All_shall_perish-awakenAll Shall Perish fait partie des quelques groupes ayant réussi à se démarquer dès leur premier album, alors que le Deathcore était en pleine expansion et que les groupes pratiquant ce style étaient foison –et que le groupe bénéficiait d’une bonne promotion grâce à Nuclear Blast-. Armés d’un sens du riff aigu et d’une bonne technique, les américains nous avaient habitué à une musique puissante et lourde, avec mosh parts, vocaux gutturaux et porcins, et section rythmique puissante. Pas très délicat, mais franchement efficace. 

Mais à la différence de nombre de ses confrères Deathcoreux, All Shall Perish a su évoluer très rapidement, dès le second album, pour aller vers un Deathcore plus fins, plus subtil et plus technique. Ce changement allait de pair avec un remaniement important du line up, puisque le groupe venait de se séparer du chanteur et du guitariste qui avaient été présent sur le premier album. Une bonne chose selon moi, puisque le nouveau guitariste à apporté de la nuances et de la technique dans les lignes de guitare et que le chanteur actuel à un registre bien plus étendu, allant du growl à un chant clair très agréable. S’extirper de la masse exige une forte personnalité et une ouverture qui peut certes déplaire aux fans du premier opus Hate.Malice.Revenge. mais qui s’avère nécessaire pour se renouveler, le groupe a bien compris tout ça.

Avec Awaken the dreamer, avant de mettre en émoi nos petites oreilles, c’est tout d’abord par l’œil que All Shall Perish réussit à nous conquérir, avec une cover très agréable, chargée de symboles, comme le groupe nous y avait habitué depuis le début, à ceci près que celle-ci est là encore un poil plus subtile que les précédentes (il est vrai que la cover du premier album ne faisait pas dans la dentelle…).

Musicalement, le groupe surprend et se renouvelle, contrairement à de trop nombreux groupes de Deathcore qui tentent de faire du neuf avec du vieux et s’enlisent dans les bas-fonds de la circularité. Ce troisième album nous montre donc un groupe qui a mis en quelque sorte de l’eau dans son vin, en incorporant certains éléments qui n’apparaissaient pas au début de leur carrière. Bien malin celui qui aurait pu dire à l’époque du premier album que le groupe incorporerait un jour du chant clair avec tremolo style Rob Halford (Cf. « Black Gold Reign ») à ses compositions, et composerait des morceaux légers à deux doigts de la ballade comme « Memories of a glass sanctuary ». Ces éléments, se fondant parfaitement au reste même s’ils peuvent étonner au départ, apportent de la nuance dans le style du groupe, qui arrive désormais à balancer avec justesse entre mélodie et brutalité. Une balance parfaitement équilibrée qui donne une saveur nouvelle aux compositions, qui se veut plus fines et plus subtiles je le répète. Ainsi nous retrouverons quelques bribes de chant clair, plus de solos shreddés et de parties techniques, sans tomber dans la démonstration gratuite, au sein de compositions plus fluides qu’auparavant. 
La mélodie est certes plus présente, et certains pourront être tentés de crier à l’hérésie en entendant « Memories of a glass sanctuary », mais la brutalité d’antan n’a pas disparu du paysage sonore d’All Shall Perish pour autant, puisque les morceaux qui envoient le boulet ne sont pas en reste, et que le batteur sait se faire plaisir. Si le côté brutal se fait moins ressentir c’est parce que le groupe a su agencer ses morceaux intelligemment et aérer le tout avec quelques petites douceurs qui font la différence, comme les interludes « The ones we left behind » ou « Misery’s introduction » qui mine de rien posent l’ambiance, sont exécutés avec talent et démontrent à quel point le groupe à su étoffer son registre sans perdre en crédibilité. 
L’album bénéficie de plus d’une excellente production (confiée à Zach Ohren, aux manettes du dernier Decrepit Birth entre autres) qui met bien en valeur les subtilités apportés par les musiciens et toutes les nuances. La balance entre puissance et douceur est assurée et donne un réel impact aux compositions.

Il est peut être un peu trop tôt pour parler de l’album de la maturité, et si ce n’est pas le cas considérons qu’All Shall Perish n’en est pas loin. Awaken the Dreamer n’en est pas moins un excellent album de Deathcore d’un groupe qui sait progresser en s’écoutant, sans se soucier du blabla qui entoure forcément chaque évolution d’un groupe en vogue.

Sheol (08.5/10)

 www.allshallperish.com 

 myspace.com/allshallperish

Nuclear Blast Records – 2008)

Tracklist (36:03 mn) :
1.When life meant more… 2. Black Gold Reign 3. Never again 4. The Ones we left behind 5. Awaken the dreamers 6. Memories of a glass sanctuary
7. Stabbing the purge dissimulation 8. Gagged, Bound, Shelved and Forgotten 9. Until the end 10. From so far away 11. Misery’s introduction 12. Songs for the damned