Archive for mai, 2012

Le nom de Lita Ford peut évoquer deux choses à l'amateur de hard rock quelque peu renseigné : la guitariste soliste d'un groupe de hard rock féminin à la carrière courte mais intense, les Runaways auxquelles un film a rendu récemment hommage ; et l'artiste solo de Hard FM qui a proposé dans les années 80, avec le succès que l'on sait, quelques disques qui ont marqué le genre. Alors que son succès a connu dans les années 90 un gros fléchissement commercial dès Dangerous Curve et surtout Black (1995), Lita Ford a totalement disparu de la circulation, se consacrant à la famille qu'elle venait de fonder avec Jim Gillette (ex Nitro). Il fallut attendre 2008 pour entendre de nouveau un disque de Lita Ford qui ne soit pas un best of live ou une compilation de vidéo clips. Las, cet album du retour, intitulé Wicked Wonderland, fut un échec musical complet, les influences « modernisantes » apportées par Jim Gillette déplaisant aux fans et aux critiques. 

Depuis, Lita s'est séparée de son mari et a repris sa carrière en main en sortant ce Living Like A Runaway, épaulé par le producteur et guitariste, Gary Hoey. Bien lui en plu car la chanteuse et guitariste a remis les pendules à l'heure en enregistrant un disque franchement bon. Il n'y a pas de temps mort sur ce disque somme tout très varié, très bien interprété et d'une inspiration réelle. Les amateurs de Hard mélodique tel que l'affectionnait Lita dans les années 80 seront forcément un peu déçus car le propos a été modernisé par rapport à Lita (1988) ou Stletto (1990) en témoignent l'influence à la Nine Inch Nail sur « The Mask » ou les parties de batterie électronique sur « Relentless ».

On remarquera aussi un « A Song To Slit Your Wrists By » dont  les guitares ont été quelque peu trafiquées. Modernisé, le propos de Lita a été aussi surtout durci. Le gros riff d'ouverture de « Branded » avec un refrain plus puissant que sensuel ou la grosse basse vibrante sur « Hate » donnent le « la » : les années 90 sont passées par là. Même une ballade comme « Mother » connaît une accélération et l'apparition de grosses guitares que Lita ne s'autorisait plus depuis Dancin' On The Edge (1986). Pour suivre ce mouvement, les paroles prennent une tonalité plus grave et mâture que les « Kiss Me Deadly » et « Larger Than Life » de jadis. 

Attention toutefois ! Nous ne sommes ni en plein power metal ni plein grunge : la variété qu'établit Lita Ford sur son disque tout comme certaines intonations vocales moins âpres (« Asylum ») inscrivent bien ce disque dans la catégorie du hard rock mélodique. On goûtera ainsi tout particulièrement avec plaisir le duo vocale avec Gary Hoey sur « Love 2 Hate U », qui témoigne bien d'ailleurs de l'apport positif de l'homme sur le disque. Somme toute Lita Ford a réussi un mélange très équilibré des différents aspects de sa carrière. Elle montre ici qu'elle n'a rien perdu de sa verve et ses qualités d'interprétation. Espérons que ce Living Like A Runaway lui permette de retrouver un place de premier plan dont elle a été privée depuis bien longtemps. 

Baptiste (7,5/10)

Site Officiel

 

Steamhammer – SPV / 2012

Tracklist (40:56) : 01. Branded 02. Hate 03. The Mask 04. Living Like A Runaway  05. Relentless  06. Mother  07. Devil In My Head  08. Asylum 09. Love 2 Hate U 10. A Song To Slit Your Wrists By 

Audience: Concert sold-out

Lights: gros moyens mis en œuvre pour METALLICA, dans l’ensemble très efficaces

Son: bof bof

Ambiance: bon enfant mais assez sage tout de même

 

Comme le dira plus tard dans la soirée James Hetfield, METALLICA revient en terre française en ce mois de mai 2012 pour donner son plus gros concert dans le pays. Il aura fallu attendre d'avoir plus de 30 ans de carrière au compteur. L’occasion de l’anniversaire de la sortie, il y 20 ans, du mythique Black album était trop belle. J’ai moi-même découvert le groupe grâce à ce disque (merci Zégut) et j’étais très excité à l’idée de le découvrir en intégralité sur scène. Les Dieux Métal étaient avec nous, il faut beau temps et la température extérieure est agréable malgré un vent parfois glacial.

