La pochette annonce donc la couleur : Jeff Scott Soto sert le poing. Et accessoirrement donne un coup d’adrénaline à sa musique singulièrement ramollie depuis le fort poussif, Beautiful Mess. Le gros riff ouvrant le colossal titre d’ouverture « Give A Little » est à l’avenant : nous sommes en plein hard rock, à la fois mélodique, moderne et puissant. L’excellent « Damage Control » enfonce le coul dans la même optique. Les lignes de chant soutenues par la voix toujours aussi superbe de Jeff s’associent à des guitares très musclées pour élaborer un équilibre musical persque parfait entre agressivité et mélodie. Preuve en est que Soto, bien que toujours accaparé par mille et un projets (dont un nouveau disque de W.E.T. à venir) et mille et unes collaborations (récemment Michael Schenker ou Last Autumn’s Dream), sait toujours il va.

Et il le montre en équilibrant ces directions agressives avec quelques appartées moins hard rock et plus orientée AOR, dont le plus calme mais tout aussi réussi « Look Inside Your Heart » qui a donné lieu à une vidéo que l’on peut voir ici. Les tout à fait irrésistibles « Die A Little » et surtout « Never Let Her Go » aux chœurs à la Journey poursuivent dans cette voie avant qu’une nouvelle alternance s’impose pour relancer la vapeur. Comme, selon moi, la carrière de Soto a bien cette dimension de « Janus », le voyant chanter tour à tour pour Yngwie Malmsteen ou pour Journey, respecter cette diversité était très bienvenu. Nous avons donc un parfait résumé des deux visages du chanteur d’origine portoricaine (les influences funk étant évidemment à chercher ailleurs cette fois… sur Beautiful Mess justement).

S’il s’agit d’un disque solo, Soto n’en a pas été le maître d’œuvre omnipotent et a profité de plusieurs soutiens bienvenus, notamment par une foule d’excellents guitaristes, dont l’inattendu Davec Meniketti (Y&T) sur le plutôt apaisé « Bonafide » ou l’artiste bulgare quasiment inconnu Emo Markov sur un très puissant « Afterworld » parfait dans un genre heavy rock hargneux. La présence aux fûts de l’ex-batteur de Talisman, Jamie Borger, satisfera la partie la plus nostalgiques des fans dont manifestement Jeff est à la reconquête.

Cessons les louanges car chacun aura compris de Soto vient de se rappeler à nos bons souvenirs en frappant très fort et en signant un album de hard mélodique bien placé pour être un des meilleurs de cette année. Espérons que nous puissions le voir au plus vite en France sur scène, tant l’homme sait se donner totalement en concert, pour ce qui est à chaque fois le meilleur.

Baptiste (8,5/10)

PS : la version CD + DVD de l’album est assez alléchante puisqu’elle propose quelques clips sur le DVD et trois titres bonus. Ces derniers sont globalement réussis même s’ils s’avèrent qualitativement en-deçà des autres morceaux. Leur principal défaut est d’avoir été intégrés directement au sein de l’album, au milieu des morceaux et non à la fin du disque, comme si cela avait été leur place à l’origine et qu’ils en avaient été extraits ultérieurement. Cette version est donc à conseiller aux fans avant tout.

 

Frontiers / 2012

Tracklist : 01. Give A Little More 02. Damage Control 03. Look Inside Your Heart 04. Die A Little 05. If I Never Let Her Go 06. Tears That I Cry 07. BonaFide 08. Krazy World 09. How to Love Again 10. AfterWorld 11. Neverending War