Archive for the ‘ Live Reports ’ Category

Hellfest 2023: Jeudi 15 Juin

Après la double édition gargantuesque de 2022, nous voici de retour au Hellfest pour quatre jours de musique. Niveau infrastructures, quelques changements sont à noter : la Valley est transférée (sous l’égide de la roue de Charon, une attraction importée du Burning Man) près de la Warzone pour une meilleure circulation. Elle est remplacée par un temple gargantuesque, The sanctuary, où le fan du festival peut se repaître dans le merchandising de son évènement préféré. A chacun de penser ce qu’il en veut. Mais l’endroit n’a jamais désempli jusqu’à un sold-out prévisible. Niveau musique, on ne change pas les habitudes. Le menu est copieux.

Mainstages :

Code Orange donne le coup d’envoi du festival avec un concert énergique annonçant la sortie du futur Under my Skin. Et malgré un guitariste absent, le groupe délivre une prestation solide. Mais, le public, étrangement, se déhanche timidement. Un bon en-cas qui annonce une suite plus consistante.

Generation Sex, conglomérat d’anciens Sex Pistols accoquinés avec Billy Idol (ex Generation X), déçoit. Le premier tribute band du festival se prend les pieds dans le tapis avec des versions ankylosées de classiques pourtant certifiés. Quelques bons moments malgré tout (oui, « Dancing with myself »), mais avouons-le ; nous aurions largement préféré un concert solo de Billy…

In Flames a traversé une période trouble. Albums pas folichons, réinterprétation honteuse de leur classique Clayman. Résultat, le groupe ne joue plus en tête de gondole mais en plein après-midi. Foregone, dernier album en date, a pourtant redonné espoir à ses nombreux fans. Comme revigoré, In flames livre une prestation solide à base de tubes (« Behind space », « Cloud connected », « The mirror truth »…). L’interprétation est impeccable (à noter la présence du revigorant Liam Wilson – ex Dillinger escape plan – à la basse). Les Suédois sont de retour.

Galvanisé par une tournée en première partie de Metallica, Architects vient prouver qu’il a l’étoffe d’une tête d’affiche. Banco ! Les Britanniques le prouvent avec ce concert dantesque. Le groupe de Sam Carter pulse et groove comme jamais (« Black lungs »). Les tubes sont distillés à un public ultra réceptif. En fin de show, le groupe décoche deux dernières atouts (« When we vere young », « Animals ») qui finissent de convaincre : s’il continue de la sorte Architects sera un des grands groupes de demain.

Kiss est en pré-retraite et présente son cirque ambulant pour la dernière fois à Clisson. Tout le décorum habituel est là et la palanquée de hits plaqués or aussi. « Cold gin », « Psycho circus », « I was made for lovin’ you », « Heaven on fire » composent le tour de piste final ; dans une orgie de flammes et de confettis. Si Stanley est aidé par des bandes enregistrées, il reste malgré tout une bête de scène tout comme son acolyte Gene Simons.

Altar:

Sous l’Altar, Candlemass offre un concert de patrons. En démarrant son set avec un superbe « Mirror, Mirror » la bande de Leif Edling se met le public dans la poche. Les Suédois maîtrisent leur sujet. Même si la soixantaine pointe le bout de son nez, le groupe est en pleine forme. Scéniquement comme musicalement. La setlist est parfaite (l’obligatoire « Solitude », « Crystal ball », « Bewitched »), la musique aussi. Et quelle bonne idée d’avoir rapatrié l’excellent Johan Längquist au chant. Il apporte avec lui une présence forte vraiment rock’n’roll. On en oublie ses nombreux prédécesseurs.

Valley :

Today is the day est un groupe qui se fait rare en Europe. Et quand Steve Austin daigne nous rendre visite, on accourt sans plus attendre. Le contrat est rempli. Steve est à la hauteur de sa réputation : dingue, psychotique, tordu. Hélas, une longue panne vient entacher cette prestation. Pas grave, nous avons vu une légende en action (sans parler de ce « In the eyes of god mythique).