GOJIRA (set de 30 mn)

Comme prévu, pile à l’heure, les français de GOJIRA ouvrent les hostilités. Ils ne disposent que de 30 mn et 6 chansons pour convaincre. Pari qu’à moitié réussi en ce qui me concerne. Je dois préciser que je connais assez mal le groupe et cette prestation, bien que sérieuse et professionnelle, ne m’a pas convaincue. Le son était assez moyen, la batterie dominait les autres instruments et les guitares délivraient un magma sonore parfois difficilement identifiable. Les compositions sont assez agressives et le chant hurlé en particulier m’a laissé de marbre. Je me suis rapidement ennuyé malgré les efforts de nos compatriotes. Il était évident qu’ils étaient très heureux d’être là et de pouvoir performer devant un public enthousiaste. J’attends d’écouter le nouvel album, l’enfant sauvage, pour me faire une opinion plus définitive.

Setlist:

Oroborus

The Heaviest Matter of the Universe

Backbone

Flying Whales

L'Enfant Sauvage

Vacuity

THE KILLS (set de 40 mn)

Après 15 minutes de pause, le deuxième groupe monte sur scène. Il s’agit du duo THE KILLS. Et là, c’est le drame, l’erreur de casting. Je ne sais pas qui a choisi le groupe mais son garage rock ne s’adapte pas du tout à l’atmosphère de la soirée. On voit débarquer les deux musiciens accompagnés de 4 percussionnistes pour un set soporifique et à côté de la plaque. Je suis loin d’être un très grand fan de MACHINE HEAD mais au moins nous serions restés dans la même thématique que GOJIRA et METALLICA. Donc se déroule devant nos yeux ébahis une chorégraphie étrange avec ces 4 percussionnistes qui se la jouent tambours du bronx, des gimmicks idiots en plus. Malgré cette forte présence rythmique, THE KILLS utilise une boite à rythmes pour la plupart de ses morceaux. La chanteuse s'époumone pour rien, c’est plat… Ecrasé par l'ennui, je décide donc d’aller me sustenter en attendant la fin du supplice. Un bon gros ratage…

Setlist:

J’ai pas et c’est pas vraiment nécessaire

 

METALLICA (set de 2h00)

L’estomac plein (un gros coup de gueule devant l’organisation pitoyable des stands boisson/nourriture. Il m’a fallu 45 mn pour avoir un pauvre sandwich et une boisson. Les vendeurs sont aux fraises et c’est très mal organisé). On attend avec impatience les 4 Horsemen, le public fait la hola en attendant. METALLICA est en retard. Vers 21h20, les écrans s’illuminent enfin et les images du Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone défilent. C’est parti pour deux heures de show. Le groupe débarque sur un « Hit the Lights »  endiablé et met d’emblée le Stade de France dans sa poche. Les 4 compères semblent très en forme et s’agitent gaiement sur la scène. Au plus grand plaisir des fans, ils enchainent sur un « Master of Puppets »  du plus bel effet. Les fans sont debouts qu’ils soient sur la pelouse ou dans les gradins. Hetfield est très en voix et délivre comme d’habitude une prestation impressionnante. Déception au niveau du son qui reste franchement moyen. Ok c’est un stade à l’acoustique capricieuse mais vus les moyens du groupe, ils auraient pu faire un effort de ce côté-là. Hammett enchaîne les riffs et le soli ravageurs alors qu’Ulrich martyrise ses fûts avec la précision d’un métronome. Trujillo fait le boulot même si parfois il semble être à côté de la plaque au niveau rythmique.

