Archive for avril, 2012

Koritni et French Kiss à Paris (Le Divan Du Monde), le 28 mars 2012

Son: Bon, voire très bon, sauf au début de Koritni.
Lumières: Basiques mais rien d'affreux.
Affluence: Un Divan du Monde correctement rempli mais sans plus… entre 350 et 400?
Ambiance: Enjouée, certes, mais calme…
Moments forts: Finalement c'est bien quand les groupes se ratent, s'ils en profitent pour rajouter un morceau!
 

Peut-être parce que le concert commence assez tard, la salle est déjà correctement remplie quand la première partie du soir entre en scène, à savoir FRENCH KISS.
Ah ça, le sleaze est à la mode. En soit ça ne me dérange pas, par contre ça fait ressortir une mentalité qui me dérange énormément… j'y reviendrai plus tard.
Le groupe est sympathique, mais… mais. Musicalement ça reste limité; vous pourriez me répondre que ce qu'ils jouent est fait pour mettre l'ambiance, pas pour réveiller les neuronnes, et vous aurez sans doute raison. Par contre on ne m'enlèvera pas de l'idée que le problème principal ce soir est la set-list, mal équilibrée: un peu d'agité au début, une longue pause « tranquille », et on enchaîne les titres plus agités à la fin… le passage mollasson était un peu long au final, laissant à l'ennui le temps de venir, ce qui est toujours une mauvaise chose! Avec une set-list un peu mieux équilibrée, je suis sure que leur prestation aurait été plus agréable, alors que là ça a été un peu longuet.

En dehors de ça ils ont leur public, avec des gens qui sont venus spécialement pour les voir. Ces fans sont reconnaissables à quelques signes distinctifs: ils te rentrent dedans comme des gros bourrins pour te passer devant, alors qu'en soit ils avaient tout à fait la place de se faufiler gentiment, et repartent sitôt leur groupe fétiche sorti de scène… avec toujours la même délicatesse. J'aime cette ambiance, j'aime [antiphrase powered]. Mais bon, au moins ils mettent l'ambiance dans leur petit coin, parce qu'il faut bien avouer que le reste de la salle est très calme, avec juste quelques applaudissements entre les chansons. Pourtant le groupe essaie de faire monter l'ambiance, chanteur en tête évidemment, mais rien n'y fait. Remarquons au passage que je me demande au début si ce chanteur n'a pas été recruté plus pour sa capacité à mettre l'ambiance que pour ses cordes vocales, tant il a du mal au début (il change à peine de notes)… mais ça ira mieux avec le temps, il fallait sans doute qu'il s'échauffe ces deux petits muscles dans la gorge. Mais alors pourquoi ne pas l'avoir fait en coulisses? Eh bien, ils étaient sans doute occupés à autre chose les petits: au début je me disais que le bassiste avait l'air ailleurs, peut-être qu'il lui fallait un peu de temps pour rentrer dans le concert (comme pour beaucoup, au fond!) Mais au fil du concert, voyant sa bouche constamment grande ouverte et ses yeux de merlan de plus en plus fris… mais il est complètement stone ce type! Et le chanteur qui alterne entre bière, vodka (puisque je suppose que l'eau de la petite bouteille d'eau a été remplacée par de la vodka) et whisky pur… s'per la mentalité, s'per. Mais bon, il finit le concert avec une voix tout à fait correcte et passe le concert entier à particulièrement bien remplir son rôle de frontman, je suppose que c'est plus important. Enfin vous avez deux guitarites: le premier bicolore et marrant, et le deuxième à la coupe qui ne va pas à un occidental! (pitié, qu'un jour les occidentaux comprennent que les coupes de visualeux ne vont pas aux occidentaux, ou sinon il faut adapter un minimum…) + à la morphologie de crevette qui m'éclate. Là encore pas des musiciens exceptionnels, mais on ne leur demande pas de l'être: ils remplissent très bien leur rôle.
Au final, vous l'aurez compris, un concert peut-être pas « mauvais »… mais définitivement pas transcendant. Avec un bon son tout de même, chose aussi rare qu'appréciable pour une première partie.
 

Petite pause, avec une programmation musicale qui me laisse parfois dubitative, et on enchaîne sur KORITNI.
La dernière fois que je les avais vus en concert remonte à 2006 ou 2007, au Nouveau Casino, je crois que c'était leur première tournée. J'en avais gardé le souvenir d'un « vraiment bon groupe, surtout quand ils font des reprises! » Depuis, ils ont sorti trois albums, d'où une set-list « personnelle » forcément étoffée, et certainement encore plus d'assurance sur scène puisqu'ils ont beaucoup tourné entre-temps, même s'ils étaient déjà très bien à l'époque.
Eh bien je n'ai pas été déçue du voyage! Surtout que les titres du dernier album, très largement représenté ce soir, passent très bien l'épreuve de la scène. Tout juste si les titres précédents ne font pas « mou du genou » à côté. J'ai particulièrement apprécié l'enchaînement « Better Off Dead » et « Stab Me In The Back », puisqu'à la base je rapprochais ces deux chansons, d'où mes questions en interview (…même si j'ai oublié de conclure par un « et est-ce que tu as toujours des réactions aussi extrêmes? »): j'aime avoir les mêmes idées que les musiciens!