Warzone :

Grand gagnant du tremplin Hellfest, Kamizol K débarque sur la zone de guerre. Les Lyonnais ont tout à prouver. Frontal, le sextet donne dans le hardcore vigoureux ! Le public provoque les premiers mosh pits du festival. Le groupe redistribue l’énorme dose d’énergie dégagée par une foule conquise. En quarante trop courtes minutes, les Lyonnais installent leur nom sur l’échiquier du hardcore made in France. Et quelque chose nous dit que à l’instar de pas mal de groupes ayant inauguré la warzone, le meilleur est à venir pour Kamizol K.

Après un hiatus de quelques années, Fishbone revient fouler les planches européennes et clôturer cette première journée. Tant mieux, les Californiens nous avaient manqués. Malgré une heure tardive, la bande à Angelo Moore et Norwood Fisher va à l’essentiel. « Party ground at zero » & « Ma and Pa » font toujours leur petit effet. « Bonin’ in the boneyard » fait remuer les popotins. Angelo a l’air d’être sur la réserve mais donne beaucoup plus que la majorité des jeunes chanteurs actuels. L’énergie est constante et le show se finit avec l’inespéré « Servitude » qui a été rarement joué ces dernières décennies. Fishbone est donc de retour. Et rien que l’écrire, ça fait du bien.

Nico.

Les photos de cette première journée se trouvent ici.

Hellfest: https://hellfest.fr/

Nous sommes ici pour célébrer les vingt printemps de cette institution des Pays de Loire : le Muscadeath… Un pèlerinage quasi obligatoire pour qui aime les musiques extrêmes.

Vendredi 30 Octobre 2022 :

Cette première journée est consacrée au black-metal et divers assimilés.

Le festival commence bien avec Lunar Tombfields. Le quatuor distille un black atmosphérique exigeant. A l’image de son premier album The eternal harvest, cette prestation intense est de qualité, même si beaucoup trop courte et avec un public clairsemé. Elle donne envie de les revoir au plus tôt.

Nous passons sous silence le concert de Gotholocaust qui n’apporte rien d’intéressant. Focalisons-nous sur Ritualization. En terme de blackened death-metal, c’est le maître des lieux. Warchangel (chant) déborde de charisme et emmène avec vaillance ses troupes au combat. Ritualization propose une musique crue et sacrément violente. On ressort de cette prestation soufflé par tant de haine.

Quel bonheur de voir enfin Misanthrope fouler les planches du Champilambart. Si le groupe de SAS de L’argilière joue du metal extrême, il a toujours été difficile à identifier. Sa musique reste unique. Adorée ou détestée, il n’y a pas de demi-mesure possible. Ce soir, le public célèbre le groupe comme il se doit avec l’album Immortel occupant une grande partie de la set-list. Le groupe est en grande forme ; l’interprétation est parfaite, professionnelle. Comme d’habitude. Le concert se termine avec l’inoxydable « Bâtisseur de cathédrales » que le public chante avec ferveur. On ne peut qu’approuver.

Belenos est attendu. Le public est impatient d’entrer à nouveau en communion. C’est l’heure des retrouvailles après quelques années. Bien que néophyte, j’apprécie ce grand concert dont je ne connais aucun morceau. Va falloir s’y mettre… Avec quelques années de retard.

C’est au tour de Marduk de clore les festivités du jour. Tout un programme… destruction et désolation. Il n’y aura pas de cadeau. Le groupe de Morgan et Mortuus nous offre une prestation de haute voltige. Le black haineux des Suédois distille une ambiance de chaos, toujours au bord du gouffre. Mortuus n’apprécie toujours pas les slammeurs osant fouler SA scène ; mais semble « sympathiser » avec les premiers rangs. Même si le groupe ne cesse de changer ses membres Marduk reste un grand nom du black-meta ; l’un des rares à ne pas s’être fourvoyé. Rien que pour ça, il mérite notre respect éternel. Marduk nous a offre un grand concert. Une fois encore. C’est une belle conclusion pour ce premier jour de festival.

Samedi 1er Octobre 2022 :

Jetez nous des pierres, nous avons raté les premiers groupes de cette seconde journée.