À notre plus grand plaisir, la setlist est construite à partir des albums précédents le Black Album. Seule exception avec « Hell and Back » extrait du récent Beyond Magnetic. Au bout de 30 minutes arrive le moment tant attendu. Un reportage diffusé sur les trois écrans géants nous font revivre l’enregistrement, la sortie et la tournée qui a suivi la sortie de cet album culte. Sympathique avec un bémol cependant. On voir très peu Jason Newsted sur les photos alors qu’il a lui aussi contribué au succès de ce disque. Ce manque de reconnaissance est un peu dommage. Revenons à la musique alors que METALLICA joue la totalité du Black Album en commençant par la fin. Le public reste très attentif et s’époumone joyeusement à l’écoute de ces pépites. L’ambiance reste bon enfant, assez sage pour un concert de métal.

Les chansons du Black Album s’enchainent sans temps morts. Il faut avouer que l’enthousiasme monte avec l’arrivée des classiques « Nothing Else Matters », « The Unforgiven » ou encore « Sad But True ». Les écrans géants diffusent tantôt des images des musiciens captés en direct tantôt des montage d’images extraites souvent des clips tournées pour ces différents singles. L’apothéose est atteinte avec un « Enter Sandman » attendu par tous. Le public se réveille un peu et donne de plus en plus de la voix. METALLICA en profite pour faire participer le public et Hetfield assure le show avec grande classe. 22h50 et c’est l’heure des rappels. Nous serons gâtés avec trois brûlots : les tranchants « Battery » et « Seek & Destroy » et le superbe « One ». METALLICA fini de coller une claque monstrueuse aux milliers de fans réunis et conclut ainsi une très bonne prestation. Le professionnalisme des 4 américains est remarquable et impose le respect. 

Il est temps de quitter le Stade de France avec un grand sourire, heureux de cette soirée métal. Je finirai quand même sur deux bémols : la qualité du son j’en ai déjà parlé et puis la scénographie. Ok c’est un concert métal mais nos amis ne se sont quand même pas foulés. Les lumières et images sur les écrans sont sympathique mais METALLICA dispose de très gros moyens. Pourtant ils paraissent un peu ridicules avec les quelques feux d’artifice ou la petite pyrotechnie utilisée. Au début de « One » pour simuler les bruits de bataille de l’introduction, des pétards explosent sur scène. C’est assez mal fait et l’effet parait cheap. 2 nacelles sont installées de chaque côté de la scène avec des feux d’artifice et des chalumeaux. Aucun habillage de ces structures, ce n’est pas sérieux. Cela s’arrange sur « One » avec un jeu de lumières et de lasers assez réussi mais c’est tout. Le résultat fait pauvre par rapport à la concurrence. Il suffit de citer RAMMSTEIN pour se rendre compte de la différence. Cela n’enlève rien à la qualité du groupe et de sa prestation mais on aurait pu s’attendre à plus de la part d’un groupe de ce calibre.

Setlist:

The Ecstasy of Gold (Intro Ennio Morricone)

Hit the Lights

Master of Puppets

No Remorse

For Whom the Bell Tolls

Hell and Back

 

The Black Album

The Struggle Within

My Friend of Misery

The God That Failed

Of Wolf and Man

Nothing Else Matters

Through the Never

Don't Tread on Me

Wherever I May Roam

The Unforgiven

Drum Solo (Lars Ulrich)

Holier Than Thou

Sad But True

Bass Solo (Robert Trujillo)

Enter Sandman

 

Encore:

Battery

One

Seek & Destroy

H.e.a.t. – Address The Nation

Voici bel et bien un OVNI. Musical s'entend. Pourtant H.e.a.t. était déjà connu pour être un des gros calibres du hard rock mélodique contemporain, d'abord grâce son morceau « 1000 Miles » candidatant pour l'Eurovision, puis grâce à deux disques d'excellentes tenues, l'éponyme H.E.A.T. (2008), et surtout Freedom Rock (2010). Ces deux disques avaient permis au groupe de démontrer des qualités de compositions indéniables, allant au-delà d'une réussite ponctuelle.