Tout égocentrisme mis à part, les choses n'ont pas forcément très bien commencé puisque le son est… très moyen. Plus précisément: le public peut distinguer ce que joue Eddy, mais guère plus. Il manque donc une guitare pour vraiment apprécier, ou même ressentir l'énergie des chanson à leur juste valeur. Mais ça s'améliore après trois ou quatre morceaux, très largement: le son sera finalement très bon. La set-list est cette fois bien équilibrée: on voit à peine le temps passer. Par contre le public est tout mou? Enfin, entre deux chansons ça applaudit énormément, mais pendant les chansons… rien, nada. On pourrait presque se croire en Suisse? Etrange, mais bon, pas chercher, le public parisien a ses humeurs après tout. Le nouveau-venu pour la tournée est bien intégré au groupe tellement bien intégré que si je n'avais pas connu leurs têtes avant de venir au concert j'aurais pensé que c'était « le petit à gauche » qui remplaçait quelqu'un. D'autant plus qu'ils ont tous un look assez « américanisé / côte-ouest », sauf mini-Eddy (j'avais oublié qu'il était si petit, j'ai passé la soirée à le chambrer, je le confesse…) qui fait complètement metalleux/hard-rockeux occidental avec ses cheveux longs à bouclettes et son marcel noir, et qu'il passe beaucoup de temps à s'amuser seul dans son coin, pendant que « le chapeauté » s'en donne à coeur-joie… M'enfin pas chercher, c'est sûr que quand on a un bassiste à côté de soi tout du long ça aide à faire des mimiques régulièrement. Petit moment d'amusement personnel quand ils jouent « Got To Get You Into My Life », reprise des Beatles oblige (et je vénère les Beatles). Moment comique généralisé pour le dernier rappel, qui n'était peut-être pas totalement prévu: ils reviennent jouer « Roll The Dice »… qu'ils ratent, surtout parce que Lex s'est complètement emmêlé les pinceaux avec les paroles. Résultat ils décident d'enchaîner avec « Sweet Home Chicago », ou plutôt Lex le décide, à la surprise apparente de ses collègues: ils l'avaient faite la veille à Lyon, en version acoustique pour une partie du concert que nous n'avons pas eu ce soir. Ca sera donc une version électrique pour Paris, quand Lex finit son speech introductif par « et j'espère qu'on la réussira ce soir » je ne peux pas m'empêcher de murmurer: « mais non voyons, au pire vous enchainerez encore sur une autre chanson! », les deux guitaristes regardent régulièrement dans sa direction pour savoir qui fait le break ou mini-solo maintenant… ça fait un peu improvisation totale, mais justement c'était marrant et ça change de finir un concert dans cette atmosphère de boeuf juste un peu amélioré!

Set-list Koritni:
Down At The Crossroads
Dirty Letter
Game Of Fools
Party's Over
Not Your Man
Better Off Dead
Stab In The Back
Red Light Join
Sometimes
155
Lost For Words
Got To Get You Into My Life (reprise des Beatles)
Emotional Audit
Money Talks, It Says Goodbye
Highway Dream
Keep Me Breathing
Let's Go Crazy
Let It Go
Under The Overpass
– Rappel 1 –
I Wanna Know
Heaven Again
Nobody's Home
– Rappel 2 –
Roll The Dice
Sweet Home Chicago

-Polochon.
Photos de French Kiss – de Koritni.
Chronique de Welcome To The Crossroads (Koritni).
Interview de Lex Koritni (Koritni).-

Frames – In Via

Calme et volupté, je suis zen, je laisse mon corps libre et mon esprit flotte sans contraintes ni ondes négatives. Je me sens bien… Ne voyez pas ici l’effet de l’abus de substances illicites ou l’effet engendré par le dernier cocktail de Patate à base de divers fruits/plantes fermentés. Le nouvel opus des allemands de FRAMES, In Via, pousse au repli sur soi-même, ils fournissent une base pour laisser ses pensées vagabonder et atteindre sérénité ou torpeur selon l’orientation du moment. Dur dur de catégoriser la musique du groupe. Déjà le premier album, Mosaik, avait été déroutant et cela n’a pas changé.

