Archive for octobre, 2011

Metallica & Lou Reed – Lulu

oshy_24102011_lulÀ l’origine, Lulu est un projet allemand, la combinaison de deux pièces de théâtre du dramaturge Frank Wedekind. À l’époque déjà (la fin du XIXe siècle), Erdgeist et Die Büchse der Pandora avaient provoqué quelques remous (allant même jusqu’à l’interdiction des pièces en Allemagne), et ce de par la volonté de contestation de l’auteur. Ces deux pièces furent ensuite combinées par Alban Berg pour en faire un opéra intitulé Lulu. Aujourd’hui, c’est au tour du vétéran Lou Reed, flanqué pour l’occasion de Metallica, de remettre Lulu au goût du jour… et une fois de plus, Lulu risque de faire des vagues, mais pour d’autres raisons.

On a beau dire sur tous les tons que Lulu n’est pas le nouvel album de Metallica, qu’il s’agit d’une démarche différente, ce projet suscite tout de même des réactions épidermiques violentes, et pour cause : pendant 87 longues minutes, Metallica tourne en rond, comme un lion édenté dans une cage, et Lou Reed, son dompteur émoussé, lui fait exécuter encore et encore le même tour pitoyable. Sur 10 morceaux, aucun ne mérite réellement un compliment, à part celui de faire passer le nouvel album de The Haunted pour une expérimentation réussie. Les mots sont durs, d’aucuns se retrancheront derrière l’argument massue « vous ne comprenez pas la démarche artistique » pour défendre ce disque, mais rien ne peut justifier le moindre engouement pour Lulu. Le «chant» de Lou Reed est pénible, on croirait parfois assister à une discussion dans un bar avec un groupe instrumental qui joue dans le fond (1). Niveau musique, mis à part quelques riffs presque corrects, on retrouve un Metallica peu inspiré, balançant un riff en boucle et une rythmique lente (2). En bref, on s’emmerde. Honnêtement, j’en viens même à me demander comment ces deux monuments de la musique ont osé sortir un tel gâchis. 

Ce qui nous avait été présenté comme le projet le plus excitant depuis des lustres n’est qu’un pétard mouillé. Plutôt que de perdre du temps en studio avec Lou Reed, Metallica aurait dû mettre les mains dans le cambouis et poursuivre sur la dynamique positive de Death Magnetic… peut-être aurions-nous pu alors espérer un disque digne d’intérêt.

Mister Patate (00/10)


(1) rendons à César ce qui appartient à César : j’ai lu cette comparaison sur le net et je l’ai trouvée tellement pertinente que je l’ai ajoutée ici.

(2) Remarquez, à ce rythme-là, Lars arrive à suivre et fait moins de pains.

www.loureedmetallica.com

Vertigo – Warner / 2011
Tracklist (87:05 mn) 01. Brandenburg Gate 02. The View 03. Pumping Blood 04. Mistress Dread 05. Iced Honey 06. Cheat on Me — 01. Frustration 02. Little Dog 03. Dragon 04. Junior Dad

 

oshy_29102011_ArcMatheoDifficile de ne pas considérer cet album comme un opus de FATES WARNING. En effet tous les musiciens participant à cette nouvelle aventure font ou on fait partie du gang du Connecticut. John Arch et Jim Matheos sont même des membres fondateurs. Le guitariste américain explique volontiers que ces chansons étaient destinées au prochain album de FATES WARNING mais que l'indisponibilité de son chanteur actuel, Ray Alder, l'ont obligé à changer son fusil d'épaule. Mais dans l'esprit comme dans la musique, la réalité est assez évidente.

On retrouve tout au long de ces 54 minutes de musique la patte si spécifique de Matheos, ce métal technique, souvent heurté mais toujours diablement efficace. Et à nouveau cette fois-ci les américains n'ont pas fait dans la dentelle. Le menu est copieux et propose pas moins de trois compositions de plus de 10 minutes et rien en dessous de 5. Et pourtant, ces chansons passent comme une lettre à la poste, les mélodies sont belles et intelligentes, on apprécie la virtuosité des 5 trublions qui jamais ne tombent dans la simple démonstration. Jim Matheos et Frank Aresti assurent les rythmiques comme des métronomes et offrent des soli aussi inspirés que lumineux, Joey Vera maltraite sa basse avec talent et Bobby Jarzombek alterne puissance et feelings sur ses fûts. On trouve vraiment là une formation d'une efficacité remarquable.
Mon gros point d'interrogation vient de la performance de John Arch. Il assure ses parties avec honneur, très professionnel mais son timbre de voix très aigu risque d'en hérisser plus d'un. C'est son style, sa patte et son charme mais cela explique pourquoi je ne commence à apprécier FATES WARNING qu'à partir de l'arrivée de Ray Alder sur No Exit (1988). Arch donne beaucoup de puissance et parvient à faire passer beaucoup d'émotions mais il faut un temps d'adaptation pour passer outre sa voix. Et encore, on sent bien que Matheos a calibré les compositions pour mettre en valeur son partenaire. Il m'a bien fallu 4 ou 5 écoutes pour parvenir à oublier et profiter des grandes qualités de Sympathetic Resonance.

