Archive for septembre, 2003

ANaturalDisasterRS-anathemaLe bateau n'a toujours pas sombré, voguant au gré des tempêtes. Les avaries ont été nombreuses, entre querelles internes et reconnaissance du public assez limitée, Anathema n'a pas vraiment été gâté au cours de ce périple de bientôt 15 ans. Pourtant les joyeux drilles de Liverpool ont toujours été plébiscité par la presse. Ce n'est sûrement pas ce neuvième opus qui va changer la donne, car c'est une merveille. Une petite perle qui, espérons le, ne finira pas une fois de plus perdue au beau milieu de l'océan.

Premier constat, l'album est globalement beaucoup plus sombre que son prédécesseur, A Fine Day To Exit, avec lequel le groupe avait mis la barre à tribord, vers des horizons définitivement rock. A Natural Disaster est nettement moins immédiat, beaucoup plus torturé et nécessite plusieurs écoutes attentives avant de captiver l'auditeur. Pas vraiment de 'hits' sur cet album à part peut-être 'Flying', seule chanson comportant une ligne de chant 'dramatique' comme celles auxquelles Vinny Cavanagh nous a habitués sur des titres tels que ' One Last Goodbye ' ou ' Fragile Dreams '.
Certes, on est bien loin des premiers efforts doom-metal du groupe mais, et ce pour le plus grand plaisir des fans, A Natural Disaster est globalement beaucoup plus lourd voir parfois agressif que ce qu'on aurait pu attendre de la part d'un groupe ayant tellement évolué au cours des dernières années, nous y reviendrons dans le descriptif chanson par chanson, un descriptif nécessaire tant cet album est varié.
Comme une famille de nouveau soudée après un drame, le clan Cavanagh ( Vinny au chant et à la guitare, Danny à la guitare et Jamie à la basse, ainsi qu'une de leurs cousines sur un des titres ), toujours épaulé des fidèles John Douglas et Les Smith, respectivement batteur et claviériste, nous assènent donc une véritable bombe d'émotions profondes. Le tout sur une solide base rock planant agrémenté de metal.
La production , comme à l'accoutumée, est quasi-parfaite et l'artwork, somptueux. Les textes sont une fois encore intimes, touchants voir bouleversants. Que dire de plus si ce n'est qu'on peut retrouver sur cet album des éléments de tous les précédents depuis The Silent Enigma. Une façon d'évoluer positivement sans pour autant renier son passé.
Un palier de plus a été franchi vers le sublime. Espérons qu'ils en franchiront d'autres dans les 15 années à venir.

A Natural Disaster chanson par chanson :

Harmonium : Intro aux nappes de clavier envoûtantes, un beat sombre arrive progressivement avec la voix de Vinny et la guitare lead tout en larsens mélodiques de Danny, comme à l'époque d'Eternity. La chanson s'emballe en cours de chemin quand les grosses guitares et la batterie entrent en jeu. On assiste alors à un subtile jeu d'harmonies vocales, de riff lourd et de mélodie planante. Danny assure un contre-chant envoûtant sur ce titre. Une atmosphère qui peut rappeler le dernier The Gathering.

Balance : Dans la continué d'Harmonium, Balance est un titre en deux parties. Le calme avant la tempête. D'abord une progression assez planante rappelant Radiohead au niveau des lignes de chant puis l'arrivée des guitares saturées et une montée en puissance violente et déchirante qui se termine en une envolée vocale harmonisée caractéristique. Le solo de fin ne déroge pas à la règle : Une progression pour atteindre l'apothéose.

Closer : La fin de Balance se fond dans le début de Closer. Voici un titre absolument hypnotique, basé autours d'une ligne de clavier oppressante et, une fois de plus, une progression dans la densité du son. La voix est entièrement passée au vocoder, ce qui donne un côté légèrement electro au morceau. Et tout se fini dans une certaine fureur avec les guitares et la voix hurlée de Vinny, à la sauce ' Silent Enigma ' d'une certaine manière.

Are You There ? : Magnifique ballade principalement axée autours de la guitare acoustique et du clavier. Danny chante sur ce titre. sa voix , fluette, est beaucoup plus posée que celle de son frère et colle parfaitement à l'ambiance du titre. Le delay sur la caisse claire rend l'ensemble très planant et la mélodie de guitare rappelle un peu ' Angelica '.

Childhood Dream : Instrumental à la lourde signification cependant. Une nappe de clavier très grave en fond, des arpèges de guitare acoustique tristes et agrémentés d'une reverb glaciale. On entend un enfant jouer avec sa mère qui chante en fond. Une ambiance qui glace le sang…

Pulled Under At 2000 Metres A Second : Voici un titre parfaitement trouvé. Après une intro de basse cinglante et de chant scandé assez intimidant, on se retrouve littéralement projeté au sol par cette déflagration. Le tempo est endiablé, les riffs mélodiques mais inquiétants, et Vinny chante à s'en fendre le cœur sur le refrain qui reste gravé dans la tête dès la première écoute, notamment grâce à ce jeu d'écho si cher au groupe. Incontournable en live !

A Natural Disaster : Soyons francs, cette chanson est très influencée par Portishead. Ce ne sont pas la rythmique typiquement trip-hop et la guitare wah-wah qui me feront mentir ! Une cousine de la famille chante sur ce titre et force est de constater qu'elle à une voix sublime, assez soul dans l'esprit. Danny chante également à la fin

Flying : Voici donc le 'tube ' de l'album. Des couplets très Buckley et un refrain imparable ! La chanson la plus aboutie au niveau du chant sans aucun doute. Des harmonies vocales déchirantes et un solo de fin hypnotisant une fois de plus. Un petit côté ' Judgement ' se dénote de part la spontanéité de ce morceau.