In Via est un album instrumental, assez doux et calme dans l’ensemble. On trouve ici et là quelques passages plus énervés mais pas de quoi effrayer non plus l’auditeur lambda. C’est assez rock, avec guitares, nappes de claviers planantes, on croirait parfois entendre une version instrumentale d’un album de COLDPLAY ou encore CRAIG ARMSTRONG, en plus heavy. C’est assez mélodique et jamais vraiment méchant.

Le tout est emballé dans un ensemble très arty, avec des visuels très soignés, un logo sympa et surtout un concept. Le côté bande originale de film est assez marqué et le groupe annonce vouloir proposer un « cadre » (frame en anglais) laissant toute sa liberté à l’auditeur. Pourquoi pas, tant que la musique est bonne. Les plages sont dans l’ensemble assez longues, souvent plus de 6 minutes, et FRAMES enchaine les atmosphères, les ambiances comme une succession d’émotions. Aucune composition n’est désagréable mais de là à adhérer, il y a un pas. In Via est un fond sonore agréable mais l’album glisse sur l’auditeur sans laisser beaucoup de traces. On retiendra plus particulièrement deux compositions « Eris » et « Don’t Stay Here » qui ont capté mon attention à chaque écoute.

FRAMES nous offre une heure de musique vraiment pas désagréable mais sans grand relief. Le chant fait cruellement défaut et aurait pu magnifier la majorité des compositions. Ils auront bientôt l’opportunité de vraiment nous convaincre en assurant la première partie en Europe de la tournée d’ANNEKE VAN GIERSBERGEN. A voir donc à Strasbourg, Paris, Rennes et Toulouse et Montpellier.

[07/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://framesmusic.com/

MySpace Officiel: ***

 

2012, SPV / Steamhammer

Tracklist (59:58 mn) 01. Entrance 02. Departure 03. Encounter 04. Calm Wisdom 05. Stir 06. Reflections 07. Eris 08. Don't Stay Here 09. End Of A Decade 10. Coda

OSI – Fire Make Thunder

Bon Dieu, quel plaisir, quel pied de retrouver le nouvel opus d’OSI, le duo si atypique unifiant pour le meilleur les très talentueux Jim Matheos (FATES WARNING, ARCH/METHEOS) et Kevin Moore (CHROMA KEY, ex-DREAM THEATER). Les trois premiers albums ont été pour moi des ravissements avec en point d’orgue le superbe Blood en 2009. Ces deux-là se sont vraiment trouvés et se complètent à merveille. Matheos a un sens pointu de la rythmique et propose toujours des riffs hypnotiques. Pour sa part, Moore a un don pour proposer des mélodies improbables, pour poser des atmosphères profondes et envoutantes. Je suis conscient que pour beaucoup OSI est un ovni bizarre qui ne méritent pas mes éloges.

Et pourtant, les deux artistes persistent et signent et proposent encore une fois une plongée étonnante dans leurs univers. Sans s’embarrasser des modes ou des tendances, Matheos et Moore n’en font encore une fois qu’à leur tête. Les mélodies sont subtiles, finement ciselées par des mois de travail, d’échange entre les deux protagonistes. Comme les précédents, Fire Make Thunder s’apparente bien souvent plus à une bande-originale de film qu’à un album autonome. Les paysages, les émotions se succèdent dans le tête de l’auditeur et on ressort de cette expérience transformé. Vous allez dire que j’en fais des tonnes mais sincèrement, le musique d’OSI se bonifie de plus en plus avec le temps. J’écoute intensivement Blood depuis plus de trois ans maintenant et je continue à découvrir de nouveaux éléments. Le groove de Matheos et le chant assez robotique, froid de Moore me fascinent et donne toute sa personnalité, son originalité à la musique d’OSI. Comme pour Blood, OSI a fait appel à Gavin Harrison (PORCUPINE TREE) pour interpréter les parties de batterie. Chapeau car ce doit être l’enfer de travailler sous la direction de deux personnalités aussi fortes (enfin Steven Wilson ne doit pas non plus être un cadeau).

Nous sommes loin des canons classiques métal avec cet album si étrange et séduisant à la fois. Fire Make Thunder tourne sur ma platine depuis des semaines et je n’ai toujours pas su/pu embrasser la totalité des sentiments, des émotions enfermés dans ce disque. L’album se termine par « Invisible Men », une composition de plus de 9 minutes qui conclue l’album comme toujours sur une drôle de note, comme soudainement réveillé au beau milieu d’un rêve/cauchemar dérangeant. On frissonne en essayant vainement de se rappeler des détails de ce songe évanescent. Une véritable expérience métaphysique…

[8,5/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://www.osiband.com/

MySpace Officiel: http://www.myspace.com/osiband

 

2012, Metal Blade

Tracklist (43:14 mn) 01. Cold Call 02. Guards 03. Indian Curse 04. Enemy Prayer 05. Wind Won't Howl 06. Big Chief II 07. For Nothing 08. Invisible Men