Nous sommes arrivés pendant le concert de Inhumate, où ces derniers se sont employés à retourner un public chaud comme la braise. Christophe Knecht (chant) est un fou furieux, aussi dingue que généreux. Un vent de folie punk/grind souffle tout au long de cette prestation fiévreuse.

Après avoir fait l’impasse sur Destinity et son death mélodique, direction Mercyless, après une visite coûteuse du marketplace (Epidemia records, Les éditions des flammes noires, Adipocère, les Nantais de Frozen records, etc.). Les lumières s’éteignent, l’habituel thème musical de « La malédiction » résonne… « Ave satani »… Quelques secondes de silence… Le rituel est respecté… Puis Mercyless déboule pour une leçon de death-metal dans les grandes largeurs. Max Otero impressionne. Il fait son boulot de frontman. Les années n’ont pas de prise sur lui et sa musique. Les classiques sont là, le groupe tabasse. Que demander de plus ? Une suite au brillant The mother of all plagues, évidemment.

Avec Benighted, pas de surprise. On sait que l’on va passer un excellent moment durant lesquelles la brutalité se mêlera à une « poésie » tordue (« Mom, I Love You the Wrong Way »). Ce groupe au line-up à géométrie hautement variable ne déçoit jamais. Mené par le sympathique Julien Truchan, il dévaste tout sur son passage. Le public remue et célèbre le quatuor sur ses morceaux phares (« Let the blood spill between your teeth »).

Ce soir Loudblast regarde dans le rétro. Au programme, l’intégralité de son album culte Disincarnate. Stéphane Buriez est souriant et c’est communicatif. Ses acolytes se font autant plaisir que lui ; il se dégage une sensation d’unité retrouvée. Le bonheur du quartet se propage dans l’assistance. C’est un succès. Pour continuer sur cette belle lancée, nous formulons un vœu pour la prochaine tournée : qu’un set soit consacré à Sublime Dementia.

Pour le final de ce menu best of +, le Muscadeath a une nouvelle fois convié les Britanniques de Benediction. L’un des meilleurs concerts de la journée. Le quintet a effectué un retour en force avec son dernier album, Scriptures. Sur scène, l’enthousiasme de Dave Ingram (chant), Darren Brookes et Peter Rew (guitares) contamine un public qui, malgré l’heure tardive, en redemande. Benediction a du savoir-faire et le prouve. Les classiques sont joués de belle manière ; le charisme de Dave Ingram rayonne à des kilomètres à la ronde. C’est la parfaite conclusion d’un festival qu’il nous tarde de retrouver l’année prochaine.

Bien évidemment nous adressons un grand merci à Benoît, à Carnage Asso et à tous les bénévoles qui font du Muscadeath une réussite.

Nico.

Après trois jours de pause bien méritée, nous reprenons notre dose de musique pour cette dernière journée (en ce qui nous concerne) du Hellfest 2022.

Jeudi 23 Juin 2022 :

Les valeurs sûres :

Alors qu’il remplit les salles en Grande-Bretagne, Thunder n’est pas vraiment connu en France. Dommage, car le groupe délivre un bon vieux hard-rock des familles. Classique, racé, bien formaté pour une Mainstage à 17h. En trois trop courts quarts d’heure, les Britanniques font le job et jouent les sept morceaux les plus évidents de leur répertoire (« Higher ground », « The devil made me do it »…). C’est très plaisant de voir ces vieux briscards arpenter la scène avec enthousiasme. Danny Bowes (vocaux) fait tourner sa boutique à plein régime et termine ce tour de chant avec LE tube de Thunder, « Dirty love ». Le contrat est rempli.