Les fans de FATES WARNING seront comblés par le treizième album des américains… ok… par le premier opus d'ARCH/MATHEOS. Le talent est évident et les amateurs de métal progressif américain y trouveront aussi largement leur compte. Par contre, avec le bémol de la voix de John Arch, je conseille d'écouter une ou deux chansons  pour s'assurer que tout va bien avant de passer à la caisse. Allez Jim, maintenant un nouvel OSI please !

Oshyrya (08/10)

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Metal Blade / 2011

Tracklist (54:37 mn) 01. Neurotically Wired 02. Midnight Serenade 03. Stained Glass Sky 04. On the Fence 05. Any Given Day (Strangers Like Me) 06. Incense and Myrrh

 

3 – The Ghost You Gave To Me

oshy_29102011_33 est un groupe très atypique. La formation est née à Woodstock, New York au début des années 90. Les musiciens sortent leurs trois premiers albums sur un petit label indépendant avant d'être remarqués par Metal Blade. Après un transfert avorté chez Roadrunner, les Américains ont décidé de privilégier la stabilité et accouchent d'un cinquième opus, The Ghost You Gave To Me, toujours au sein de l'écurie de Brian Slagel. La musique du groupe est pour le moins compliquée à décrire tant les influences et les genres sont mélangés. Joey Eppard, le leader incontesté de 3, parle de métal hybride. L'écoute de cet album lui donne raison : 3 ne se fixe aucune barrière. Le guitariste est le tête pensante du groupe et le seul rescapé du line-up d'origine. Son frère Josh a en effet quitté le navire à la fin de l'enregistrement de Paint by Number (1999) pour rejoindre COHEED & CAMBRIA. J'ai été surpris par le timbre de voix d'Eppard. La tonalité est assez haute, il chante de façon assez fluette. Cela ne manque pas de d'expressivité, il parvient à transmettre une gamme variée de sentiments, mais cela manque un peu de puissance. On est plus proche de Geddy Lee (RUSH) que de Bruce Dickinson (IRON MAIDEN).

La musique est très variée, elle m'a fait penser à certaines formations prog comme PORCUPINE TREE avec quand même une approche plus rock américain. Cela m'évoque aussi THE MARS VOLTA. Sans simplifier le propos, 3 travaille beaucoup pour rendre ses compositions très mélodiques et The Ghost You Gave To Me propose son lot de singles potentiels à même de plaire aux radios outre-Atlantique : « React » par exemple ou encore « Numbers » pourraient émerger et connaître un petit succès. Techniquement rien à redire à cet album, l'exécution technique est très bonne, la production est claire et équilibrée. Alors du tout bon ? Oui et non. L'album est réussi pourtant il me semble manquer un petit quelque chose pour que la mayonnaise prenne complètement. Les chansons sont de qualité dans l'ensemble mais elles s’enchaînent sans beaucoup de relief et on ressort avec l'impression que le groupe tourne en mode pilote automatique. Cela manque de surprise, d'éléments enthousiasmants. Je suis gêné de terminer cette chronique par cette impression un peu négative. Que l'on me comprenne bien : vous ne ferez pas d'erreur en achetant le nouvel album de 3, il n'y a pas tromperie sur la marchandise et The Ghost You Gave To Me est solide et presque sans défaut. Cependant une certaine monotonie s'installe au fur et à mesure et certaines compositions sont un peu niaises (« One With the Sun » on dirait du Neal MORSE). Mais à ce petit détail près vous ne serez pas déçus.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Metal Blade / 2011

Tracklist (54:27) : 01. Sirenum Scopuli 02. React 03. Sparrow 04. High Times 05. Numbers 06. One With the Sun 07. The Ghost You Gave to Me 08. Pretty 09. Afterglow 10. Its Alive 11. Only Child 12. The Barrier