Archive for mai, 2012

Accept – Stalingrad

Accept nouvelle formule fait partie des groupes qui font mentir les sombres prophéties des déclinologues professionnels : au bout de trente ans de carrière et après avoir perdu son chanteur emblématique, Udo Dirkschneider, on peut toujours proposer des disques de haute tenue. À l'annonce du refus d'Udo de rejoindre le groupe pour une nouvelle reformation, on avait pourtant tout lieu d'être inquiet et d'envisager à l'avance une décapilotade pathétique. Il n'en fut rien. Et l'on pouvait s'en douter en fait.

Car les bons connaisseurs du groupe savaient déjà que le groupe délesté d'Udo pouvait déjà proposer de très bonnes choses, comme en témoignait un Eat The Heat (1989) sous-estimé car trop américain. Pourtant, bien qu'un peu aseptisé, ce disque de très bonne qualité démontrait bien que les capitaines à bord d'Accept étaient Wolf Hoffmann à la guitare et Peter Baltes à la basse (et au chant sur quelques ballades) et que les capacités de composition reposaient uniquement sur eux. Pour l'Accept reformé en 2009, il suffisait juste de trouver le bon chanteur ; ce fut fait avec la découverte de l'excellent Mark Tornillo. La qualité de Blood Of The Nations en surprit plus d'un mais elle n'avait rien d'invraisemblable. 

Peu de surprises

Ce Stalingrad surprendra moins donc évidemment, et ce d'autant plus que l'on retrouve toujours à la production l'excellent Andy Sneap qui a encore effectué un travail remarquable au niveau du son. La qualité musicale est ainsi globament au rendez-vous bien qu'elle soit légèrement en-deça de celle de Blood Of The Nations. La faute peut-être à une certaine précipitation rare de nos jours puisque seuls deux ans séparent les deux disques d'Accept. Il est parfois bon de battre le fer quand il est chaud, mais il est aussi nécessaire de le laisser reposer un petit peu. Malgré des atouts réels qui le rendent ponctuellement supérieur à son prédécesseur, ce Stalingrad recèle en fait quelques titres un peu faciles tels « Twist Of Fate » ou « Against The World ». Les facilités peuvent même être dénichées au sein d'un titre globalement de qualité comme ce « Hung, Drawn And Quartered », effectivement très puissant mais souffrant d'un refrain un peu banal. 

Toutefois les points forts du disque sont indiscutables. En tout premier lieu, le titre éponyme « Stalingrad » qui deviendra assurément un futur classique tant pour ses parties solos que pour ses riffs entêtants. Le clou de ce morceau traitant de la fameuse bataille qui fit basculer l'issue de la Deuxième guerre mondiale est évidemment la reprise de l'hymne soviétique qui – j'en suis sûr et certain – non seulement deviendra un must en concert, notamment en Russie, mais incitera le Hamster a fait frombir de nouveau le vieux T34 qu'il garde dans son garage. Cependant ce Stalingrad ne se résume pas à ce titre mais contient un certain nombre de brûlots mémorables comme « Hellfire » et son break qui dévoile une partie des capacités vocales de Mark Tornillo que l'on ne pouvait que deviner jusqu'ici.

Un aspect parfois plus mélodique

Explorer les perspectives d'un chant à certains moments plus mélodique pourrait d'ailleurs être une piste pour une nouvel album, tant Tornillo semble capable de varier sa voix bien plus que ne le pouvait le brave Udo. « Shadow Soldiers » est justement une chanson nettement plus mélodique que ce à quoi nous avait habitué le groupe dernièrement et sa qualité est elle aussi indéniable. Revoir Accept se réimprégner de l'atmosphère d'un Metal Heart ou d'un Balls To The Walls et non plus exclusivement des moments les plus rapides de Restless And Wild est très plaisant. C'est cette double facette du groupe qui m'a toujours plu et que l'on retrouve donc ici mieux représentée.

Cet aspect plus mélodique explique peut-être l'inspiration de Wolf Hoffmann sur l'entièreté du disque : chacune de ses interventions est un régal, tant en rythmique que lors de thèmes mélodiques du meilleur effet (« Stalingrad », « The Galley ») ou lors de solos imparables. On ne l'avait pas entendu aussi bien jouer depuis Metal Heart. Et comme il a ici beaucoup d'espace pour s'exprimer, glissant même un final instrumental et mélodique sur « The Galley », il n'y a qu'à se réjouir. Espérons que cela incitera à reconnaître ses qualités de solistes car l'homme est selon moi très largement sous-estimé. Rien que pour écouter Hoffmann jouer de la sorte, ce Stalingrad mérite le détour. Mais il y a bien d'autres raisons de ne pas faire l'impasse sur un disque de très bonne tenue. 

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

Nuclear Blast / 2012

Tracklist : (56:29) 1. Hung, Drawn and Quartered (4:35) 2. Stalingrad (5:59) 3. Hellfire (6:07) 4. Flash to Bang Time (4:06) 5. Shadow Soldiers (5:47) 6. Revolution (4:08) 7. Against the World (3:36) 8. Twist of Fate (5:30) 9. The Quick and the Dead (4:25) 10. Never Forget (4:52) 11. The Galley (7:21)

Sin And Death – Engrenage

Sin And Death est un sympathique et pugnace groupe parisien venant se faire une place dans le monde du dark metal. Il nous présente son premier album autoproduit fin 2011, après avoir passé ses premières années d'existence à produire deux EPs et à transpirer en live (depuis 2003 tout de même, date de sa création).