David Coverdale est un vieux de la vieille. Dans les années 90, il se faisait déjà traiter (par Mike Patton) de « vieux croûton ». Trente ans plus tard, il est encore là à ferrailler un farrewel tour qui, de par le fait, n’en finit pas. Pas mal pour une relique. Mais Coverdale est un personnage généreux, avenant et bougrement charismatique. Le voir bouger sur scène, se donner à son public est réjouissant. Et peu importe le chant parfois trop juste, nous sommes prêts à pardonner ces quelques écarts dus au temps qui passe. La set-list est à l’image du bonhomme : elle offre au public ce qu’il est venu chercher : de la pépite hard-rock 80/90’s. « Slide in it », « Crying in the rain », « Is this love », « Here I go again », il n’en manque aucun. C’est un bonheur. Et petit bonus final, la venue de Steve Vai sur « Still of the night ». Whitesnake tire sa révérence d’une bien belle façon. Bravo !

La nuit commence à tomber quand Helloween version « Pumpkins united » débarque à toute berzingue sur la Mainstage 2. Ce line up de rêve (Weikath, Deris, Kiske, Hansen…) est en grande forme. Cette reformation inespérée est un bonheur de chaque instant. Niveau chant, Andi Deris et Michael Kiske se complètent à la perfection. Le combo Michael Weikath+Kai Hansen+Sascha Gerstner nous offre de belles envolées de guitares. Les gars prennent du plaisir et ça se voit. Pour preuve, Weikath, bougon comme à l’habitude, a même esquissé un sourire.

Kai Hansen a droit à son moment de gloire (« Metal invaders »/Victim of fate »/« Gorgar »/ »Ride the sky »). L’ensemble fonctionne du tonnerre de Dieu.
Helloween n’est pas avare et sert sur un plateau des morceaux de choix : « Eagle fly free », « Dr Stein », « Power », « Future world » ; le dernier album n’est pas oublié avec l’excellent « Best time ». Seul bémol, une version longue de « I want out » incluant des rythmiques reggae. Nous aurions préféré que ce tube soit joué de façon plus classique, mais nous pinaillons. En tous cas, nous avons assisté au grand concert heavy-metal de la journée. Du grand art.

Jerry Cantrell, bizarrement, est programmé à une heure du matin. Cela n’entache pas son enthousiasme, ni celui des spectateurs : la Valley est bondée. Alors que son dernier album est difficilement trouvable, le guitariste/chanteur ne se complique pas la vie. Pas moins de 10 titres d’Alice in chains sont joués. Facile.
Mais qui dit Alice in chains dit voix doublées. Cantrell se paye donc le luxe de s’offrir les services de Greg Pucciato (ex Dillinger Escape plan) pour l’accompagner dans l’interprétation de ces classiques (« Check my brain », « Them bones », « The rooster »…). S’il n’égale en rien Layne Stayley, ni William Duvall, Pucciato fait le boulot avec assurance.

Si l’ensemble est enthousiasmant, net et sans bavures, il nous fait poser une question : pourquoi ne pas avoir rappelé ses compères d’Alice in chains ?

L’espoir :

Zeal & Ardor prend lieu et place sous une Temple bondée. Normal, le groupe a un des meilleurs albums de l’année en cours. Son mélange de gospel/électro/black metal a un rendu beaucoup plus brut qu’en studio. Ce n’est pas plus mal. On se surprend donc à redécouvrir ces relectures live qui diffèrent des originaux (« Death to the holy »…). Manuel Gagneux est magnétique et ses acolytes sont démonstratifs. Ils sont très motivés. Le public réagit positivement et célèbre cette musique riche et originale. C’est mérité.

La déception :

Il n’y a pas si longtemps, Scorpions donnait encore des concerts de bonne facture. Certains passages irritaient, mais globalement le groupe se montrait encore digne de son statut. Ce soir, ça n’est plus le cas. Si musicalement, Shecker, Jab et les autres assurent, vocalement, c’est la Bérézina. Klaus Meine est à la ramasse. Sa voix chevrote et se casse bien trop souvent. Malgré tout le respect que nous portons au groupe, c’est le concert de trop.

Et pendant ce temps :

Tribulation met « La vie en Rose » en intro de son concert et roule en pilotage automatique ; Worst doubt en impose et casse quelques dents sur la Warzone ; le concert de Phil Campbell n’est vraiment pas passionnant…

Nico.

https://www.hellfest.fr/

Les photos de la quatrième journée se trouvent ici.