abraham-eye2011 débute en me laissant l’impression étrange de me faire rouler dessus pas un panzer nourri au vitriol…le bilan 2010 à peine bouclé, v’la t-y pas que les grosses baffes de la nouvelle année se bousculent au portillon, en attendant qu’on leur présente notre séant pour le botter sévèrement et repartir en headbanguant pour laisser la place aux suivants. Et c’est Pelagic Records, le label de Robin Staps de The Ocean qui se fait remarquer d’emblée avec Abraham et son premier album An Eye On The Universe. Si ce groupe ne vous dit rien, c’est peut être normal car il est tout de même assez récent (formé en 2007 par le guitariste de Kruger, Jacques Verdiaz) et s’appelait auparavant « Le baron vampire » (et ils ont bien fait de changer de nom…). Malgré tout Abraham à déjà fait ses armes dans son pays la Suisse, notamment en partageant l’affiche avec des groupes comme Mumakil, Kruger, Knut etc. et maitrise son sujet à la perfection, vous vous en rendrez très vite compte à l’écoute de ce premier album qui est…monstrueux. (Vous remarquerez également que je suis très mauvais pour faire tenir le suspens…).

Hé oui, on ne les attendait pas forcément de cette façon, mais les suisses et leur Post Hardcore viril sont l’une des grosses claques de ce début d’année. An Eye On The Universe est d’une puissance impressionnante et vous collera au mur dès les premières secondes de « Coyote versus machete ». Quel son ! Les guitares sont lourdes et abrasives, et la section rythmique est pachydermique. Le chant n’est pas en reste, car il également très viril. L’album bénéficie d’une production en béton armé, offrant aux compos un son terriblement puissant tout en étant assez propre pour que l’on discerne chaque instrument. Mais réduire Abraham à sa puissance ne serait pas faire honneur au groupe, qui nous propose certes un album dense et riche, mais avec des compos nuancées qui ne donnent pas uniquement dans la lourdeur PostCore/Sludge : le groupe sait parfaitement aérer l’ensemble en nous proposant de nombreux passages plus doux et mélodiques, voire atmosphériques ( « Astro zombies »), avec des lignes de chant qui s’adaptent, et varient entre un registre clair chanté ou crié (le début de « Saloon bizarre », dont les quelques fébrilités du chant clair donnent une saveur particulière au morceau) et un registre presque growlé genre homme de cavernes en rut. Bon dieu que c’est bon ! S’envoyer cet album, c’est accepter de se prendre huit rafales de parpaings dans la tronche.

Et on pourra également dire que la simplicité des compos n’est pas étrangère à leur impact : les riffs sont simples tout comme les structures, mais foutrement efficace. Et je ne finirais pas sans dire un mot sur le très beau digipack envoyé par le label, c’est de plus en plus rare, et ca fait plaisir, surtout quand l’objet est aussi bien fait ! Pour résumer, si vous êtes adepte de Post Metal bien lourd, que vous rêvez d’un mélange entre Cult of luna et Howl ou Neurosis par exemple, vous devez impérativement posséder An Eye On The Universe. Il n’y a vraiment rien à mettre de côté dans cet album, chaque minute se déguste. Bravo Abraham !

Sheol (09/10)

 myspace.com/abrahamband

Pelagic Records / 2011

Tracklist (44:22) : 1. Coyote versus machete 2. Saloon bizarre 3. Astro zombies 4. The statues 5. Bullet dozer 6. Herz, Knie, Staub 7. Hellsinki 8. Baruch