Electricity : Un peu sur la même formule que ' Are You There ? ', voici une subtile ballade dominée par le piano et la guitare acoustique. Danny est encore au chant, et c'est toujours aussi adéquat. Quel bonheur quand la section rythmique fait son entrée. Mention spéciale à la ligne de basse très mélodique.

Violence : On ne pouvait rêver meilleure façon de conclure l'album. Un instrumental de près de 11 minutes et découpé en 3 mouvements. Tout d'abord une mélodie de piano très triste et minimaliste rappelant l'ambiance dépouillée de l'album ' Alternative 4 ' puis tout se fond dans une montée en puissance ( et oui, encore ! ) insoutenable qui aboutit à un déluge de violence mélodique et parfaitement maîtrisée comme Anathema ne nous y avait jamais habitué. Une batterie au taquet à la limite de la rupture d'anévrisme soutenue par un riff rappelant les meilleurs moments de ' Judgement ' et surtout ces notes de guitares tout en delay et en sustain qui dresseront le poil sur les bras de tous les fans d'Eternity. Après l'orage revient le calme, et l'album se termine dans la plénitude totale grâce au synthé au son d'orgue qui reste bloqué sur le même accord un long moment, laissant la guitare nous murmurer quelques dernières complaintes … En attendant le prochain !

Rano (09/10)

www.anathema.ws 

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Music For Nations – Wagram / 2003

Track listing (55:25) 01. Harmonium 02. Balance 03. Closer 04. Are You There ? 05. Childhood Dream 06. Pulled Under At 2000 Metres A Second 07. A Natural Disaster 08. Flying 09. Electricity 10. Violence

 

Mortus – Leaving The Swamps

Open minded metal music for open minded people'. Si l'en-tête du site Internet de ce quatuor peut paraître pompeux, il n'en demeure pas moins justifié et révélateur, tout comme le titre de cet album par ailleurs. Mortus s'est effectivement désembourbé de ses errements death-metal passés et nous propose, pour son quatrième opus, une musique très personnelle, originale et surprenante, à la croisée du sentier du thrash, de l'avenue du gothique et de l'impasse du hardcore.
D'entrée, la grosse production de cette galette surprend et laisse deviner qu'il va falloir s'attendre, tout au long des 12 plages, à quelque chose de très moderne. 
La section basse/batterie est particulièrement mise en avant et ce n'est que justice tant cette dernière est carrée et pertinente. La musique de Mortus n'est pas vraiment axée sur le riff de guitare, celle-ci servant plutôt de fil directeur mélodique et rythmique sur chaque titre. La voix sait se faire tantôt mélodique et déprimante, tantôt rauque et oppressante ; pas toujours tout à fait juste, c'est vrai, mais toujours parfaitement en osmose avec la musique elle-même.
Côté influences, le premier nom qui vient à l'esprit est Tool de part les ambiances froides et torturées de ce CD, mais Mortus va chercher beaucoup plus loin. Tout en s'ouvrant à des sonorités très 'metal moderne', le groupe n'a pas pour autant renié son passé. Pour preuve les nombreux passages thrashisant, double pédale à l'appui. Les envolées plus mélodiques évoquent, quand à elles, un certain Fear Factory dans ses moments les plus planants et angoissants. 
'Leaving The Swamps' n'est donc pas cataloguable, et plutôt difficile à cerner. Et c'est tant mieux. En espérant que cet album serve de nouveau point de départ au groupe, on peut espérer que leurs prochaines réalisations gommeront les légers défaut de 'jeunesse' de cet effort ( la justesse de la voix et l'essoufflement global sur la fin ). Avec un peu de culot, je me risquerais même à avancer que Mortus à toutes les cartes en mains pour devenir une pointure. 
Vivement la transformation de l'essai.
 
Rano (06.5/10)
 
CCP records – Adipocere / 2003
 
Track listing (43:41)
1. The good son 2. Bleeding works of art 3. Just what we are 4. Phyllis & Stanley 5. It eternity was enough 6. The cube 7. Newborn son 8. Compact 9. why? 10. Avoid drowning 11. Workout 12. Evolution

 

Inhepsie – Oracle

Bon, on va éviter les blagues foireuses sur le nom du groupe. Concentrons nous plutôt sur la musique. Ce premier album du duo originaire du nord de la région parisienne est un concept album divisé en trois chapitres distincts, comme une œuvre littéraire. Et oui, la musique d'Inhepsie est très théâtrale, à l'image du chant féminin tantôt scandé, tantôt plus lyrique. Les ingrédients du cocktail sont les suivants : metal atmosphérique et musique planante. 
Malheureusement ce CD est par moments assez poussif et pas toujours très inspiré. Le son approximatif et la boite à rythmes se révèlent assez vite lassants. Dommage car l'ensemble recèle également d'idées intéressantes et de bons moments. Bref c'est très original mais pas très réussi pour autant. Sous réserve de faire du tri dans les idées et de bénéficier à l'avenir d'une production plus adaptée, Inhepsie pourrait tout de même percer. A voir …

Rano (05/10)

http://www.myspace.com/inhepsie

Sacral Production – Adipocere / 2003

Track listing (44:35) 1. Le Vent 2. Le Feu 3. L'eau 4. La Terre 5. Le Malin 6. Le Divin 7. Instrumentale 8. L'originel