Le dark metal proposé ici est clairement influencé par le symphonique et le death, mélange ici plutôt harmonieux.

Neuf titres seront proposés sur la galette, dont les trois quarts en français, compréhensible etn plus bien écrit! Les paroles distilleront une ironie et un second degré agréables se jouant de la thématique classique du style musical: la folie, et le mal (à prononcer avec une voie gutturale). Les thèmes seront ainsi l'introspection, le passage vers la folie et le rapport à ce mal.

Le livret, par ailleurs sobre et élégant, propose un lot de clichés, offrant des scènes jouées par les membres du groupe et en accord avec les paroles. Cédric Auffret, également auteur des textes, fera vibrer les titres de sa voix bien travaillée. Au fil des morceaux, il la fera en outre évoluer, nous faisant une belle démonstration technique, en même temps que les musiques se feront de plus en plus sombres. Réussi!

Venons en aux instruments. Les guitares de Louis Bétolaud et Olivier Rougnon forment un atout puissant et agressif qui convient très bien au style. Entre riffs virils et envolées maîtrisées, on regrettera juste le fait qu'elles soient un poil trop mises au second plan. Benoit Dinocourt à la basse et Etienne Brondel à la batterie donneront cette tessiture oppressante à souhait. Karelle Siellez offrira de beaux passages au piano comme dans "Amen" et "Danse avec moi". D'autres passages au Glockenspiel proposent de courtes séries de notes répétées. Elles seront par moment un peu trop présentes et auraient gagné à être plus discrètes ou plus complexes.

L'ambiance se veut sombre et oppressante, avec des déroulés musicaux puissants. Mais comme tout est plutôt bien maîtrisé, avec toujours ce petit clin d'oeil que vous font les musiciens, l'écoute est donc agréable. L'album est donc une bonne surprise, surtout pour un premier essai. Seront surtout à retenir "Machine", "Amen", et "Let's Taste Chaos".

Comme précisé plus haut, l'album est autoproduit au studio The Lab par Zoé (HERRSCHAFT, THE CNK, tout de même), et le groupe cherche donc un label et de quoi assurer une tournée à la hauteur du lancement de cette galette. Faites vous une idée car un tiers des titres peut être écouté sur leur site MySpace. En tout cas, cette sortie mérite un encouragement.

 

[07/10] Meliadus

 

Site Officiel : www.facebook.com/sinanddeath

MySpace Officiel : www.myspace.com/sinanddeath

 

2012, autoproduction

Tracklist (44 min) 01. Machine 02. Connaissance 03. There Will Be Blood 04. Amen 05. Aussi Loin Que Je Me Souvienne 06. Let's Taste Chaos 07. Nuit Du Mal 08. Danse Avec Moi 09. Vers La Lumière

 

Allegaeon – Formshifter

À vrai dire, j’avais été dur avec Allegaeon il y a deux ans, lorsque leur premier album était tombé dans les bacs, la faute surtout à leur potentiel et à l’éclaboussante maîtrise instrumentale dont ils faisaient preuve. En bref, j’avais été trop exigeant vis-à-vis de ce jeune groupe qui venait à peine de percer, m’attendant déjà à recevoir un chef d’œuvre unique dans les dents et me retrouvant, au final, avec un album correct, mais sans plus. Deux ans plus tard, Allegaeon revient avec son deuxième effort, et la marge de progression est pour le moins surprenante.

Là où certains groupes vivotent pendant des années sans espoir de percer, faute de compos suffisamment efficaces, Allegaeon nous pond ici un album redoutable où la brutalité et la technique s’allient à merveille. Allegaeon décolle le revêtement des murs à grands coups de double qui déboîte et de riffs en béton, mais avec une finesse certaine, comme un All Black en tutu noir qui ferait des entrechats sur les boyaux encore fumants de sa dernière victime. Au niveau mélodique, les gratteux s’en donnent à cœur joie, certaines parties en twin lead collent vraiment la chair de poule. Ces mecs doivent avoir 15 doigts à chaque main pour pouvoir jouer autant de notes. Et ce passage en acoustique, bon sang ! En outre, le reste du line-up n’est pas en reste, avec une mention spéciale pour ce batteur au jeu à la fois brutal et fin, le tout servi à merveille par une production aux petits oignons : pas trop forte, ni trop étouffée, bien claire comme il le faut et, surtout, bien équilibrée. Chaque instrument garde suffisamment d’espace pour pouvoir s’exprimer pleinement. Seule légère ombre au tableau : le chanteur, dont la prestation, sans être mauvaise (loin de là) manque quelque peu de variation. D’accord, le bougre a un beau brin de voix, mais un registre un peu plus varié aurait peut-être été plus efficace.

Allegaeon est, à mes yeux, une passerelle parfaite entre le Death mélo à outrance et le Modern Death bien burné, une porte entre deux univers. Si vous aimez l’un de ces deux genres tout en étant réfractaire à l’autre, tentez l’expérience Formshifter. Qui sait, avec un peu de chance, vous apprendrez à aimer ce qui se passe de l’autre côté du pont…

[8,5/10] Mister Patate

Site officiel : xxx
Myspace officiel : www.myspace.com/allegaeon

Metal Blade Records – 2012
1. Behold (God I Am) 2. Tartessos: The Hidden Xenocryst 3. A Path Disclosed 4. Iconic Images 5. Twelve 6. The Azrael Trigger 7. From the Stars Death Came 8. Timeline Dissonance 9. Formshifter 10. Secrets of the Sequence