Toutefois, l'ascension du combo suédois avait été stoppée par le départ du chanteur Kenny Leckremo, peu de temps après la sortie de Freedom Rock. Étant donné le rôle du chant dans la musique du groupe et la personnalité de Leckremo qui apportait un cachet original à un hard FM somme toute très classique, il y avait lieu d'être inquiet. Surtout lorsqu'on apprit le recrutement rapide par le groupe du jeune Erik Grönwall. Vainqueur en 2009 du télé-crochet suédois Swedish Idol, Grönwall semblait bien éloigné des sentiers musicaux de Heat. même si les observateurs avisés avaient déjà remarqué qu'il brillait particulièrement sur des reprises qu'on n'imagine jamais entendre à la télévision française. 

Un nouveau venu brillantissime

À l'écoute de ce Address The Nation, on constatera que rarement choix fut aussi judicieux : Erik Grönwall y est tout simplement exceptionnel. Sorte de croisement entre Sebastian Bach, Terry Brock et Joey Tempest, le jeune chanteur affiche une technique impeccable alliée à une grande puissance vocale et à une versatilité à toute épreuve qui lui permet de passer du hard rock épique (« Breaking The Silence ») à la ballade raffinée (« The One And Only ») jusqu'à la pop rock intelligente (« Downtown »), et à chaque fois en se montrant brillantissime.

Transcendé par son nouveau chanteur, le groupe a composé un album plutôt court, de 42 minutes – soit le format des disques des années 80 – mais contenant dix titres totalement incontournables. Parlons franchement : sorti au milieu des années 80, Address The Nation, se serait logé sans aucun problème entre Slippery When Wet de Bon Jovi, Everybody's Crazy de Michael Bolton et The Final Countdown de Europe. Il n'y aucun temps mort sur le disque de Heat du fait de morceaux qui ont quasiment tous la potentialité d'être des hits. À vrai dire, on peut imaginer qu'il dut être bien difficile pour le groupe de choisir « Living On The Run » comme single plutôt que le formidable « Breaking The Silence », que le  groovy « I Need Her » ou que la ballade « defleppardienne » au possible qu'est « The One And Only », sur laquelle plane évidemment l'ombre de « Love Bites ».

Totalement maîtrisé

On aurait même pu imaginer aussi d'utiliser un titre plus AOR comme « In And Out Of Troube » sur lequel l'utisation d'un saxophone, se mêlant intellilgement avec les guitares pour des parties solo de haut vol, rappellera aux connaisseurs le meilleur Eddie Money. Les sonorités plus synthétiques et atmosphériques de la dernière chanson, renvoyant sur certains points à Alan Parsons Project, permettent de clore le disque sur une teinte musicale légèrement différente, sans non plus rompre avec la qualité globale. En effet,  « Downtown » est assurément extrêmement réussi, notamment en proposant des paroles moins légères que sur les titres précédents. La versalité de Heat sur ce disque apparaît donc totalement maîtrisée et laisse en outre entrapercevoir des possibilités d'évolution réelles pour la suite. Comme la concision du propos s'associe à la variété et à l'inspiration, il n'y a rien à redire sur ces 42 minutes.

Cette versalité ne signifie par pour autant l'éclectisme : le hard rock mélodique de Heat est typiquement issu des années 80 et se refuse obstinément à toute influence autre, ce qui fera grincer des dents les suiveurs de mode musicale. Mais on ne peut que tomber admiratif devant cette fidélité revendiquée à un héritage musical très décrié de nos jours. Et quand cette fidélité s'allie avec une inspiration et une fougue totalement juvénile, avec la volonté de ceux qui ont tout à montrer sans aucune vergogne, on tient finalement un OVNI musical totalement jouissiff. Heat vient sans doute de produire un des tout premiers chefs d'œuvre du Hard mélodique depuis vingt ans. Enfin ! 

Baptiste (10/10)

 

Site Officiel

Ear music – Sony Music / 2012

Tracklist (42:24) : 01. Breaking The Silence (04:50) 02. Living On The Run (04:55) 03. Falling Down (03:33) 04. The One And Only (05:07) 05. Better Off Alone (04:00) 06. In And Out Of Trouble (4:55) 07. Need Her (03:56) 08. Heartbreaker (03:05) 09. It's All About Tonight  (03:34) 10. Downtown (4:h33)