Bavière pour le Summer Breeze (on n’avait qu’à faire les deux, me direz vous, je n’en disconviens pas, pendant que j’y pense envoyez la moula sur le compte – payez le tour du monde permanent des festivals du monde entier au Hamster – je me ferais une joie de vous faire une étude comparative des chiottes de tous les concerts de la planète).

Premier drame à l’arrivée, devoir choisir entre un Coffin Feeder survitaminé qui dévaste l’Helldorado ou enfin revoir 3 Inches Of Blood qui rend si bien hommage aux vénérables groupes de la British Wave of Heavy Metal. Finalement, ce seront les Canadiens gore qui auront notre attention. Le groupe remporte un succès mérité devant un public conquis. On rejette un coup d’œil à Coffin Feeder qui maltraite les conduits auditifs méthodiquement, on regrette ce chevauchement.
Pas le temps de trainer, Frayle est en train de se produire dans le petit chapiteau près de l’entrée, la Morgue. Le doom atmosphérique du groupe fait son effet et le chapiteau plein à craquer est ravi, noyé dans les foggers. Snot prend d’assaut la grande scène, mais la prestation du chanteur nous laisse de marbre. Une pensée pour Lynn Strait, décidément irremplaçable.

On s’installe au frais dans la Swamp Stage, dont la programmation de haute tenue incite à élire ici mon nouveau terrier. Winterfylleth va livrer une prestation à la hauteur de sa solide réputation sur scène. Set list : First Light / Dishonour Enthroned / To The Edge of Tyranny / The Reckoning Dawn / A Soul Unbound / A Valley Thick With Oaks / Whisper of the Elements.
Wednesday 13 s’empare de la Prison Stage devant un public plus fourni, qui ne manque pas de se remuer avec les titres metal à la sauce années 80, délivrés par le groupe sûr de son fait. La fiesta, un poil sombre, passe bien l’épreuve de la scène.

La nostalgie est à son comble sur la Prison Stage quand arrive Phil Campbell & The Bastard Sons dont la setlist rend hommage à Motörhead, né 50 ans plus tôt. Les fans du groupe sont massivement présents et les titres bien exécutés avec un public ravi.  Il est temps de retourner dans la Swamp Stage, où le public s’époumone sur Take On Me de AhA, ce qui n’est pas la meilleure façon de se préparer à la déferlante qui va suivre. On est rapidement remis à notre place par des fans bataves aussi grands que torchés (alors qu’il n’est que 17h20) qui bousculent tout ce qui les séparent de la scène. Un Dying Fetus en forme livre alors un set envoûtant déconseillé aux plus fragiles.

La grande scène accueille Wind Rose, des italiens qui se prennent pour des nains perdus dans la Moria et qui chantent leur amour de creuser des trous. Visuellement amusant, sur le plan auditif, le Pavarotti / Demis Roussos qui fait office de frontman n’est pas des plus convaincants. On subit les assauts auditifs d’Absu, on jette une oreille à Wasp qui nous convaincra de nous en éloigner, pour enfin subir les assauts auditifs d’un Dark Angel percutant sur la Swamp Stage. On testera ensuite avec plaisir les gradins pour assister à une belle prestation de Mastodon sur la Prison Stage (quoiqu’en dise Brent, qui a bien du mal à digérer son éviction du groupe).

Viendra pour nous le point culminant de la journée avec Hypocrisy sur la Swamp Stage qui va sauter à la gorge du public et ne pas le lâcher jusqu’à la fin de son set intense. End of Disclosure / Left to Rot Play / Chemical Whore /  Inferior Devoties / Fire in the Sky / Buried / Let the Knife Do the Talking / Eraser / War-Path / Fractured Millennium /Adjusting the Sun / The Gathering /Roswell 47.

Après le rouleau compresseur suédois au sommet de son art, on a beaucoup de mal à être convaincu par Kreator sur la grande scène qui se donne du mal à prouver qu’il est bien une tête d’affiche, si Mille pouvait être un poil moins bavard pour commencer, ce serait déjà un bon point. Certes Violent Revolution est une bonne entrée en matière mais l’intensité n’est pas marquante.  Il a fallu trancher une dernière fois entre deux groupes, désolé pour les norvégiens de Slomosa qui avaient l’air de secouer la Morgue, on a opté pour Abbath. Un set totalement immortel, pour le grand plaisir des fans. Set list : Withstand the Fall of Time / Sons of Northern Darkness / In My Kingdom Cold / Beyond the North Waves / All Shall Fall / One by One / Damned in Black / Mountains of Might / The Call of the Wintermoon / Blashyrkh (Mighty Ravendark) / The Sun No Longer Rises

La première journée se termine avec un bilan déjà très positif pour un festival accueillant et bien organisé.